NOM & APPELLATION ◈ Lyra est le prénom que don't sa grand-mère l'a dotée, sa mère n'ayant pas vécu suffisamment longtemps pour nommer l'unique enfant qu'elle aurait jamais. Court, simple, mais à la consonance noble, il met l'enfant sur le chemin de la grandeur. De son père elle a évidemment hérité le nom et la noblesse, Redhood un patronyme qu'elle semble honorer chaque jour malgré son manque de proximité avec son géniteur, puisqu'elle ne s'habille presque que de carmin. AGE ET DATE DE NAISSANCE ◈ fleur de l'hiver, elle est née en 1050 et a ainsi déjà vu passer vingt de ces douloureuse saisons.. LIEU DE NAISSANCE ◈ Au pays des loups et des rois, dans la chambre du maître d'un charmant manoir nommé Redkeep, au nord de Silverdims , à Mistyland. RACE ◈ Mère-Grand possède de fabuleux pouvoirs en tant que sorcière, mais ces derniers ont été acquis et de ce fait pas transmis ni à sa fille ni à sa petite-fille, Lyra, qui n'est qu'une humaine parfaitement ordinaire. ROYAUME ◈ elle n'a jamais quitté son Mistyland natal. ALLÉGEANCE ◈ sujet de Charming et de sa jolie princesse originaire de la même contrée qu'elle elle se doit de soutenir leur cause, officiellement du moins. En réalité elle n'a d'allégeance que pour elle-même et sa grand-mère. PROFESSION ◈ lady lyra redhood pourrait se contenter de se pavaner dans son manoir et attendre son mariage en écrivant des poèmes ou autres niaiseries du genre, depuis toute jeune toutefois elle apprend à élever des loups comme sa grand-mère. STATUT SOCIAL ◈ le cœur épineux de la rose est déjà trop troublé pour faire à quiconque débarquerait dans sa vie de la place,  sa main est libre toutefois, Dazaiah seul sait pour combien de temps encore, sa grand-mère aussi bien que son père ayant tout intérêt à lui trouver un beau parti dans les plus brefs délais. CONTE ◈ personnage éponyme du petit chaperon rouge. FAMILLE ◈ celle qui lui a donné la vie est une parfaite inconnue, morte pour donner naissance à sa fille, sacrifice ultime à la grandeur future de celle-ci. L'une devait mourir pour que l'autre puisse naître de ses cendres, plus belle et prometteuse. Sa grand-mère a ainsi fait office de figure maternelle, si peu maternelle pourtant. Ce fut son héroïne, son modèle, son entraineuse et son bourreau aussi quoiqu'elle ne l'avouera certainement jamais. Lyra a un père, mais elle le connait que peu, elle n’a de lui que son nom et quelques un de ses traits, dont ces yeux bleus qui la différencient de Mère-Grand. Ces iris sont ce qu'ils ont de plus en commun, Lyra n'ayant jamais été bien proche de son géniteur.

◈ Que pensez-vous du conflit entre le roi Charming et l'empereur Phillip ? « Oh qu’ils se battent surtout, je serai loin de les en empêcher. » Si elle reste loyale - plus ou moins - à Charming, il faut bien avouer que ce conflit l’arrange grandement. Créatrice de chaos, cette bataille entre frères est une chance inespérée pour elle de tirer son épingle du jeu. Plus y a de destruction, de sang, de cendres, plus elle a de chance de grimper les échelons et d’atteindre le Saint-Graal qu’elle recherche depuis toujours. Son rêve, ou celui de sa grand-mère, mais elle ne sait plus faire la différence si elle l'a jamais fait, est loin d’être unique. Nul doute que de nombreux nobles possèdent des ambitions similaires et se complaisent dans ce conflit qu’ils proclament pourtant détestable. Deux frères cherchant à faire couler le sang l'un de l'autre, un cadet qui cherche à prendre la place de son aîné, un aîné que sa grand-mère lui a appris à détester sans toutefois lui en confier la raison. Lyra prétend haïr Philip alors qu’elle le remercie plutôt intérieurement de s’être soulevé contre son frère, d’attirer l’attention des aristocrates comme du peuple, de faire fructifier son commerce, lui permettant de jour en jour de rendre ses rêves plus concrets. De toute façon elle est trop jeune pour avoir jamais connu les deux Sandcliffs en bons termes et ce conflit est pour elle une fatalité.

