Premier Voyage : 23/03/2016 Missives : 161 Pseudo : RUINS Occupation : chat, chose sous couverture, à la lame aiguisée de l'assassin, au sourire carnassier du maître chanteur, à la main tendue vers son propriétaire ; enchaîné à Carabas Localisation : à déambuler entre les couloirs de la demeure Carabas
Sujet: he'll take your soul then eat your head ◈ jack Mer 30 Mar - 21:24
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Oiseau de mauvaise augure aux plumes carbonisées. Piaf de malheur dissimulé dans le ventre d'une colombe. Affreux penseur qui se traîne dans les couloirs infinis qui parsèment cette demeure aux mille portes étrangères. Secouant encore un peu la neige fine disposée sur sa cape épaisse, l'étranger suit sans faire de remarques le petit être qui a oublié la lourdeur du sol pour mieux se concentrer sur la délicatesse de l'air. Sourcils froncés, il la dévisage durant quelques secondes, prenant malin plaisir à comprendre la façon dont elle se déplace avec une jupe pourtant si grosse. Sur ses épaules tombent à la perfection des bouclettes dorées et de ses doigts, il ne voit que des aiguilles piquantes vers lesquelles il ne voudrait encore se frotter. L'intérieur de sa joue pincée, le missionnaire prend une inspiration pour se faire aux effluves épicées qui traversent les pierres rêches. Dans ce labyrinthe décoré d'étoffes soyeuses se dissimule l'objet de ses désirs, de ses interrogations entre autres. Un moyen, non pas semblable à une pulsion, plutôt une réflexion vers laquelle il s'est tournée des jours durant, amassant assez d'informations pour se donner la peine de venir à dos de canasson. Le tueur de géant aux multiples facettes a fait de ses terres la pire et la plus fastidieuse plantation connue, ou du moins, celle qui l'intéresse le plus. De quoi prendre une magie, vendre un peu de rêve aux désillusionnés qui, harassés par la réalité, s'endorment quelques heures le temps d'une contamination le long de leur esprit. Esprit s'envolant, partant au-delà de toute limite, malgré la faim ou la bataille, malgré le quotidien difficile au champ ou à se briser les os sous une surveillance de lieu. Distributeur de bonheur, d'oubli dans un registre bien plus poétique, si typique des bardes qui ne recherchent la vérité qu'à travers des tournures alambiquées. D'un geste gracieux, elle lui donne accès à la cachette du botaniste qui, de dos à l'ouverture, se confond dans la fumée et les crépitements qui viennent de plusieurs tables disposées de gauche à droite, il n'aurait même pas été étonnant que certaines se trouvent au plafond ; puisque de triste illusionniste il n'y en a qu'un.
D'un hochement de tête poli, Lev remercie son accompagnatrice qui s'évanouit aussitôt quelques mètres plus loin, laissant les affaires là où elles sont, sans doute loin de ses pensées plus douces que les siennes. Raclant le fond de sa gorge, un sourire se dessine sur ses lippes gercées par le temps, ses joues rougies perdent progressivement de leur teinte si criarde et sans plus de cérémonies, il fait quelques pas, ajoutant par la même occasion d'un ton amical. « Le glorieux Jack. » Le combattant victorieux d'un trésor qu'il dissimule entre ses viscères. Le mouflet ayant touché à l'âge adulte bien trop vite, celui dont les doigts n'arrivent plus à sécher de ce sang bien trop versé. Que pourrait-il gagner à pactiser avec un petit seigneur ? Rien sans doute, si ce n'est un peu plus d'occupations, de songes, sans rien lui offrir ; puisque la canaille a déjà tout, jusqu'à la possibilité d'écraser sans laisser de traces. Curieux de sa dégaine, il n'a d'image de lui qu'une masse chevelue fort bien entretenue pour un homme si soucieux de la débauche. « Et il vaut mieux que j'arrête les éloges ici, puisque vous avez sans doute entendu ces formulations bien trop de fois. » Trop pour une seule personne, si bien qu'elle s'enlise dedans et oublie qui dit la vérité, lui ou elle, ou eux, ou le reflet dans la flaque. Il se traîne jusqu'au rebord de la table en fouillis dévorée par les ustensiles en bois ou en verre, tombe enfin sur les traits tant attendus. Il s'est retourné, a dégagé le rideau grisâtre pour dévoiler d'immenses perles océaniques pétillantes, de cette étincelle que seuls les dégénérés peuvent se vanter d'avoir. D'une idée, d'un espoir, ou dans cette mesure d'une éventuelle excitation d'une possible négociation. « Lev Claws, conseiller de Tremor de Carabas. Je suis là pour - » Un temps, un petit rire de gorge fait gigoter ses cordes vocales. « Ai-je vraiment besoin de justifier ma présence ici ? Quand bien même vos plantes rendent quelques-uns de vos clients dans des états pitoyables, vous n'avez pas l'air d'être tombé si bas. Je me trompe ? » A deux égaux, dans des limbes là où seul un spectre peut en reconnaître un autre.
