La neige. Le froid. Des éléments qu’encore il y a peu Scylla ne connaissait pas. Elle n’arrive pas à s’y faire, l’ancienne sirène. Et c’est toute tremblante de froid qu’elle arpente les rues, habillée avec des vêtements peu adaptés au climat rude. C’est qu’elle est pas habituée à parcourir les terres de Mistyland, Scylla, elle préfère de loin les contrées bordées par l’océan. Mais c’est l’attrait du gain qui l’a poussé à faire tout ce chemin jusqu’à Harendell. À sortir de ses sentiers battus. À oser braver le froid et les tempêtes. C’est la fête, les rires et les danses, la joie des voyageurs qui l’ont poussé à venir. Ça et l’argent. Ça et la foule qui est venue en très grand nombre. Un festin pour la croqueuse d’âmes. Combien d’hommes ivres parcourent les rues ? Prêts à sauter sur la première poupée passant à proximité ? Une aubaine pour Scylla, qui vaut tous les voyages du monde. La sirène s’arrête devant un stand où l’on vend des pains chauds. Salive devant l’odeur alléchante qui se dégage de la nourriture. Puis détourne douloureusement le regard devant ce supplice, tandis que son estomac vide la rappelle à l’ordre. Elle n’a pas d’argent, Scylla. Le peu qu’elle avait sur elle, elle l’a utilisé pour voyager jusqu’à Harendell. Alors son estomac va devoir attendre encore un peu. Le temps qu’elle trouve une proie. Ou qu’une âme charitable ne soit réceptive à la détresse qui émane de tous les fibres de son être. Avec un air résigné, la voilà qui parcoure du regard la foule, attendant de captiver le regard de quelqu’un pour l’harponner. Et ne plus jamais le lâcher. Pas tant qu'elle ne sera pas rassasiée.

le vent souffle et les flocons tombent. l'hiver qu'ils soulignent. il connaît cette température peter et tous les habitants de neverland la connaisse - assez présente depuis quelques mois elle souligne le mécontentement du prince. mais la foire d'harendell qu'ils annoncent. l'un des meilleurs moments de l'année. enfants qui courent, parents occupés à acheter des tissus, des aliments.. aucune surveillance pour les marmots. il s'avance pan, flûte cachée sous sa cape, commence à prendre des marques. des stands ici, une rue par-là, des jouets sur sa droite. les odeurs sont diverses, les personnes aussi, tous les rangs sociaux sont mélangés. ça doit être agréable pour les pauvres paysans d'être, pour une fois, à la même hauteur que les nobles. capuchon couvrant sa tête pan s'approche, bouscule quelques passants puis d'un regard furtif il tombe nez à nez avec une demoiselle qu'il connaît plus que bien. ses pas l'emmènent vers elle et une fois dans son dos, sa voix murmure quelques mots. « jolies jambes pour une sirène.. » il est fourbe peter. différent. scylla la belle maintenant humaine, rumeurs sur les sirènes qui désormais ne peuvent plus voir les abysses.

the braids of her dark hair were touched by no frost, her white arms and clear face were flawless and smooth. En temps normal elle n’aurait jamais mis les pieds dans ce maudit pays où le froid et la neige régnaient en maîtres. Elle détestait Mistyland. La nécessité et le besoin de vengeance l’avait amené à fouler ces sentiers, ces ruelles bondées où marchands hurlaient à la cantonade. Emmitouflée dans un manteau noir épais, sa capuche dissimulant son apparence, Talya arpentait les lieux, scrutant chaque visage, cherchant celui qui lui avait fait défaut. Elle l’avait cherché sans relâche depuis son méfait. Elle s’était promis de le retrouver et de mettre un terme à sa misérable vie. Seulement accompagnée de son quartier maître, elle avait laissé son navire à bonne distance du port de Goldenbridge. La mission requérait de la discrétion et il était hors de question de laisser quiconque s’en charger. C’était à elle qu’appartenait cette mort. Trahit, volée dans son sein, elle ferait en sorte de faire de cette vermine un exemple. Elle emporterait sa tête dans un sac, l’accrocherait au mat à la vue de tous. Alors, tous ses hommes sauront qu’on ne défie pas Talya Blackraven. Elle s’arrête devant un étale, le regard vissé sur deux individus qu’elle aurait aimé ne jamais revoir. « Capitaine ? » son quartier maître l’observe, cherche à comprendre le pourquoi de cette pause inexpliquée. « Il doit être à la taverne. » Elle était certaine qu’il était ici, se croyant en sécurité dans cette bourgade reculée, loin de la civilisation. C’était sans compter sur la détermination de Talya et sur son réseau d’informateurs. « Tu crois vraiment que Bri… » Elle l’interrompt d’un regard assassin, noir de colère. « Ne prononce pas son nom ! » Elle regarde autour d’elle, certaine d’être épiée, écoutée. La paranoïa dans le cœur, elle ne se sent pas en sécurité. Briggs était ici. « Allons-y. » Direction la taverne.