◈ Qu'est-ce que représente pour vous la magie ? En avez-vous peur ? L'utilisez-vous ? Elle n’a pas une once de magie en elle, sauf si l’on considère son charme comme une forme de sorcellerie. Il est probable qu’elle soit aidée sur plusieurs plans de sa vie par la magie de Mère-Grand mais si c’est le cas elle n’en a pas la moindre idée. En effet elle ignore totalement la nature de Ludmilla et la magie n’est pour elle qu’un concept un peu flou qu’elle n’a jamais pu observer de ses propres yeux. Oh bien sûr elle ne peut que croire en l’existence des fées et aux nombreux pouvoirs de l’univers. Toutefois elle croirait plus facilement en l’intervention des divinités qu’en la magie à proprement parler.

PSEUDO & PRENOM ◈ greensleeves & jiji AGE & RÉGION ◈ 20 ans, londres pour le moment (sauf certains weekend). FRÉQUENCE DE CONNEXION ◈ 5/7 grand minimum. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU SUR LE FORUM ◈ grâce à maïlys/ella. VOTRE AVIS ◈ je me suis déjà exprimée sur mon adoration quand j’ai posté comme invitée, mais je vais me répéter, le forum est pour moi un vrai coup de cœur, bien pensé, bien travaillé, magnifique et je suis amoureuse de la playlist sur la page d’accueil.    AVATAR ◈ holliday grainger. CREDITS ◈ tumblr. UN DERNIER MOT ◈   je fais déjà une overdose de rouge  

« Tu peux les toucher mon agneau, ils sont inoffensifs. » elle omet de préciser qu’ils ne le sont qu’avec ceux auquel elle-même ne veut aucun mal. Les bêtes demeurent parfaitement létales pour quiconque saurait froisser la grande dame. Si le sang noble manque à Ludmilla, Lyra ne connaît personne de plus admirable qu’elle. Sa Mère-grand, comme elle l’appelle, est bel et bien une reine à sa façon. Et loyale, vouant une confiance sans faille à son seigneur, la fillette hoche la tête et tend sa petite main à la paume poisseuse vers le museau du loup blanc qui se laisse faire sans le moindre grondement. Les doigts de la blondinette sont dangereusement près des babines de l’animal et pourtant son cœur demeure sûr, conforté par les paroles de Mère-grand. Elle n’a jamais tord, c’est la première leçon. Néanmoins Lyra s’émerveille de la docilité de la bête à l’âme féroce. Elle ne s’imagine pas un instant ce que sa grand-mère a du faire pour en arriver à ce résultat. « Est-ce que je pourrais faire ça un jour Mère-grand ? Contrôler les loups ? » Tandis qu’elle caresse doucement la fourrure de l’animal ses yeux azurés rencontrent ceux attentifs de sa grand-mère qui sourit, visiblement fière. « Oui mon enfant, tu pourras. Tu devras. » Ses lèvres charnues s’étirent en un petit rictus heureux, mais elle fronce alors les sourcils, poussant la requête plus loin. « Je pourrais être comme toi ? » Manquant de mère, Lyra n’a jamais eu que Ludmilla comme modèle féminin et quel modèle. Que d’ambitions encore secrètes cette dernière a pour la chair de sa chair, transférées de sa fille à sa petite-fille, cette dernière encore bien jeune mais infiniment plus prometteuse que son prédécesseur. « Et plus encore. » Grâce au mariage avantageux de la mère de Lyra, sur le conseil avisé de la matriarche évidemment, la fillette a l’honneur d’être née avec un nom de famille et un sang aussi noble que la figure de son aïeule. Et avec cet avantage non négligeable, la beauté dont elle a hérité de Ludmilla, sans oublier le fait qu’elle écoute toujours aveuglement cette dernière, il est évident qu’elle pourra accomplir de grandes choses.