Jack of Greenstalk
the light does not wax and wane
Premier Voyage : 26/03/2016 Missives : 111 Pseudo : Plum' Occupation : escroc à la main verte, trafiquant d'herbes tendres, amateur de bourses pleines et d'écus gagnés dans l'ombre. Tout en remplissant les stocks du pays en produits de la terre, Jack est à la tête de son propre marché noir, là où passent drogues magiques et autres plantes hallucinogènes. Localisation : Aux alentours de Valgoràth, au-milieu de ses plantations.
Sujet: Re: he'll take your soul then eat your head ◈ jack Ven 1 Avr - 16:38
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De jour en nuit, de nuit en jour, Jack se laissait aller dans une vaste période créative bien connue de quiconque vivait au château depuis le début de ses affaires ombragées. Les recettes peuplaient son esprit comme un homme de science voué à sa cause, et c'était d'une méticulosité et d'une méthode égale à ses pairs qu'il parvenait à créer ses concoctions spécifiques. On pouvait lui reprocher énormément de choses, d'attitudes, de faux-pas et de débauche, mais jamais, ô grand jamais l'on pouvait le targuer de fainéant quand il s'agissait de son atelier. Peu de personnes, si ce n'était sa chère Eli, y avait accès... Son antre restait une des seules pièces du château qu'il considérait comme sacré.
Au dessus de son breuvage incommodant, le seigneur profitait de l'instant pour inspirer les vapeurs particulières émanant d'une mélange de plantes grimpantes macérées dans du vin rouge pendant deux lunes entières. L'odeur était insupportable pour certains tandis que pour d'autres, une simple gorgée leur procurait des sensations qu'ils avaient en vain tenter de retrouver ailleurs... sans succès. Les élixirs de Jack étaient sans nuls autre pareils, pour ceux qui savaient les apprécier et les payer au prix fort.
Une voix cependant résonna dans son dos, coupant court à cet échange unique. La fumée cessa de tapisser ses poumons avec déplaisir. A l'instar d'un élan de chair tendre se rencontrant, et interrompu de la plus grotesque des façons. « Le glorieux Jack. » Un temps passa, une fraction de seconde, tandis que le bien nommé reposa la fiole de liquide verdâtre fumant sur le plan de travail. Il s'en saisit d'une autre, d'un rouge outrageux, ne cessant pas son devoir pour la simple venue d'un inconnu dans son domaine. Bon sang, Eli n'avait-elle pas compris qu'il ne voulait recevoir personne ici ? Il devrait sans doute avoir une discussion avec elle. A nouveau. « N'en faites pas tant, vous pourriez sonner faux, ce serait regrettable... », répondit-il simplement, emprunt de son ironie si tendre à son cœur, les yeux rivés sur les quelques gouttes carmines rejoignant la forêt du premier récipient. Il n'accorda pas un regard à ce fameux conseiller, même si lui vint près de l'ancien paysan. Sa concentration était si forte qu'il n'avait aucune envie de la rompre pour un énième visiteur. Il l'écoutait, cependant, et il ne put s'empêcher de froncer légèrement les sourcils à la fin de sa tirade. « Je n'ai pas pour habitude de laisser le premier venu verser son fiel sur mes potions sans en connaître la raison. » Sa voix était celle d'un homme privé de sommeil, alimenté par la rugosité des heures passées enfermé, à cogiter sans cesse. « Aussi, dites-moi ce que vous voulez, et vite, je ne suis pas - »à votre disposition. Cependant, la phrase resta en l'air alors qu'il se redressait pour finalement confronter le regard de l'intrus. Un regard... étonnant, qui le fit tiquer quelques secondes. Il était persuadé de n'avoir jamais eu affaire avec cet homme, fusse-t-il au service de Carabas. « Tiens donc... » Un sourire naquit sur ses lèvres, déridant les traits fatigués. Une lumière nouvelle l'éclairait, portée par la malice et le reflet des vases de cuivre sur sa peau tannée. « J'ignorais que ce cher marquis avait renfloué ses rangs de jeunes hommes dans la fleur de l'âge, plus prompt à servir de page qu'à manier l'épée. Intéressant. » Jack n'était pas homme à se laisser impressionner par le beau verbe, au contraire, il aimait en jouer et se faire compétiteur des mots. A qui d'eux deux s'établirait la récompense d'une victoire, il mourrait d'envie de le savoir.