Les complémentaires se mélangent, les rires s'attardent avec les cris amusés, les paroles s'entremêlent pour ne donner qu'un brouhaha insensé. Enfoncé dans le fond de ses vêtements, à bottes de velours le chat s'avance dans la cohue regardant tantôt de gauche, tantôt de droite, parfois de haut et même de bas pour ne pas écraser des enfants trop excités. Des stands s'accumulent aux couleurs éclatantes alors que des danseurs déambulent, certains tombants, d'autres tenant sur de frêles épaules. De ce froid il n'attend plus rien, cependant les corps eux seuls permettent un feu de joie gigantesque qui s'étend sur le reste de cet évènement. Ayant seulement prévenu son confrère, il n'a pas attendu plus longtemps avant de se joindre à toute cette mystique assemblée. De quoi faire de bonnes affaires, trouver bon esprit au sien et faire dénouer les langues qui causent bien trop à cause des effluves de vins écarlates. Son attention est retenue par quelques armes finement taillées, alors qu'à bien d'autres égards il préfère la délicate odeur de plantes aux effets sans doute ridiculement bons. Sourcils froncés, il prend conscience du profit qu font les marchands à ce moment précis de l'année. Un rire sec lui échappe, secouant ses boucles brunes il presse le pas et une fois proche d'un bedonnant époux accompagné de sa femme pâtisserie, ses doigts gantés détachent l'accroche cordée à sa ceinture. Pas même un mouvement d'épaule pour se trahir, quelques mètres plus loin il contemple son gain Lev. Belle bourse de cuir dont les initiales ne veulent rien dire, il la dérobe aux yeux visibles dans ses poches profondes ne laissant derrière lui qu'une amertume de larcin.

« Sers-moi encore, tavernier ! Et ne fais pas cette tête en ce jour de fête, tu vas faire pleurer tes clients dans leur choppe ! » résonna la voix de Jack, accompagnée de quelques rires, assis près de la porte de la taverne bondée et entouré d'une nuée d'ivresse toute aussi grisante que le liquide ambrée coulant dans sa gorge. Il ne manquait pour rien au monde la foire d'Harendelle, profitant des moindres plaisirs qu'offrait cette période particulière dans la ville glacée. Bien que lui se fichait éperdument des festivités classiques, préférant l'alcool coulant à flots et les décolletés plongeants de femmes tout aussi libérées que l'étaient les esprits aux alentours. Il était probablement à sa quatrième tournée offerte à l'intégralité des personnes présentes, ce qui causait au propriétaire des lieux une travail considérable. Engloutissant littéralement le fond de sa choppe pourtant, le seigneur des champs se releva pour prendre un peu l'air à l'extérieur, une jeune femme sous le bras pour le soutenir à qui il volait des baisers, et son récipient vide dans l'autre main, fidèle compagnon. L'air ambiant étouffante de la foule ne le surprit pas, mais de ses yeux embués par son hydromel, il cherchait sa protégée. Il n'avait pas supporté de le voir passer tout son temps cloîtré à l'intérieur et avait décidé de profiter des étales alentours sans le prévenir. Satanée volatile... Il l'aimait pourtant tant qu'au-delà de l'ivresse, il arrivait à se faire du souci pour elle. Il était de notoriété publique qu'« Eli » était précieuse au maître agricole de Goldenbridge, si bien qu'elle pouvait attirer les plus dangereux des brigands si elle ne prêtait pas attention. Aussi Jack restait en alerte lorsqu'elle s'éloignait, même ivre mort. Cependant, son regard s'arrêta sur une silhouette familière près d'un étale. Un sourire goguenard s'étira sur sa figure aliénée quand il aperçut le geste du conseiller de Carabas, éclatant d'un rire amusé. « Claws ! Ben ça ! », l'appela-t-il, moqueur comme le plus insidieux des oiseaux de malheurs. « Le Marquis vous paie si peu pour vous sentir obligé de détrousser les honnêtes passants ? J'veux bien concevoir que vivre à la botte d'un autre soit déplaisant, mais enfin, tout de même... »