Ses boucles blondes se salissent d’un blanc humide, les flocons se perdant dans les nœuds de sa crinière mal coiffée. La petite fille s’en moque et continue de jouer les genoux dans la neige, imperméable au gel qui en menacerait d’autres. Fleur de l’hiver, elle se délecte du froid qui hante les vallées de Silverdims, qui s’insinue jusque dans l’écorce des arbres qui peuplent ses sombres forêts. Elle ne connait que Mistyland, le monde pour elle ne s’étend pas plus loin que les montagnes de neiges et les hurlements de bêtes sauvages. De ses doigts délicats couverts de gants épais elle dessine dans la poudreuse des scènes d’histoires qu’on lui a conté lorsqu’elle était plus jeune. Elle n’en connait que peu, son père n’étant pas bien bavard et sa grand-mère ayant peu de temps à perdre avec de telles sottises. Celles qu’elle connait, lui viennent d’une simple servante. Des loups, des fées, une jolie princesse, un peu d’action et la fillette éclatait d’un rire cristallin. Facile à contenter. Ses dessins, mal réalisés la font malgré tout esquisser un sourire pour ce qu’ils savent lui rappeler ces moments de joie. Des aboiements la dérangent dans sa tache alors qu’elle finit d’esquisser les moustaches d’un petit loup. Elle se retourne à temps pour voir le Seigneur Redhood partir à la chasse. La petite cavalerie ralentit dans son galop dès que la première ligne voit la silhouette de la petite fille toute de rouge vêtue, mais elle ne s’arrête pas pour la saluer et la contourne pour quitter le domaine. Lyra ne leur prête pas plus d’attention que cela et se contente de pousser un petit cri de rage en levant le poing contre ces nobles qui n’ont pas hésité à trotter en plein sur son œuvre de d’art. Plutôt que d’essayer de la sauver, l’irascible blondinette l’écrabouille, donne des coups dans la neige pour la recouvrir et achever sa destruction. Son père tire sur les reines de son destrier. « Lyra, que dirais-tu de venir avec nous ? » Elle écarquille ses yeux d'opale et hoche vigoureusement la tête. « Je vais chercher mon poney. » propose-t-elle lissant déjà les pans de sa cape et esquissant un mouvement vers les écuries. Il lève une main pour l'arrêter. « Non, c'est une perte de temps. » Il appelle un page monté sur le cheval le plus petit qu'elle ait jamais vu, ordonnant au garçonnet de laisser sa monture à Lyra. Il ne se fait pas prier malgré l'éclat agacé de ses iris brunes, qui ne manque pas d'échapper à la fillette, qui esquisse un sourire en prenant sa place en scelle, rabaissant son capuchon sur son front.

« Que chasse-t-on ? » La traversée des collines s'était faite en silence, pas plus le père que la fille ne sachant quoi dire à l'autre. Néanmoins ils ont désormais dépassé la lisière de la forêt et les chiens s'agitent, or Lyra a bien l'intention de faire plus que d'observer la traque du gibier. Son père semble comprendre ses intentions et la reprend aussitôt. « Nous chassons du loup mon enfant. » Elle fronce les sourcils. Les loups ne sont pas du gibier. Elle ne les perçoit toutefois pas comme des prédateurs non plus, trop habituée à les voir enfermés, en cage ou dans un enclot, soumis à l'autorité de Mère-grand. Elle ne dit rien cependant, trop heureuse de pouvoir enfin participer à une activité de plein air, chose que son père lui a trop longtemps refusé. Comment ensuite oser se demander pourquoi elle lui préfère largement sa grand-mère ? Surexcitée elle cogne un peu trop fort dans les flancs du cheval qui s'élance en avant rejoignant la première ligne du groupe et allant même jusqu'à la dépasser