Lev Claws
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Premier Voyage : 23/03/2016 Missives : 161 Pseudo : RUINS Occupation : chat, chose sous couverture, à la lame aiguisée de l'assassin, au sourire carnassier du maître chanteur, à la main tendue vers son propriétaire ; enchaîné à Carabas Localisation : à déambuler entre les couloirs de la demeure Carabas
Sujet: Re: he'll take your soul then eat your head ◈ jack Ven 1 Avr - 21:07
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Deux nuances qui se confondent. Deux différences qui tissent des chemins reliés intimement. Ils sont de ces mortels qui tirent sur la corde jusqu'à ce qu'elle arrive à son bout, qui profitent de la plus ridicule faille pour s'y engouffrer et ronger la moelle déjà bien infectée. Des soupirs écoutés, Lev n'en a retenu que quelques bribes qu'il triture de ses doigts griffus, attendant le moment propice pour jouer ses cartes ombragées. De son histoire, il n'en sait que les grandes lignes. De son présent, il a déjà exploré ce qu'il voulait savoir, tournant les pages de ce livre contenant bien trop d'informations. Cultivateur aux pouvoirs profiteurs, aucun animal ne saurait lui convenir tant son unicité le rend terriblement humain. Dans son timbre se glissent des notes graves, quoique tremblantes et sa pauvre ironie lui offre de quoi s'enraciner un peu plus dans le laboratoire de malheur. Sans même attendre quelconque accord de sa part, il attrape une chaise qu'il dispose devant cette grande table. Une fois assis, ses prunelles charbons s'attardent sur ce qui se trouve dessus. Des godets, des flaques inquiétantes, des feuilles qui volettent, pleines d'une écriture qu'il n'arrive pas à déchiffrer sans réellement y réfléchir, de la poudre verdâtre qui s'imprime sur les phalanges. Processus créatif, aucun bon voyageur ne s'arrête dans sa performance, peu importe le nombre de citoyens qui montent sur sa scène, à essayer de tout gâcher. Il faut continuer, lancer le feu jusqu'à ce qu'un dragon en sorte. Bras croisés sur son torse, un frisson vient secouer son échine ; il attend, attend toujours. Il veut du grand spectacle, du rocambolesque, de quoi le faire se lever de stupeur, de quoi l'amuser. A chaque affaire trouve sa fausseté typique d'une représentation sur pilotis, et malgré les rôles distribués, ils ne cessent de s'échanger à masques lancés.
