NOM & APPELLATION ◈ seathrún aodghan AGE ET DATE DE NAISSANCE ◈ trente-neuf ans, né en 1032. LIEU DE NAISSANCE ◈ il est né dans le froid de Mistyland, aux alentours de Valgoràth. RACE ◈ entièrement humain, et ça lui convient bien comme ça. ROYAUME ◈ après avoir été exilé six ans durant à la frontière de Slumberland par le mari de son amante, Seathrún se dirige vers la région de Goldenbridge, sachant qu'y réside son seul amour. ALLÉGEANCE ◈ charming (shimmering light), seul souverain des terres auxquelles il considère appartenir. PROFESSION ◈ vagabond. depuis qu'il est parti à la recherche d'un moyen d'aider son frère à retrouver la vue, il passe de ville en ville. exilé ses six dernières années, il a du apprendre les bases du métier d'agriculteur, et sait maintenant travailler la terre. il repart néanmoins en voyage, avec une destination cette fois, et propose ses textes, qu'il s'agisse de chansons ou de poèmes, à vendre. faute de mieux, il lui arrive de s'improviser scribe personnel d'un seigneur quand il le peut, comme il l'avait fait avec le seigneur de Valduin. STATUT SOCIAL ◈ célibataire; amoureux transi tout comme désespéré. CONTE ◈ inventé. FAMILLE ◈ son père est un marchand de tissus alors que sa mère tient une taverne héritée de son père aux abords de Valgoràth. Il n'a pour son malheur qu'un frère né aveugle et pour lequel il est parti en voyage, et une sœur d'un an tout juste sa cadette.

◈ Que pensez-vous du conflit entre le roi Charming et l'empereur Phillip ? Les conflits entre régents ont toujours existé et ne cesseront pas avec la perte de ces deux-là. Cependant, Seathrún ne voit aucune issue positive à un tel face à face. Si lui penche du côté de Charming, tous deux finiront probablement au même niveau sans que rien ne soit réglé. Six pieds sous terre. A vrai dire, il n'a entendu l'histoire de ces querelles que peu de fois tant il s'échappe dans ses pensées à l'évocation de ce genre de sujet, mais ce qu'il en a retenu lui suffit à prendre position. S'il n'a rien fait d'autre qu'être victime de son amour, Phillip a ôté à son frère sa promise, et prit des terres qui ne lui étaient pas destinées. Et si les dires sont vrais, et qu'il ne voulait pas avoir aucun pouvoir, il aurait du rester dans l'ombre de son frère. Un cœur qui s'emballe pour une femme est bien trop dangereux pour faire plonger tout un Royaume avec soi, et Seathrún parle d'expérience.

◈ Qu'est-ce que représente pour vous la magie ? En avez-vous peur ? L'utilisez-vous ? La magie aurait pu être un moyen parfait pour lui d'offrir une vie meilleure à son frère. Né aveugle, il a volontiers sacrifié l'un de ses yeux pour que tous deux soient borgnes, mais à égalité. La magie aurait pu être la solution, un renouveau à proprement parler, un miracle. Malheureusement, l'entourloupe dont son frère et lui ont été victimes a complètement fait changer le vagabond d'avis. Il n'y a en la magie qu'un danger. La magie élèvent ceux qui savent la pratiquer au-dessus du reste des Hommes, et il n'y a rien de bon en cela. C'est un pouvoir considérable qui n'atterrit pas qu'entre les bonnes mains, et ceux qui s'en réjouissent aujourd'hui s'en mordront les mains demain. De tous, c'est probablement là le plus grand fléau des hommes.

PSEUDO & PRENOM ◈ chloé//songbird AGE & RÉGION ◈ dix-neuf ans, midi-pyrénées FRÉQUENCE DE CONNEXION ◈ plusieurs fois par semaine, 5 ou 6/7 COMMENT AVEZ-VOUS CONNU SUR LE FORUM ◈ on m'a traîné de force VOTRE AVIS ◈ on se trompe jamais avec nikolaj sur un design AVATAR ◈ alexandre astier CREDITS ◈ réponse ici. UN DERNIER MOT ◈ chaussette.