tout à fait. « Lyra ! » Elle rit à en perdre le souffle, mais consent à s'arrêter, ne se rendant qu'alors compte de la clairière qu'elle a découvert, ou toute une petite famille des canidés recherchés la regardent. Les plus vieux ont déjà les babines retroussées, ils ont senti l'Homme et le danger. « Lyra éloigne-toi ! » ordonne son père dont elle reconnait désormais la voix qui approche. Elle ne bouge pas d'un poil et c'est tant mieux, les flèches lancées derrière elle ne l'évitant que de justesse. Tout le petit comité de chasse est désormais à ses côtés abattant un à un les loups, colorant la mer de glace immaculée de rouge. La gamine ne crie pas une fois. D'abord fascinée par le spectacle, ses yeux survolent la scène et elle saute de sa scelle alors que son père s'approche des deux grands loups, les parents certainement, en égorgeant un de sa longue épée. La giclée de sang accapare son attention elle qui n'en a jamais vu autant d'un coup. La chasse est terminée, pourtant une boule de poil grise s'approche des deux cadavres. Clouée sur place elle la repère en même temps que son père qui attrape le louveteau par la peau du cou. Il range son épée encore maculée d'un sang chaud et épais et sort une dague à la petite lame plus appropriée pour la tâche. « PÈRE NON. » fait-elle accourant soudain. Elle ignore ce qui la pousse à agir de la sorte, elle qui n’a pas toujours su se montrer sujette aux sentiments de compassion. Mère-grand aime les loups, ou du moins elle ne les tue que rarement, élever les monstres étant d’ordinaire plus facile lorsqu’ils sont vivants. Pourtant Lyra mentirait si elle prétendait penser à Ludmilla en cet instant. Elle ne peut en effet confesser vouloir offrir le loup à sa grand-mère, l’idée ne lui ayant pas même traversé l’esprit. À dix ans seulement, elle est encore suffisamment jeune pour ne pas questionner chacune de ses décisions et pour suivre son instinct. Son père ne semble pas l'avoir entendu car il s'apprête à assener le coup fatal, elle arrive juste à temps pour attraper son bras meurtrier et l'en empêcher. Ennuyé le Seigneur Redhood repousse sa fille d'un geste et elle tombe sur la neige rouge, les mains qu'elle pose à terre pour se relever désormais écarlates. « Père, s'il vous plaît. » Elle veut sauver ce loup et c’est tout ce qui compte, qu’importe que ça soit par pitié pour son jeune âge, ou parce qu’elle aime son épaisse fourrure grise. Qu’importe que ça soit par désir d’ennuyer son père ou de plaire à sa grand-mère. Elle veut que le loup vive, il vivra. Elle bat de ses longs cils mouillés par la neige et implore son père des yeux. L'idée lui vient comme un coup de génie. « Mère-grand. » souffle-t-elle essuyant le sang sur sa robe. « Je vais l'offrir à Mère-grand s'il te plaît, je sais qu'elle a besoin de nouveaux loups et elle les aime jeunes, c'est plus facile à éduquer. » Le loup n'est en effet rien de plus qu'un bébé. Après un dernier regard vers la bête son père obtempère, marmonnant quelques jurons. C'est contraire à tous ses instincts de laisser un loup s'en sortir libre. Elle hausse les épaules, ce n’est certainement pas ce qu’elle veut non plus. Elle lui demande sa vie, pas sa liberté. L’homme attrape la bête par la peau du cou et fait signe à sa fille de le suivre, l’air bourru. Les hommes éclatent de rire en les voyant revenir avec le seul survivant apparent de ce carnage. « Un loup de compagnie pour le petit chaperon rouge ? » C'est en effet dans les bras de Lyra, le museau enfoui dans ses longues boucles d'or, que le louveteau arrive à Redkeep.