Tentative pour le désarçonner bien vaine, il voudrait tout de même saluer l'artiste et lancer son chapeau vers sa forme brouillée par les vapeurs montées. Il n'en fait rien et fait pianoter son index, profitant de ce sentiment de perte l'espace de quelques secondes, pour reprendre le flambeau à son tour. « Voyez comme tout change à Mistyland, il est vrai qu'à force de vous enfermer dans votre tour il n'est pas étonnant que vous ne sachiez rien. » Grimace fausse agrémentée d'un haussement d'épaules presque compatissant, ou du moins moqueur pour qui voudra bien voir dans le bon sens. Entrer dans son jeu, taper dans son terrain qu'il connaît très bien est sans doute, le meilleur dialogue à avoir en sa compagnie. Non besoin de l'avoir côtoyé des lunes entières pour s'en douter, aussi visible qu'un nez sur la figure, Jack de Greenstalk n'a certainement pas envie de parures pour se faire enjoliver. « Mais qui suis-je après tout pour vous blâmer ? Peu d'artisans donnent autant de... » Il s’interrompt, jusqu'à trouver inspiration. « Coeur ! Oui, de coeur dans leur art. Et quel art... » A pauvre soupir, un gloussement se fait la malle jusqu'à se frayer un digne chemin hors de sa bouche, il vient chatouiller délicatement l'air jusqu'à s'étouffer dans sa propre liberté. Tapotant du pied gauche sur le parquet grinçant, il s'intime un autre pauvre moment de réflexion. Sa mine revêt peu à peu celle d'un sérieux si typique de ces rondes où les mâles se disputent un bout de viande. Clébards, bâtards à la botte d'une entité bien plus grande, ils ont pour but de parasiter. S'insinuer, arracher jusqu'à ce que plus rien ne reste. Sauf eux, condamnés à se dévorer, suspendus entre des néants. « Un petit oiseau m'a chanté bien des sérénades à votre sujet. » Chant faux, chant de pagaille parsemé de vérités diverses. Encore maintenant, il se surprend à démêler la bobine du revendeur. « Elles parlaient d'un marchand aux herbes miraculeuses, d'un seigneur à la main verte, vantard et sans scrupules tant ses champs lui importaient, que ses petites fleurs ouvraient des portails vers des mondes singuliers. Dites-moi, sont-elles vraies ces sérénades ? Parce que de seigneur, je n'en vois aucun. »
Jack of Greenstalk
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Premier Voyage : 26/03/2016 Missives : 111 Pseudo : Plum' Occupation : escroc à la main verte, trafiquant d'herbes tendres, amateur de bourses pleines et d'écus gagnés dans l'ombre. Tout en remplissant les stocks du pays en produits de la terre, Jack est à la tête de son propre marché noir, là où passent drogues magiques et autres plantes hallucinogènes. Localisation : Aux alentours de Valgoràth, au-milieu de ses plantations.
Sujet: Re: he'll take your soul then eat your head ◈ jack Dim 3 Avr - 19:30
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Bien que son ego agisse sur son esprit comme une sorte de marionnettiste, Jack n'avait que faire des louanges d'âmes de passage. Au début pourtant, lorsqu'il avait mis les pieds sur les premières pierres battues de son château, lorsque ses premières récoltes furent couronnées de succès, il s'était laissé grisé par les mots doux qu'on lui portait. Son innocence était encore tangible. Mais aujourd'hui... aujourd'hui, l'on pouvait le targuer de maître des plantes, le fond de son cœur était tapissé de lassitude. Une dangereuse, vénéneuse lassitude. Tout au plus souriait-il, bien que quiconque le connaissait savait déceler l'amertume qui gisait sur ses lèvres étirées. Non... Le seul et unique mérite qu'il s'autorisait à apprécier se laissait languir entre les lippes des autres, ou dans un bras marqués de piqûres. Alors que les pupilles se dilataient, que les râles de plaisir se plaquaient contre les murs, que le pétillement des regards se faisait plus vif au fur et à mesure que l'argent s’échangeaient contre un précieux flacon... Là, à cet instant précis, Jack se sentait véritable. Légitime. Et vivant. Aussi, il n'écouta que d'une vague oreille l'autre homme qui s'installait comme bon lui semblait au sein de l'atelier. Il continuait à le jauger d'une paire d'yeux sans expression, un fantôme de sourire enfumé planté sur le visage. Un vague ricanement se laissa pourtant entendre : « Si tout les maîtres de la terre y mettaient autant de passion que moi, je ne servirai malheureusement plus à grand-chose aux yeux de notre bon Roi. Qu'ils se laissent donc aller à leur paresse, elle favorise mon don. » La plaisanterie tomba alors qu'il prit le récipient et termina de le refermer. Ce