Le soleil était bas dans le ciel, et les nuages se paraient de leur plus bel orangé pour accueillir la magie d'un vieil homme. Asseyez-vous sur ces rochers. Vous allez dormir une vingtaine de minutes. Aucune douleur, aucun effet secondaire. La bourse fraîchement offerte se balançait à sa taille alors qu'il se plaçait devant Seathrún et son pauvre frère, assis sur deux énormes blocs de pierre blanche. Au compte de trois, vous vous endormirez. La main ridée de l'homme se plaça d'abord sur le front de Seathrún qui tomba comme une masse, avant de s'occuper de son aîné qui anticipait terriblement. Seathrún se saisit de la main de son frère une seconde à peine avant de sombrer, heureux de toucher enfin au but.
Durant ces dernières années, il avait foulé les terres de tous les royaumes à la recherche d'un guérisseur, d'un sauveur ou bien de mage qui promettrait de soigner son frère. La paire d'yeux blancs comme neige qui n'avait pu qu'imaginer Seathrún grandir lui semblait être une supplication de chaque instant. Il n'était plus supportable pour le plus jeune de voir ce vide laiteux prendre place dans les yeux de son aîné, il n'était plus supportable de voir les bleus et les écorchures parsemer son corps faute de vision pour appréhender les obstacles sur sa route. Il ne s'était saisi que d'un baluchon rempli de quelques choses à manger à l'aube un matin de printemps, et s'en était allé par-delà les frontières. Il n'avait envoyé que quelques lettres, sans adresse de retour, à sa mère et son frère. Les premiers temps à passer de village en village les pieds dans la boue, à demander l'hospitalité et exercer quelques tâches contre un peu de sous étaient durs tant pour son corps que pour son esprit. Le dos lui tirait et la tête lui tournait toute la nuit durant, mais il n'était pas question de rebrousser chemin alors que chaque seconde le rapprochait d'une solution. Quand on demandait ce qu'il faisait, il répondait être vagabond, et quand on demandait d'où il venait, il répondait venir de partout comme de nulle part. Il s'était acclimaté à ce mode de vie au bout de quelques mois, appréciant les paysages qu'il aimait décrire sur le papier, et revendant des talents d'écrivain et de poète fraîchement découverts à de riches gens là où il était de passage.
Profitant de l'hospitalité des fermiers ou des taverniers contre une journée de travail, il n'était pas rare que Seathrún finisse la nuit au fond du lit des femmes, des sœurs ou des filles de ses hôtes. Il ne se privait d'aucun plaisir, dévorant une nouvelle peau chaque soir et humant un nouveau parfum féminin chaque matin, avec une passion inouïe pour le corps des femmes. De  tout ce qui est au monde, il aimait le plus les courbes des plus jeunes et les rires des mariées, il appréciait la grâce des danseuses et la franchise des sauvages, se plaisait au contact des peaux de lait et des plus exotiques, s'aimait dans le reflet des yeux émeraude comme des yeux les plus sombres.
Mais il fallut à son plus grand malheur se stopper dans sa quête charnelle, à la rencontre d'un vieux sorcier aux promesses grandioses, qui lui donnait vent jours pour retourner chez lui et lui ramener son pauvre frère. Seathrún reprit la route, ne s'arrêtant que quatre heures toutes les nuits pour chercher son aîné et le ramener, manquant de se perdre en voulant prendre les chemins les plus plats pour l'aveugle à ses côtés jusqu'au vieux sorcier. Il lui offrit la bourse de six-cent cinquante pièces d'or comme il était convenu, et s'assit sur un rocher aux côtés de son frère, prêt à devenir borgne pour lui offrir un œil. Les paupières lui pesaient terriblement et le nez lui piquait comme avant chaque nuit de sommeil.
Il n'entendait des paroles du vieux sorcier qu'un écho incompréhensible, jusqu'à se réveiller deux jours plus tard sur le même rocher. Son frère était en pleurs à ses côtés, les pupilles toujours aussi blanches qu'elles l'avaient été depuis sa naissance, alors que lui ne percevait qu'un vide plus noir qu'un corbeau de l'un de ses yeux, dont la vision s'en était allé avec un charlatan et six-cent cinquante pièces d'or.