« Tu t’appelleras Wilhem. » Elle pose un doigt contre son menton, en pleine réflexion. Il s’agit d’une affaire de la plus haute importance. « Wilhem Wolfdregil. » fait-elle fièrement après un instant d’hésitation, étouffant néanmoins un petit rire qui secoue ses boucles blondes et illumine ses prunelles. Elle balaye d’un petit signe de la main la question qui n’a pourtant pas quitté les lèvres du loup devenu homme. « Tu ne pourrais pas comprendre. » En effet il ne peut saisir l’ironie de son nom tout autant qu’elle ne saura jamais comment la bête est devenue homme, ou petit garçon plutôt. Presque exactement de son âge d’ailleurs, à croire qu’il était fait pour devenir son compagnon de jeu. Mais ça ne sera pas son rôle. Serviteur est plus approprié, cobaye, plus proche de la réalité encore. Elle doit l’éduquer, le rendre docile, lui enseigner se soumettre au moindre de ses moindres caprices, tout autant qu’elle-même doit, en ce faisant, apprendre à ne pas se laisser contrôler par ses sentiments, à ne pas se laisser avoir par les yeux gris du loup encore incapables de mentir. Son devoir n'est pas de l'humaniser, non, sans que Mère-grand n'ait eu besoin de le lui dire, Lyra sait qu'il doit conserver son potentiel meurtrier tout en apprenant à servir. Si c'est un éclat de compassion qui l'a poussée à sauver le louveteau alors elle doit tuer ce sentiment, source de faiblesse, dans l'œuf. Ludmilla compte bien s'en assurer. Comme promis il y a de cela des années, sa grand-mère lui apprend à devenir “comme elle”, doucement, mais sûrement, Wilhem n’étant que le premier test auquel sera confrontée la jeune fille. Le plus dur probablement.

Lyra sait que sa grand-mère est responsable de cette transformation, ceci elle ne peut le remettre en question. Comment pourrait-elle le faire puisqu'elle a elle-même apporté le louveteau auquel elle n'osait pas s'avouer s'être attachée à Mère-grand qui l'avait fait attendre dehors avant de la laisser rentrer et de lui présenter un petit garçon. Elle sait que les loups ne deviennent d’ordinaire pas des hommes. Elle sait que ce n’est pas naturel, qu'il s'agit d'un mystère à résoudre et pourtant curieuse comme elle peut l'être, elle ne cherche pas à comprendre. Savoir que sa grand-mère a quelque chose avoir avec, suffit à couper court à sa soif de connaissance. À quiconque oserait demander d'où vient l'enfant elle répondrait qu'il s'agit d'un orphelin recueilli par ses soins ce qui n'est pas bien éloigné de la réalité, un enfant de la lune sauvé par une petite fille à la cape rouge.

Mais au fond elle craint les réponses qu'elle risquerait de trouver si elle se posait les questions qui la taraudent. Elle fuit devant le courroux probable de sa grand-mère si elle se mettait à fouiner. Et peut-être même qu'elle connait la réponse sans oser se l'admettre. Lyra ferme les yeux donc sur l'étrangeté de la situation et fait avec. Il s'agit d'un retournement de situation plutôt heureux de toute façon, l'enfant unique n'étant désormais plus seule et le lien avec sa grand-mère étant renforcé par l'acte de cette dernière. Elle lui a offert le plus beau cadeau que la jeune noble recevrait jamais. Celle-ci n'oublie pas toutefois malgré les traits si humains, malgré la peau si douce et imberbe du garçonnet, qu'il demeure un loup dans l'âme, un animal à dresser, une chose qui lui appartient. « C'est poétique tu ne trouves pas ? » Elle rit à nouveau, en secouant la tête. « Non bien sûr que non qu'est-ce que tu y connaitrais toi à ce genre de chose ? Pauvre chien, je suis sûre que tu ne peux même pas cerner l'ironie dans tout ça ! Ton nom veut dire loup qui court. Mais toi tu ne vas pas courir n'est-ce pas Wilhem ? » Elle sourit, presque tendre, s'approchant lentement de lui. « Parce que tu es mon loup. » Et la petite princesse n'a jamais été prêteuse. Attrapant doucement le bras du petit garçon elle l'entraîne à sa suite pour lui faire faire le tour de la maison.