breuvage était destiné à un notable de Valgoràth, dont la perte d'une partie de sa fortune l'avait précipité dans une dépression sans nom. Contre quelques deniers, il s'offrait une poignée de rêves grâce au maître des haricots qui lui prenait le peu qu'il lui restait, profitant de sa seule et unique ressource. Jack le créateur d'illusions faisait parfois, aussi, preuve d'un cœur plus cruel qu'il n'y paraissait. Alors que l'invité en provenance des terres de Carabas continuait de lui parler, son attention était de nouveau fixée sur sa commande imminente qu'il devrait remettre le lendemain matin. Portant l'objet à la lumière, prunelles bleutées se perdirent quelques instants entre verre, vert, et rouge, bougeant dans l'espace réduit qui conduirait vers d'intrépides merveilles. « Je vous rassure, tout ces chants disent la vérité. Et encore... je trouve votre oiseau bien élogieux à mon sujet. Certains rapaces n'hésitent pas à répandre des rumeurs bien moins belles. Je me demande si de chant d'un oiseau, ce ne serait pas plutôt un bruit de couloir qui aurait atterrit dans vos oreilles... Il n'y a guère que dans la bouche des initiés, bien soucieux de garder leurs secrets mais incapable de résister, que cette réputation résonne. »
Il déposa le flacon, le considéra un instant. Le travail était terminé, le semblant de magie opérerait de lui-même dans l'organisme. Puis l'oublia, l'espace d'un instant, pour finalement tourner une dernière fois sa tête vers ce Lev Claws. Ses iris pénétraient les siennes d'une remarquable manière. Son visage entier respirait l'ailleurs, et peut-être était-ce pour cela que Jack ne l'avait pas congédier immédiatement. « Quant au Marquis... Qu'a-t-il autant besoin de fuir, pour demander ainsi mes services ? Ne sait-il pas que lorsqu'on y goûte... il est impossible de revenir en arrière ? » Un nouveau rire. Il prit, lui, assise sur son propre plan de travail. Avant de laisser glisser de son sourire une remarque insidieuse, son regard en confrontation avec cet homme d'autres lieux. « A moins... que vous ne veniez pour votre propre compte, monsieur le conseiller ? » Ce ne serait ni le premier, ni le dernier. L'on invoquait souvent de fallacieux prétextes pour parvenir à lâcher-prise.
Lev Claws
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Sujet: Re: he'll take your soul then eat your head ◈ jack Dim 3 Avr - 21:26
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De par sa nature inconstante, l'homme l'impressionne, le subjugue. Semblables à des papillons disposés sous une fine couche de verre, ils continuent tout de même de faire voleter leurs pauvres ailes atrophiées. Ridicules insectes agissant au nom d'émotions qu'ils connaissent mal, s'enfonçant dans des retords dont ils ont peur ou au contraire, dont ils se fichent éperdument. Ils ont de ces sourires grandiloquents qui prennent la forme d'un morceau de lune éclatant. Ils ont de ces rires vrombissants qui font battre son coeur. Ils ont ces réactions qui ne veulent rien dire pour un animal au bord du précipice, et qui pourtant prennent du sens lorsqu'ils sont sortis d'un mauvais pas. Il apprend, Lev. Il ne cesse d'apprendre au fil des heures qui grattent sur sa chair rosée, il assimile peu à peu ce qu'il faut prendre en compte pour les discerner. Et dans un petit carnet s'écrient les mémoires d'une humanité qui court à sa perte, signé d'une patte féline au regard désabusé. Un chapitre pourrait s'attarder autour de la singularité du maître des lieux, décrivant avec précision la manière si dédaigneuse qu'il a de faire tournoyer un liquide coloré, reprenant mots pour mots ses réponses frétillantes. Pour empêcher ce poisson de repartir à l'eau, il faut lui asséner le coup de grâce, trancher ou assommer, peu importe le moyen tant qu'il arrête de se mouvoir dans les filets. Typiquement monstre coriace, il n'a pas donné sa langue au chat et tire de ses expériences des questions qui se posent. Est-il de ceux qui s'abandonnent ? Est-il de ceux qui fuient leur cocon ? Au moins a-t-il le mérite de lui faire ingérer ces idioties, ce qui est, en soi, tout à fait respectable. A nouveau, il prend ses aises pour trouver réponses à ses propres névroses. Il ne trouve rien, ou du moins peu de choses. Toutefois, un seul fait vient lui sauter à la gueule. S'il n'est pas capable d'une fuite pareille, pourquoi a-t-il endossé le rôle d'un être qu'il n'est pas ? Reniant de fait, tout ce qui le rattachait à son plaisir de feuler ? De sa tare, il n'en ressort que plus présent sur ces terres.