Elle a les yeux bleu de nuit et les cheveux doux comme des plumes. Son regard était un poème plus beau que tous les mots, ses mots était la plus gracieuse des danses qu'il ait été. Chaque pensée où se retrouvait son visage était une symphonie divine, l'orchestre de sa renaissance. Il n'y avait en ce monde de femme qui l'égalait ; pas même un homme. Moiga demeurait en cette réalité la Reine de tout ce qui était et serait, la détentrice des émotions les plus pures. Si Moiga était une étoile elle serait la plus étincelante et si elle était un bijou elle serait le plus convoité. La plus regardée des bals, la plus jalousée de ces dames. Elle était le joyau le plus précieux qui soit né en ce monde, et chaque regard posé sur la belle était une bénédiction offerte des Dieux.
Lentement, Seathrún baladait ses doigts dans les cheveux fins de la femme d'un autre. Son œil ne parvenait pas, depuis un an déjà, à se détacher de ses traits fins. Elle était de quatorze ans sa cadette, elle était officiellement à un autre, mais il aurait bravé vents et marées pour sentir son cœur s'emballer comme à la vue de sa tendre. La plus agitée des mers ne l'aurait pas stoppé, tant elle lui était chère. Il parcourait son visage endormi avec tendresse, une tendresse spéciale qu'il n'avait jamais ressentie à ce point-là. Parce qu'il savait à présent, que leur temps était compté. L'air était lourd, l'atmosphère pesante dans toute la maison. C'était une affaire de quelques jours, voire quelques heures, et rien n'était plus important que de graver chacun des détails qui la faisaient être ce qu'elle était dans son esprit. Il ne voulait jamais oublier son parfum vanillé et sa voix cristalline, il ne voulait jamais oublier les bonds de son cœur et l'amour de ses yeux. Et pourtant.

Il fallait fuir à la nuit venue, et aucun au revoir n'avait été permit. Des cordes avaient saisi ses poignets et ses chevilles, alors qu'on l'amenait ailleurs. Peu importait où, à vrai dire ; il savait seulement que c'était loin. Suffisamment loin pour que les deux parties de son cœur se séparent douloureusement. Il en sentait les morceaux restants valdinguer d'un bout à l'autre de la calèche où on l'avait forcé à monter, alors que la fatigue le prenait. Il avait l’œil lourd d'être resté éveillé des heures durant à scruter son aimée. Il avait l'âme en peine d'avoir causé les cris et les pleurs de la plus magnifique des femmes. Morphée l'emmena plus loin encore à quatre heures de route de là où il avait perdu son amour, une heure près avant qu'on balance au bord d'une route abandonnée. L'herbe y était verte malgré le ciel gris, mais il n'y avait aucun signe de vie aux alentours. Désespéré, Seathrún se mit difficilement en route vers le néant, avançant il l'espérait vers quelque chose, quoi que ce soit. Pendant des jours, son esprit priait pour se retrouver au Bord du monde, de faire le pas de trop qui le mènerait en bas du précipice avant de l'envoyer haut dans les cieux, mais pour chaque champ qu'il dépassait en apparaissaient trois nouveaux dans son maigre champ de vision. Le troisième jour, il tomba de faim au milieu d'un sentier de terre battue, et même la boue dans laquelle il s'enfonçait à la nuit ne suffisait pas à lui donner envie de se relever. Il ferma les yeux, rêvant à son aimée, priant à la fin de tout si ce n'est d'Eux.
À son réveil, il avait les cheveux emmêlés mais le visage nettoyé, et de la boue ne restait qu'une sensation fantôme et quelques tâches sur ses habits. Au-dessus de lui se penchaient bien vite deux femmes et un homme qui semblaient bien plus heureux que lui de le voir en vie. Il était en vie. Dieux, que c'était une étrange sensation à quatre jours et demi. La plus jeune des deux femmes lui fit porter un verre à ses lèvres avant d'apporter un plateau bien garni, et tous s'assirent pour écouter l'histoire du vagabond.
Son œil unique fascina tout autant que ses liaisons, et sans en espérer plus, Seathrún resta auprès de ses sauveurs pour plus de six ans. À la première année, il exprima sa gratitude en heures de travail à la ferme familiale. À la seconde, il travaillait par peine de n'avoir autre chose. À la troisième année, les habitants du village le plus proche venaient lui expliquer que les jeunes hommes fertiles et jamais mariés restaient rares dans la région, et on lui proposa pas moins de six fiancées qu'il déclina sans aucun intérêt. À la quatrième année, son regard était plus las encore, et son cœur bien plus vide qu'il ne l'avait jamais été. Les lettres écrites quotidiennement à Moiga s'empilaient sous le bureau qui était maintenant sien, tant que le désespoir se saisissait de tout son être. Sans aucun effort pour contrer son mal-être, il refusa de manger et de boire, les forces lui manquant progressivement pour travailler les champs, puis rester éveillé à la cinquième année.
Les traits de son amour perdu disparaissaient à une vitesse impressionnante alors que ceux sur le papier devenaient tremblants, avant de ne plus naître. Avec lenteur, il s'éteignait, désespéré de vivre comme de mourir.

