Premier Voyage : 02/09/2014 Missives : 446 Pseudo : riddermark (florence) Occupation : capitaine de l'Oriel's Jewel, tueuse, voleuse et pilleuse, croqueuse d'hommes, traitresse... Localisation : sur toutes les eaux de Vanàrillion.
Sujet: talya + we don't get to pick our fate Ven 8 Mai - 9:54
Talya Blackraven
Admin Shippeuse
Premier Voyage : 02/09/2014 Missives : 446 Pseudo : riddermark (florence) Occupation : capitaine de l'Oriel's Jewel, tueuse, voleuse et pilleuse, croqueuse d'hommes, traitresse... Localisation : sur toutes les eaux de Vanàrillion.
Sujet: Re: talya + we don't get to pick our fate Ven 8 Mai - 9:54
she dreams of songs and stories
Les éclats de rires d'une fillette résonnait sur le pont du Queen's revenge. Sur les planches de bois abîmées par le temps, les pas précipités claquaient mais restaient à peine audible dans ce tapage incessant de cris. La fillette courrait en évitant avec soin les matelots affairaient à leurs tâches quotidiennes. Elle connaissait chaque recoin du navire et n'avait aucune difficulté à éviter d'un simple saut le matelot occupé à récurer le sol. Ce qu'elle n'avait pas prévu en revanche fût la présence inhabituelle du capitaine sur le pont inférieur. « Holà !! » La petite le heurta de plein fouet et perdit l'équilibre. « Talya ! » Soudainement retenue par les bras bienveillant de sa mère, la fillette aux cheveux d'ébène se redressa afin de faire face aux deux adultes. « Combien de fois t'ai-je dis de ne pas courir ici ? » Le regard fixé sur ses chaussures, Talya avait l'air penaud de l'enfant pris en faute. « Désolée. » murmura-t-elle, tandis que le capitaine soupirait bruyamment. « Bah ! Une fillette dans son genre n'a rien à faire sur un navire comme celui-là. Tiens la tranquille Atara ! » Cela faisait dix longues années qu’elle vivait sur ce navire en compagnie de sa mère et de cet homme qu’elle méprisait. Ce capitaine cruel et sans remords que la belle sudiste Atara disait aimer. Du haut de ses dix ans, Talya n’était pas dupe. Il était question de survie et de protection. Elle le savait, hors de ce bateau, elles seraient, l’une comme l’autre, vendues comme esclaves. Alors elle suivait les ordres sans broncher. A dix ans on ne peut rien accomplir. Mais avec quelques années de plus, Talya en était certaine, elle serait en mesure de tout changer. Finie cette vie de misère ! Elle pourrait emmener sa mère loin de ce rafiot, loin de cet homme. Elle pourrait lui offrir une meilleure vie, sur les mers ou sur terre. Peut-être même pourrait-elles retourner dans leur pays natal. Talya pourrait découvrir les vastes étendues de sables. Peut-être pourrait-elle enfin découvrir l’identité de son père. « Viens ma chérie. » Sa mère l’entraina hors de la vue du Capitaine et du reste des matelots, dans leur petite cabine. Elles s’assirent au bord du lit. « Tu dois être prudente. Un navire n’est pas une aire de jeux. » La petite, honteuse, baissa la tête. « Je sais. » Sa mère, dont le sourire chaleureux devait lui venir directement des Dieux, l’embrassa sur le front. « Tu es mon miracle. Ne l’oublie jamais Talya. Les Dieux veillent sur toi. Ne déclenche pas leur courroux pour des sottises. »
her sweet clear face was flawless
Tout espoir avait finalement abandonné son esprit. Son corps refusait de la supporter d'avantage. Privée de nourriture mais surtout d'eau depuis des jours, elle avait cessé de compter le temps passait sur cette île maudite. Elle sentait ses forces l'abandonnée et le poison de l'eau salée s'insinuait dans son corps. Ainsi c'était la fin. Elle mourrait seule sur ce banc de sable entouré des squelettes de ceux qui, comme elle, avait été trahi. Ses yeux se voilèrent et puis ce fût le néant.