Son interlocuteur a la bienséance de tout enjoliver. Il parle bien pour un homme de son rang, ou du moins, qui fut jadis un paysan qui ne savait guère tourner les pages d'un foutu ouvrage, même bien trop cher pour finir en sa possession. A chaque coup qu'il tente de lui mettre, celui-ci ricoche pour mieux lui retomber au creux de la mâchoire. Le roublard se penche, prend entre ses mains le flacon tenu il y a peu par le faiseur de miracles. Il l'empoigne, détaille au mieux qu'il le peut ce qu'il a pu y mettre dedans, et sans pouvoir y glisser de recette, sa curiosité remplace les véritables ingrédients par des murmures de sorcières. « J'entends votre déception jusqu'ici. Mais, ce n'est pas pour moi que je suis venu, et mon très cher ami se porte comme un charme, donc il se passera lui aussi de vos services. » Il n'est pas faible, Tremor. Il n'est pas de ceux qui ont irrémédiablement besoin de leur drogue pour se sentir mieux. Il pense, certes, mais pas assez pour se poser sur les problèmes secondaires qui hantent, tels des défunts, les nuits d'autrui. Chanceux soit-il de ne plus se faire avoir par ses propres idéaux. Ainsi arrive à se définir sa propre force, qui n'est pas celle de son faire-valoir prenant des chemins jonchés de ronces. Concentré sur l'élu de son intérêt, il repose l'objet avant de se redresser convenablement. Jambes droites tendues sur les planches de bois, ses bras se croisent sur son torse. « Vos infâmes mixtures nous intéressent, presque autant que ce que vous faites pousser dans vos champs. Et je sais, ô combien vous êtes dur à amadouer. » Cadavre au titre glorieux qui se fait tirer par des chaînes accrochées au plafond, il n'est que le résultat d'une évolution, d'un désenchantement qu'il accepte comme grandiose malédiction. « Que diriez-vous d'une entente ? Hm ? Les terres de Carabas sont fertiles et demandent des mains expertes pour avoir un bon traitement. En connaissant votre magnifique réputation dans les bordels, je suis convaincu que vous en avez les capacités. » Ricanement de rat à la rage dans les dents, il rattrape son regard au vol, comme d'une clef qu'il ferait tourner dans la mauvaise serrure. « Une partie de vos matières premières, une possibilité d'étendre un peu plus vos récoltes et en contre-partie, quelques bénéfices pour nous, collaborateurs. Et bien sûr, comptez sur ma discrétion pour agrandir votre richesse en continuant de propager votre liquide de désespoir. » Et la plume, prête, s'imbibe d'une encre des anciens.