Les yeux lui pesaient et la fatigue le prenait de force. Voilà bientôt six mois que Seathrún ne trouvait plus de repos dans son sommeil et ne mangeait que quand on l'y obligeait. Ses joues s'étaient creusées, bien camouflées derrière une barbe qu'il ne rasait plus. De l'homme il ne serait plus grand chose, pas même une étincelle dans les prunelles. Il avait les lèvres gercées de ne boire que quand son corps menaçait de le lâcher et la gorge rêche de ne plus accorder la moindre parole à personne. D'ici quelques semaines, Seathrún ne serait plus qu'un tas de cendre au coin de la maison, et bien des âmes sur cette terre attendaient que leur parvienne cette heureuse nouvelle. Mais elle n'arrivait jamais; jusque dans son désespoir il résistait.
Les rêves, Seathrún n'était plus certain de savoir les reconnaître. Tout se mélangeait en son esprit. Les bons souvenirs, bien que rares, n'étaient qu'une goutte d'alcool de plus versée sur chacune de ses plaies ouvertes. Il les tordait et les retournait à ne plus les reconnaître, ne retenant que la puissance de sa douleur en pensant à la distance qui le séparait de ces sourires. Il n'avait des anciens rires que des échos meurtriers qui le laceraient amèrement, et ses mémoires dansaient en un ballet désorganisé. Les mauvais souvenirs qui hantaient ses jours et ses nuits, à défaut de lui laisser quelconque répit, creusaient plus encore ses cicatrices; mais étonnamment, ils le gardaient en vie. Il sentait chaque respiration lascive et douloureuse se faire un chemin de son nez à se poumons fatigués, et s'il souffrait il sentait au moins quelque chose. S'il ne devait pas encore mourir, il aimait d'autant plus se savoir vivant, plutôt que de le deviner.
Alors il attendait toute la journée quand la fatigue ne l'entraînait pas dans un sommeil qu'une alarme n'aurait pas dérangé, désespéré de ne trouver aucune issus à son calvaire. Il était condamné, mais pour combien de temps ? Une vie, si c'en était une, comme la sienne ne valait rien de plus que la Mort qu'il aurait bien joyeusement remercié d'une visite. Plus personne ne se faisait d'illusion quant à sa situation, et tous se préparaient déjà. Des écrits religieux étaient peu discrètement posés sur la table de chevet, alors que lui se maintenait entre vie et mort. Le pire des états. À nouveau, sur ses pensées, ses paupières se fermaient et il plongeait, loin, loin, dans les méandres de ses mémoires.