« Il y a un chat qu'il aime…aimait bien, une saleté de créature qui miaulait tous les matins et était grosse de six enfants à en croire la cuisinière. Je pouvais pas la laisser mettre à bas. Alors je lui dis ce qu'il fallait faire et… nous n'avons plus de chat. » un mince sourire étire les lèvres de Ludmilla. Lyra, tout juste âgée de quatorze ans, apprend vite et le petit cadeau de Mère-grand semble avoir su porter ses fruits. « C'est bien. » offre celle-ci, portant son verre de vin à ses lèvres. Du moins sa petite-fille imagine-t-elle qu'il ne s'agit que de vin quoique cela pourrait tout aussi bien être une potion magique ou même le sang de ses ennemis. Et Malchiah seul sait qu'ils sont nombreux. Plus jeune, Lyra ne s'était jamais interrogée sur la la raison de l'élevage de loup de sa grand-mère. Innocente, naïve, elle pensait qu'elle les élevait comme d'aucun élèvent des brebis, quoiqu'on ne mange de loups ni ne s'abreuve de leur lait. Elle élevait des loups, point. Néanmoins aujourd'hui cela lui semble être une explication si peu satisfaisante. Les loups devraient être utilisés pour faire ce qu'ils savent faire de mieux: détruire, tuer, mais sur commande. Ca lui semblait logique, elle n'avait pas conscience le moins du monde que Mère-grand elle-même avait planté l'idée dans son esprit.  « Et des loups ? Tu lui as déjà fait tuer des loups ? » demande Mère-grand sur le ton de la conversation et sa petite-fille manque presque de s'étouffer. « Non pas encore, mais…» « Bientôt alors. » conclu Ludmilla à sa place et Lyra se contente de hocher la tête, ne sachant quoi répondre pour satisfaire l'éternelle insatisfaite. Elle n'a encore osé demander à son loup de s'en prendre à sa propre race, sans qu'elle ne puisse s'expliquer pourquoi. Par faiblesse pourraient dire certains. Parce qu'elle n'en a tout simplement pas encore eu l'occasion diraient d'autres. Ces derniers seraient plus proches de la vérité, envoyer Wilhem s'en prendre à des loups semblant être une étape logique, Lyra ne s'étant pas précipité, souhaitant simplement éviter d'aller trop vite et risquer de voir sa bête échouer. Mère-grand ne s'embarrasse pas de ce genre de considérations. Les années ont su conserver l'amour que Lyra lui portait quoiqu'elles aient aussi été le témoin d'un accroissement de la crainte assez peu saine qu'elle a toujours éprouvé à l'égard de cette femme sans scrupule. Plus que jamais elle se force de satisfaire les désirs et les plans de cette dernière afin de toujours rester dans ses bonnes grâces. Comme si, au fond d'elle-même, elle savait que l'amour quasi-maternel ne serait jamais suffisant, à lui seul, pour garder l'intérêt de sa grand-mère. « Maintenant dis moi, comment se passent tes leçons de danse ? » Sans prévenir, l'adolescente se lève de son petit fauteuil et offre une courte démonstration à son aïeule, finissant sur une révérence profonde. « Le Maître dit que je suis sa meilleure élève. » fait-elle fièrement, se doutant malgré tout qu'il doit en dire autant à toutes les autres filles de nobles qu'il a l'honneur d'éduquer dans cet art. Satisfaite, Ludmilla hoche la tête. Lyra doit être prête pour l'éventualité d'un bal à la cour du Roi Charming. « Très bien. J'espère que tes manières sont toujours - et sauront rester - impeccables. » Lyra peut faire bien plus que simplement prendre la relève de Mère-grand. Elle peut accomplir ce que celle-là n'a pas réussi à faire, elle peut lui servir dans sa vengeance et monter, monter haut dans l'échelle sociale. Ainsi il ne faudrait pas que les actes immondes qu'elle aura à accomplir dans le futur n'annihilent la grâce dont la nature l'a dotée. Ces motivations-là cependant Lyra les ignore totalement, croyant que sa grand-mère ne cherche à lui donner une place élevée dans la société, que par simple ambition naturelle pour l'être cher. « Bien sûr Mère-grand. » fait la future propriétaire de Redkeep et des terres qui y sont rattachées, l’héritière de son noble père autant que de sa féroce grand-mère dont l’avenir ne peut qu’être brillant.