« Jolies jambes pour une sirène... » Une voix dans son dos. Et c’est un doux frisson qui parcoure son échine. Scylla retient son souffle, hésite à se retourner. Parce qu’elle reconnait cette voix. Cette fourberie. Cet éclat de méchanceté caché sous ce qu’elle devine être un sourire enfantin. Peter Pan. Les souvenirs voilent son regard, tandis que l’ancienne sirène perd pied. Images douloureuses d’un temps passé. Envolé. D’un battement de cils, la voilà qui chassent ses pensées, se retournant avec la grâce de sa race presque exterminée. « Pan. En voilà une surprise. » qu’elle minaude, un large sourire étirant son visage aux traits presque parfaits. Voilà bien des années qu’ils ne se sont pas vus. Pas depuis qu’elle s’est vue châtier de son océan chéri. « On dirait que tu as changé. Que tu as vieilli. » Elle fronce faussement ses sourcils, Scylla. Puis lui lance un regard à la dérobé, taquine. Appuyer là où ça fait mal. Lui rendre la monnaie de sa pièce. À charge de revanche. « Te voilà bien loin de ton île. » C’est vrai que Mistyland change de Neverland. Scylla ne s’attendait pas à le retrouver ici. « Et je doute que tu sois ici pour goûter à l’hydromel et aux plaisirs de la chair. » qu’elle ajoute, sceptique. Pour quelle raison Pan est à la foire ? Ce n’est clairement pas dans ses habitudes. Enfin, qu’en sait-elle, au final ? Voilà presque dix ans qu’ils ne se sont pas vus, et depuis le massacre au village des enfants perdus, il est difficile de savoir les passe-temps de son vieil ami.

La taverne se dessine, dégueule ses victimes d'une façon peu ragoûtante. Beaucoup ne marchent plus droits, certains viennent s'enfoncer dans la houle pour mieux profiter de la nourriture qui se profile sur plusieurs mètres ; à chacun son occupation, malgré la petitesse de l'endroit. Coupé dans son élan et son admiration pour son égo, il papillonne des cils en se retrouvant projeté dans une vérité qu'il préfère taire. Devant la porte s'érige avec une fierté déconcertante le partenaire d'affaire qu'il a trouvé peu de semaines plus tôt. Aussi raide qu'un soldat, il vient à se ramollir pourtant en posant tout son poids sur les épaules d'une femme au corset serré. Raclant le fond de sa gorge, le chat jette une oeillade vers une compatriote de noire vêtue au regard accusateur, si bien qu'une flamme pourrait en sortir et brûler tout sur son passage. Il s'en éloigne d'un seul pas pour se concentrer sur le baigné de vin - quand bien même sa curiosité piquée le pousse à zieuter ce petit groupe en mouvement. « Votre esprit de déduction m'impressionne Jack, vraiment, n'avez-vous jamais songé à vous présenter à la cour en tant qu'homme très éveillé ? » Abordant un sourire poli, un hochement de tête accompagne son geste envers la coquette conquête. « A en juger par sa joie, elle vous suivra jusqu'au bout de Mistyland et plus loin encore. » Un temps, les ridicules talons de ses bottes tapotent la terre en signe de réflexion. Durant un instant, il se surprend à songer que rebrousser chemin n'est pas une si mauvaise idée. Elle glousse aussi fort qu'elle le peut, se rendant victime des festivités. « J'en suis même sûr. » Qu'il ricane tout en portant son attention sur son entourage, guettant la moindre ouverture pour s'y enfoncer.