 |  Sujet: breath me life {Jim and Tinkerbell} Dim 5 Juil - 22:59 | |
| Bring me to life
Jim and Tinkerbell  La pulpe de ses doigts, pale ivoire, caressa dans une douceur roncière les fleurs déposant des baisers chatoyants sur ses pieds vagabonds. Cette nudité enfantine couvrant la soie de sa peau sous le vent fluide d’une mousseline bleuâtre, cette chevelure de couleur flamboyante cascadant sur la porcelaine de son épaule, ces lèvres qu’elle pinçait de la violence familière de ses perles dentaires. Elle était faite de voiles et de pierreries, de joyaux et de magie ; une fille aux yeux anodins, au visage poupin, n’ayant pour elle que la pauvreté d’une existence éclatante. Dans ce coin de rue, là-bas, avait-elle dansé, noyant son corps gracile sous la lueur nacrée d’une mère lunaire ; au détour de cette ruelle-ci, avait-elle chanté, accompagnant ses sœurs astrales dans leur scintillement nocturne. Sur cette place, celle-ci, qu’elle foulait avec la plus grande inconscience, avait-elle joué, avait-elle plongé son destin, sa courte fatalité, dans le sort d’un personnage imaginaire. D’une scénette misérable faite de tissus poussiéreux, de tapis gorgé de vieillesse, de bois usé par un temps abominable. Tout en vérité était un extraordinaire basard, un bordel fait de princesses perdues, de rêveuses candides…une symphonie jamais entendue. Une cacophonie mélodieuse, du miel pour les plaies, du sucre sur des bouches détestées. On la prenait pour une pouilleuse vendant du rêve sur une parcelle de son corps, une artiste incomprise, l’envouteuse bambine, mais elle n’était que la songeuse d’un univers. Celle qui engouffrait toutes ces prières, celles de l’innocent, celles du meurtrier, de l’enfant et même du vieillard, ces requêtes, espoirs d’un lendemain meilleur, favorable présage, en son cœur mécanique. Cet organe qui ne battait pas mais implosait à chaque émotion. Emportant dans le feu d’un sentiment, la cage de ses tourments. Elle n’avait jamais appris à dresser la bête, cette créature familièrement étrangère à son charnel décadent. A sa chair souillée, de si nombreuses fois, par une réalité sanglante, cinglante, déroutante. Une explosion lorsqu’un enfant mourrait de faim, une autre lorsqu’un couple se déchirait, une nouvelle lorsqu’elle chutait dans les bras d’un fantôme. Un spectre qu’elle dessinait sur des parchemins jaunis par l’humidité de ses vols. Une fascination blessante pour la dévotion d’un battant déchiré…pour la chaleur froide de ses rêves qui n’en finissaient plus. Qui ne la caressaient plus, la laissant amère de toute envie. Acidulée était son bordel, son esprit détruit par un autre monde, d’autres images, d’autres mots non-existants. Elle était piégée, piégée dans sa nature maudite, celle qui de ses mains parsemait d’étincelles les yeux des curieux, mais qui se les abimés par des touchers imaginaires. Des baisers n’ayant jamais eu lieu. Aimer ? ça n’était que les soupirs gelés d’une enveloppe osseuse. Vivre ? semblable aux lèvres voilés d’une mariée auxquelles on goute. Alors elle se penchait, ramassait les fleurs qu’on lui jetait, respirant l’odeur qu’elle saurait reconnaitre. Aspirant le parfum qui n’avait plus de tentation pour elle, ce baume morose écrasant son existence infinie faite de désirs engouffrés. D’étoiles qu’elle n’atteindrait jamais. Car telle était sa condition, toujours les voir vivre, lorsqu’elle, ne faisait que se faner.
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