Jack of Greenstalk
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Sujet: Re: he'll take your soul then eat your head ◈ jack Ven 8 Avr - 14:57
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Il l'observait. Il le regardait, scrutant chaque détail, à la recherche d'un mensonge rôdé, ou d'une parcelle de vérité. Chaque son, chaque syllabe prononcée par l'envoyé de Carabas passait au crible de la méfiance du seigneur à la main verte. Qui, seulement pour l'espace d'un entretien avec l'inconnu, avait oublié la présence constante de ses amies les plantes. Pour une fois qu'il se concentrait sur le tangible, sur la chair présente devant lui, sans avoir l'esprit embrumé de feuilles distillées à on-ne-savait quelle fin... Silencieux, Jack le Bavard s'était réduit à bien peu de paroles, et ce pour la première fois depuis longtemps. Si d'habitude il aurait congédié l'intrus dans autre forme de procès, un flacon d'eau d'orties jeté au visage, cette fois-ci, il prit même le temps de s’asseoir pour l'écouter. Peut-être espérait-il une version nouvelle, des mots étonnants sortant d'une bouche plus propre aux baisers qu'à la négociation. Les traits du conseiller ne le laissaient pas indifférent, bien sûr. Comme tout autre bien formé de n'importe quel badaud au corps beau. Jack n'était pas quelqu'un de foncièrement difficile, tant que l'on acceptait de veiller avec lui la nuit durant, et que l'on réchauffe les places glacées de son lit trop grand. Mais, cependant... Les paroles du jeune homme brisèrent, démones officielles, quelques secondes, les instincts naissants. « Je vous entends, Lev. », prononça-t-il, un brin de tension dans sa voix caverneuse. « Mais je ne vous écoute plus. »
Il se releva, lui tourna le dos et sembla pourtant réfléchir. Il mentirait s'il lui disait que les terres de son ami le marquis ne lui avaient jamais fait de l’œil. Étendues, claires, spacieuses, d'un sol malléable et prêt à être embrassé par la fertilité naturelle... Carabas avait de l'or sous les pieds sans même le savoir. Cependant, il ne pouvait relâcher son attention et accorder sa confiance au moindre passant prétendant le servir, et quitte à conclure ce type d'arrangement, il aurait préféré traiter avec Tremor lui-même. Mais voilà qu'il n'avait sous la main qu'un conseiller qui, en plus de savoir manier le verbe, semblait d'un caractère tout aussi sournois que le sien. « Vous n'êtes pas le premier à me faire ce genre de proposition. Et je ne nie pas son intérêt. », déclara-t-il calmement, d'un ton étrangement posé, de celui qui ponctuait ses phrases à la cour quand il était forcé de s'y rendre. Celui des négociations et des parties de vocabulaire princier. Adossé à la table de travail, bras croisés sur son torse aux poumons encrassés, il baissa les yeux vers l'imposé conseiller, qu'il se devait de recadrer un peu. « Pourtant, pourquoi, moi, maître de mes propres terres et au contrôle constant sur mes plantations, accepterais-je de partager mon précieux bien ? Et pourquoi vous choisirais-je vous, plutôt qu'un autre seigneur aux allures plus honnêtes ? »
Ses mots résonnaient dans l'atelier, tandis qu'il se pencha légèrement sur lui. Son visage craqué d'un sourire, proche d'une oreille couverte de mèches sombres. Murmures intimistes, relevant d'une verve rauque, mais Jack savait qu'ainsi, toute la beauté du secret de l'agriculteur royal serait préservé. Si secret il restait, bien sûr. « Quant à mon affaire relevant d'autres codes de conduite que ceux de notre bon Charming... qui me dit que toute votre parade de séduction à mon égard n'est pas un piège pour dénoncer ces activités en particulier ? » Il se redressa doucement, et un rire léger éclata. L'âpre venin des hommes aux aguets, prêts à tout pour défendre le moindre de leurs intérêts. « Vous savez parler, Claws. Mais convaincre ? Permettez-moi encore d'en douter. »
Lev Claws
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Sujet: Re: he'll take your soul then eat your head ◈ jack Mer 13 Avr - 21:21
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Ils échangent, ils lâchent, ils crachent à visages découverts. Enfin les joueurs craquellent un tant soit peu de leurs ignominies, cherchant au fond de leurs poches de quoi faire taire l'autre aussi rapidement que possible. Malsain à moindre mesure, son adversaire n'a cure de ses jolis mots ; puisque derrière seuls les actes comptent. De la patience, Lev en perd peu à peu et se met à tapoter du pied sur le sol froid de la pièce. Il l'écoute avec toute l'attention qu'il mérite, si tant bien est que son interlocuteur a droit à quelque chose. Il fronce les sourcils, daigne analyser chaque parcelle de mots qui dégoulinent de sa bouche sale d'une fumée crasse. Il n'est pas le premier, il ne sera pas le dernier. Il n'est que dans le milieu de cette longue lignée, attendant sagement derrière sa porte pour venir embrasser à gueule ouverte son marché plus que frauduleux. Ne sont-ils pas taillés dans la même matière pourtant ? De cet air répugnant, mêlé à l'infecte terre qui recueille les morts. De cela, tout être a en commun. Pourtant certains plus que d'autres peuvent se vanter d'avoir un semblant de tissu de rêves ou de cauchemars. Quant à définir clairement ce qui tisse leurs membres, surtout ce seigneur singulier, même le chat ne saurait le dire et préfère de loin s'offrir le bénéfice du doute. Mieux que ce qu'il semble être ? Loin de là. Pire ? Sans aucun doute. De ce qu'il voit, il n'y a que le reflet teigneux de résidus pauvres. D'une revanche pour ceux qui ne peuvent gueuler haut et fort leur haine des bourses bien pleines. De ce paysan qui devint un grand. Bien trop pour un seul homme. Son squelette finira en poussières sous ce trop de peau décharnée.