Quand elles se rouvrirent faiblement, il aurait voulut hurler. Il aurait voulut hurler sa hargne, sa haine, sa peine. Sa joie. Il aurait voulu hurler ses larmes et pleurer des romans. Seathrún était plein de mots mais aucun n'avait plus de sens. Aucun n'avait plus d'encre. Ses mains tremblaient sous le choc, mais rien d'autre ne bougeait dans la pièce. La belle, à son chevet, ne battait pas même d'un cil. L'air cessait de se mouver. Le temps même se suspendait.
Il aurait voulu hurler, mais Seathrún ne bougeait pas non plus. Il ne se permettait pas même de bouger ses mains tremblantes, son regard explorant en silence son oiseau libre. Il ne se souvenait plus de l'éclat de sa peau, mais quelque chose manquait. Elle lui adressa un sourire, derrière lequel elle cachait bien d'autres choses. Des choses qu'il ne voulait pas voir, et qu'elle ne voulait pas montrer. Mais il savait. Seathrún savait. Il connaissait bien trop ses expressions et le moindre de ses traits, jusqu'à la moindre de ses inquiétudes. Dans ses amoures interdits, il avait découvert toutes les facettes de celle qui volait son cœur, mais voilà qu'il en voyait une nouvelle inconnue. Du jour où il lui avait été présenté à celui où il avait effleuré la moindre de ses courbes, il restait toujours dans le fond de ses yeux une étincelle à la puissance infinie. L'espoir d'un nouveau monde qui se trouvait là dans ses prunelles, la promesse d'un renouveau offert par les Dieux. Mais une chose s'en était effacée, et c'était son reflet. Il avait l’œil fatigué et la vision trouble, mais il savait son étincelle là, quelque part, au simple son de sa voix. Quand elle s'éleva ce jour-là, à la réouverture de ses paupières, elle était tout aussi vide que lui. Mon pauvre ami, le temps ne vous a pas épargné. Un sourire traverse tendrement son visage alors qu'elle tend la main pour caresser sa joue de sauvage. Il n'a plus rien de ce qu'il  eu. Il n'est plus rien de ce qu'il a été. Un ectoplasme allongé, pauvrement. Un vagabond qui ne peut même plus s'en aller. Il se cachait sous une masse de cheveux emmêlés et une barbe qui dissimulait presque ses lèvres et ses joues dangereusement creusées. Il voudrait, dans la pénombre de son œil mort, imaginer la scène autrement. Il voudrait ne pas s'être laissé gagné par le désespoir de l'avoir perdue. Plus encore, il voudrait savoir qu'il n'a pas plongé seul dans un puits sans fond. Pourtant elle rompt le contact. Elle a lâché sa main il y a cinq ans déjà. Mais rien ne m'importait plus que de vous savoir en vie, si ce n'est en paix. Mes prières ont finalement été entendues. Son œil ne fait que s'aventurer sur les moindres moulures de ce visage aux détails oubliés, impatients de le redécouvrir. Malheureux de ne pas en finir. Il n'est pas suppliant, pourtant, ne demande même pas la pitié. Il parcourt ses joues rosées et son sourire forcé avec une délicatesse qui reste sa seule alliée. Sa gorge se sert sans même qu'il déglutisse, il a l'estomac noué d'autre chose que de ne pas manger depuis longtemps. Pas une main n'est tendue en retour, pas même une expression pour traverser le visage fatigué du pauvre homme. Il n'a que ses cernes pour souligner son regard, chercher craintivement celui de la dame. Elle n'est pas là pour lui. Elle n'est pas là par amour; elle est là pour elle-même. Se donner bonne conscience. Doucement, Seathrún se redresse. Elle a le regard trop doux, trop soulagé. Mais elle n'a pas l'air heureuse de le revoir. Elle l'a déjà été, et ça n'est rien de comparable. Elle porte quelque chose de cassé en elle. Peut-être tout ce qu'il a voulu lui donner. Elle aussi, a changé. Elle est heureuse, maintenant, sans lui. Son œil traverse la pièce avec lenteur et lassitude, jusqu'au sol jonché de lettres. Il voudrait qu'elle les lise. Il voudrait qu'elle sache, et qu'elle se souvienne. Qu'il s'est exercé des dizaines de fois pour écrire son nom avec une perfection inhumaine, qu'il écrivait autant qu'un religieux priait. Qu'il s'obstinait à signer tendrement chacun de ses aveux mort-nés, qu'il priait les Dieux de toutes les terres que quiconque lui fasse parvenir ses lettres. Il aurait pu attendre d'être mort, tant qu'elle savait. En se concentrant un peu plus, il réussit à lire ses derniers mots.
Je voudrais savoir que ma mort vous empêche de dormir, Moiga. Il n'était pas gentil, pas même désolé. Mais Moiga ne venait pas pour lui. Probablement qu'elle n'avait jamais adressé une prière à quelconque Dieu, et que son corps d'oisillon se consolait sans y croire dans une paire de bras différente. Lui tendit les siens, faiblement, et se saisit des lettres. Le temps et les remords ne font pas bon ménage. L'amour, non plus. Il était mort dans le moindre de ses mots, vidés de tout sens. Seathrún était une belle lettre manuscrite qu'un fantôme avait tracée en secret.  Saviez-vous, tout ce temps, où j'étais ? Il attrapa une boîte sur sa vieille table de chevet, la vidant négligemment, sans quitter ses lettres du regard. Aucune délicatesse ne lui donna envie de cacher ses dernières phrases pleines de mort. Il les posa toutes en un tas désorganisé dans la petite boîte, sans se résoudre à lâcher le grain du papier des yeux pour quelques minutes, avant de replacer le couvercle de la boîte à son sommet. Peu importe. D'un dernier effort, il plaça la boîte sur les jambes délicatement repliées de Moiga, la détaillant une dernière fois. Ses mains appuyées suffisamment fort dans les draps pour y laisser une marque, il se rallongea du plus confortablement qu'il pouvait et ferma les yeux.  Vous devez avoir des choses plus passionnantes à faire, Moiga. J'apprécie que vous soyez passée.

Pfwou Astier est vraiment un merveilleux choix. Et puis tu as une plume vraiment magnifique, j'ai adoré te lire. Puis pauvre Seathrun quoi. Je te valide avec grand plaisir.

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