Le pied de l’adolescente se heurte violemment à l’abdomen de la bête avec une violence étonnante, coupant le souffle de sa prisonnière. Celle-ci aboie à peine, derniers relents de la fierté que Lyra n’a pas encore fini de briser. Enlevant son gant de soie pour découvrir une main baguée, elle gifle la malheureuse, cinglante, sanglante, arrachant cette fois un franc hurlement à sa créature. Riant presque, une aura d’innocence se dégageant de son être elle tend un doigt délicat et essuie la perle de sang carmin qui perce la fourrure d’albâtre de la louve. Tout de grâce elle pose ce même doigt au creux de ses lèvres déjà vermeilles, goutant du bout de sa langue l’hémoglobine de sa victime. La sensualité, la délicatesse, la pureté presque, du geste en ferait oublier le sadisme horrifique qui l’a motivé. « Tu m’as désobéi. » Elle se flatte d’être une bonne maîtresse à l’image de sa Mère-Grand. Encore faut-il qu'elle puisse le prouver en ramenant la bête à Ludmilla, plus docile qu'elle ne l'a récupérée. Elle pose sa paume gauche encore gantée sur le crâne de sa chose et sourit. « Mauvaise chienne. Assieds toi maintenant. Tu m’entends ? Assis. » Elle espère presque que la louve refuse de s’exécuter, qu’elle puisse demander à ce qu’on lui amène son fouet, qu’elle puisse lacérer le dos de l’infant-loup jusqu’à faire gicler ce sang si sucré jusqu’à son visage. Il faut qu’elle plie sa volonté, qu’elle brise la personnalité de sa chienne, que celle-ci apprenne à la voir comme sa maîtresse, à reconnaître et respecter son autorité, et meme, à l'aimer. Le plus tôt sera le mieux. « Assis, Dalla. » Ordonne-t-elle plus sèchement cette fois. Impératrice de son petit monde, elle croit tenir de sa grand-mère en ce qu’elle n’a pas beaucoup de patience. La louve gémit, haletante, mais elle n’obéit pas. Peut-être que la pauvre, recueillie il y a quelques jours seulement par Ludmilla, n’a pas eu le temps d’apprendre le sens du mot. Lyra cache son sourire. « MON FOUET. » hurle-t-elle au servant oublié, tapis dans un coin des appartements de la jeune fille. Il n’est pas très correct qu’elle fasse ça à l’intérieur, mais chez son père aucun lieu ne semble très approprié pour éduquer des animaux. Le loup risquerait d’effrayer les chevaux aux écuries et son père est à peine au courant que la jeune lady en a un en sa possession. Cadeau temporaire de Ludmilla qui met sa protégée à l'épreuve. Rapide, le serviteur se précipite hors de la pièce et revient bientôt, l’objet de torture à la main, pour trouver une Lyra jubilante et une Dalla tremblotante. Sans remercier son laquais la jeune noble attrape son précieux. Elle inspire, l’air s’engouffrant dans ses poumons ayant l’odeur de la jouissance qu’elle s’apprête à ressentir, lui offrant le courage dont elle a besoin. « Tu me déçois Dalla. » Premier coup. Gémissement. « Tu dois apprendre à connaître ta place. » Deuxième coup plus fort cette fois. « Tu. » Troisième coup, le sang coule, écarlate sur le dos à la colonie vertébrale brisée de sa chose. « Es. » Dalla hurle à la lune. « À. » Les genoux de Dalla plient sous la force du fouet. « Moi. » Les hurlements glacent le sang de Lyra qui malgré tout sourit alors qu’elle prépare son énième coup, les souffrances de sa nouvelle acquisition étant loin d’être terminées.