Rapproche, murmure à son oreille sensible jusqu'à lui tirer un semblant de frisson le long de son dos, s'en mordillant la langue il ne laisse pas pour autant de côté ce rictus à demi-mauvais. Tirer dans le complot, chercher la petite bête pour enlever toute boue étalée sur son visage de glaise. Il essaie de se débarrasser de toute cette couche, jusqu'à quel point encore ? Il laisse le silence s'accaparer du lieu. Puisque faire parole est aisé, apprécier les limbes est une toute autre nouvelle. Il se concentre, de façon inconsciente sur les bruits alentours. Les gouttelettes qui tombent peu à peu le long des ustensiles du maître des plantes, les quelques pas qui claquent au dehors, le vent qui siffle entre ses pores. La respiration. Cette respiration. Sa respiration à lui, qui, pour peu, laisserait glisser un battement de coeur aussi délicat qu'un bruissement d'ailes. Boum. Sous cette carcasse un être gesticule. Il n'a rien d'insurmontable. Loin de se reculer de cette présence, bien au contraire il se décide à en jouer pour mieux confronter les paroles pernicieuses. « Je n'ai aucune preuve ; force est de constater que j'ai tout pour m'attirer votre méfiance. » Fantomatique, il se redresse avec lenteur. Enfin à sa taille il se permet un moment d'égarement, tire de celle-ci une meilleure vision de ce visage marqué par les années. Une barbe mal taillée, des cheveux tombant, des cernes monstrueuses, des yeux aux veines rougies par l'abus de faste. Juste un homme, rongé par des regrets. « C'est plutôt malheureux. » Grimace à peine surjouée, son regard continue à s'imprégner du sien. Baisser ses iris serait perdre face à une entité qui ne vaut finalement pas mieux que lui. Il se le refuse, tant par fierté que par principe. « Que serait le plus fâcheux, Jack, dites-moi ? Que Charming sache pour vos plantations, ou que vos suivants connaissent vos penchants douteux ? » A informations récupérées, à toutes ces faiblesses qu'il ne fait que retourner. Couteau rouillé dans la plaie purulente, il l'enfonce un peu plus jusqu'à toucher l'os et l'infecter de son poison d'araignée. Prenant forme dans ce néant, il se rapproche un peu plus, le coinçant contre sa propre table en glissant ses mains sur ce rebord. « Vous emmener vers le cachot ; je n'aurais rien à y gagner, puisque toutes vos terres seront brûlées. Attiser la haine et le dégoût des hommes admiratifs qui se tiennent en haleine de vos faits et gestes en revanche... » Ricanement de vipère. Tout s'arrête, son horloge prend son temps pour faire tourner les aiguilles. « Non Jack, non je n'ai rien à vous offrir de plus que ma présence et ce que j'ai pu vous dire il y a quelques secondes à peine. » Ses doigts se crispent, sa patience se transforme en une vapeur qui ne fait plus qu'un avec les éléments de ce laboratoire de malheur. Il effleure à peine, touche tout juste Lev. Joue, amuse sa propre galerie en convoquant les plus bas instincts. Lippes qui menacent, désir qui s'écrase. Un instant seulement. Il recule avec nonchalance, séparant le fantasme du moment, fait quelques pas accompagné de son calme olympien. Osant à peine frôler une plante, il ajoute avec une douceur cinglante qui lui est propre. « J'ai peu à vous donner, et bien trop à vous prendre. »
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Sujet: Re: he'll take your soul then eat your head ◈ jack