Les pieds nus sur le sol de pierre, elle parcourt sa chambre de long en large, ses sourcils froncés créant un pli disgracieux sur son front d’ordinaire si lisse. Elle n’aime pas attendre, Lyra, elle veut tout sur un plateau d’argent et tout de suite. La demi lune éclaire une partie de la pièce dont l’une des fenêtres est laissée grande ouverte. Elle aime entendre le hurlement de ses bêtes meurtrières dans leurs cages, ça l’aide à s’endormir. Ce qui l’aide le plus à s’endormir cependant, c’est un lit réchauffé par la présence d’autrui. Le sommeil n’est pourtant pas d’actualité. Elle ne dormira pas tant qu’il ne sera pas revenu. Elle déteste le voir partir, ayant toujours peur au fond d’elle-même qu’il ne revienne pas. Pourtant il lui est dévoué et il n’est pas de compagnon plus loyal que lui. De plus à quoi bon l'avoir à son service si ce n'est pour l'envoyer accomplir les tâches les plus ingrates ? Pourquoi n’est-il pas encore revenu ? Elle croise les bras contre sa poitrine, se surprenant à frissonner. Elle n'a pas froid pourtant, la nuit est douce comme l'hiver qui fut le théâtre de sa naissance. Il sera puni pour cet affront. se promet-elle. L’on toque à la porte et elle aboie une réponse. « Madame, il est revenu. » Elle expulse tout l’air qu’elle n’avait même pas eu conscience d’avoir retenu. Un peu tâché, certainement décoiffé et visiblement éreinté, le voilà qui, sur son ordre sec, entre dans la chambre à coucher de sa maîtresse. Toujours déchaussée et vêtue d’une simple chemise de nuit parfaitement impudique, elle l’accueille, hostile, bien qu’intérieurement soulagée. Pourquoi ? « Alors ? C’est fait ? » demande-t-elle sans plus d’introduction pour accueillir son homme de main et son plus vieil et fidèle compagnon. Il répond par l’affirmative et elle hoche la tête, si peu satisfaite pourtant. Il a fait ce qui lui était demandé ce qui n’est en soi rien d’étonnant. Il a toujours obéit, peu importe l’ordre en question, peu importe les horreurs requises, peu importe qu’il ait à trahir sa propre race, peu importe qu’il ait, ainsi envoyé en mission pour sa maîtresse, maintes occasions de s’enfuir. Il revient toujours, pour rapporter les nouvelles de son succès. Car il n'échoue jamais ce loup enragé, ne retenant aucun effort, ne renonçant devant jamais rien pour obéir à ses ordres. « Tu es dégoûtant. » La vue du sang ne l’a jamais rebutée le moins du monde, mis à part peut-être lorsqu’il s’agit du sien. Sur le corps de Wilhem par ailleurs cela a toujours été une vision pour le moins délicieuse. Elle s’approche de lui, de sa démarche toujours si gracieuse, travaillée, un rien sulfureuse juste pour son bénéfice. Sa main trouve le col de son pardessus de cuir et elle joue avec, son petit nez froncé de dégoût. « Tu pues. » Le bout de ses doigts quitte le tissu pour effleurer la peau de son torse découvert. Elle est familière avec chaque parcelle de son corps ayant plus d'une fois marqué dans sa chair son droit de propriété sur lui. Il est à elle, entièrement et les rumeurs qui courent au sujet de la noble Lyra et de son serviteur au bras duquel elle se pend parfois, ne sont pas toujours bien loin du compte. « Et tu es en retard. » Il a osé la faire attendre et il sait à quel point elle déteste ça. Ce qu’il ne sait peut-être pas c’est qu’elle a toujours peur qu’il la quitte pour de bon, que sa mission ait raison de lui ou qu’il décide de quitter son service comme un lâche. La pensée la terrifie plus qu’elle ne saurait jamais l’avouer. Elle ne supporte plus d’être seule, une de ses nombreuses faiblesses dont elle essaye en vain de se débarrasser pour continuer de plaire à Mère-grand, pour continuer d’être sa championne dans tous ses ingénieux projets. Le cadeau qui devait la mettre sur la voie de la grandeur s'est ainsi trouvé être empoisonné car elle s'est bien trop habituée à sa présence. Sa paume trouve sa joue avec douceur et elle esquisse un vague sourire, ses lèvres carmins brillant plus que d’ordinaire à la lumière de la lune. Ses ongles aiguisés, sa propre version des griffes des animaux de l’élevage, se plantent soudain dans la chair rugueuse de son louveteau. Elle expire lourdement, son souffle chaud heurtant les lèvres de l’homme-loup, bientôt imité par les lippes assassines de Lyra.