Bercée par le bruit incessant des vagues, elle percevait une odeur familière de sel et de bois. Une odeur qui l'avait suivi depuis son plus jeune âge et qu'elle ne pourrait jamais oublier. Mais pourquoi cette odeur entêtante la suivait-elle jusqu'au paradis ? Est-ce qu'Oriel l'avait recueilli en son pays ? Ce ne pouvait être que ça. Elle ouvrit les yeux et ce qu'elle vit ne ressemblait en rien à l'idée qu'elle se faisait du paradis d'Oriel « Morning sunshine ! » Talya bondit sur ses pieds, poings levés vers cet homme qui lui était tout à fait étranger. « Où suis-je ? Qui êtes-vous ? Que m'avez vous fait ? » Elle avait reculé jusqu'à heurter un meuble richement décoré d'où une vielle carte tomba. L'homme ne bougeait pas. Il l'observait avec un sourire amusé « A quelle question dois-je répondre en premier ? » Déstabilisée par son ton désinvolte et son sourire charmeur, la jeune fille baissa lentement les poings, réalisant finalement que cela ne lui serait d'aucune utilité. Elle tâta la petit meuble sur lequel elle avait buté et trouva enfin quelque chose qui l'aiderait. Talya se saisit d'un petit couteau et le brandit devant elle. « Laissez-moi partir ! » Il se mit à rire et s'approcha lentement. « Vous vous trouvez actuellement sur un navire. MON navire pour être exact. Je doute fort que vous souhaitiez le quitter. » L'homme, qu'elle pouvait à présent détailler avec plus de facilités, lui tourna le dos et se servit un verre d'un liquide ambré. Talya resta immobile. « Bien. » Il but une longue gorgée sans pour autant la quitter des yeux. « Si vous voulez une conversation je vous suggère de reposer ça... » Il désigna le couteau qu'elle tenait fermement dans sa main. Talya hésita un instant. Elle était sans défense et, quoique cet homme avait des manières tout à fait correcte, elle ignorait ce qu'il allait lui arriver. Finalement, la jeune fille lâcha sa prise. « Très bien. » Il reposa lui-même son verre et s'adossa contre une table usée par le temps. « Je suis le capitaine Cenric et vous êtes sur mon bateau, le NOM DU BATEAU ». L'inquiétude de Talya ne redescendit pas pour autant. Au contraire, elle avait toujours l'air aussi apeurée. « Pavillon noir, rassurez-vous. » Elle observa enfin la cabine dans laquelle elle se trouvait et à en juger par les éléments qu'elle trouvait ici il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait de la cabine personnelle du capitaine. « Qu'est-ce qui vous fait croire qu'un bateau pirate me rassure ? » Il esquissa un nouveau sourire qui, en d'autres circonstances, lui aurait fait abattre ses dernières défenses. Malgré tout, la jeune fille se sentait presque rassuré par cet élan de simplicité et de gentillesse. Sa voix, douce et suave, aurait pu bercer ses rêves et la plonger dans un sommeil paisible. Elle croisa son regard et ne pu s'empêcher de plonger dans les iris bleu de ce capitaine aux allures de gentleman. « Nous vous avons trouver a moitié morte sur le sable de l'île des damnés. J'en conclu donc que vous êtes familière avec la piraterie. » Son air suffisant et le ton de sa voix devenu supérieur suffit à Talya pour reprendre sa position de défense. Elle n'était plus si sûre d'apprécier cet homme. Ils restèrent silencieux un long moment. Seul le bruit des vagues contre la coque du bateau résonnait dans la cabine. Talya n'entendait même pas ses propres battements de cœur. Elle se savait piégée et pourtant elle ne ressentait aucune hostilité de la part de cet homme. « Et si vous me racontiez votre histoire ? » Il lui tendit une outre, un sourire rassurant et chaleureux sur le visage.
when you stop fighting, you stop living
Elle est allongée une plage de sable blanc. Auprès d'elle, Cenric dessine des formes imaginaire du bout des doigts sur son corps nus. Ils font l'amour. Une belle journée... Un mensonge. Un rire gras la ramener brutalement vers la réalité. Une cage aux barreaux rouillés, le roulement des vagues contre la coque, une porte qui s'ouvre à la volée. Son corps frêle, sale et meurtri tente de s'enfuir, se cache le plus loin possible dans cet espace réduit. Rien à faire. Prise au piège, elle allait encore souffrir mile maux aux mains de son tortionnaire. « Viens par là allez ! On va faire une petite balade ! » Il l'enchaîne. Esclave d'un homme qu'elle a toujours détesté, Talya n'a plus la force de se battre. Elle n'a plus vu la lumière du soleil depuis des jours. Depuis qu'il l'a retrouvé et a réussi à s'emparer d'elle. L'espoir de voir Cenric la libérer s'était finalement évanouie. Elle ne croyait plus en rien, elle avait même cessé de prier Oriel. La nuit était finalement tombée, baignant de lumière blanche le port de Turtleroc où se jouait un drôle de spectacle. Celui de son humiliation. Tous regardaient, hommes et femmes, assassins et putains, enfants et chiens. Ils regardaient et ne faisaient rien pour arrêter son supplice. Elle comprenait. Qui était assez fou pour s'en prendre à Edward Teach ? Celui là ne vivrait pas assez longtemps pour voir le prochain soleil se lever. Elle traînait derrière lui, enchaînait, sa robe autrefois blanche tâchait de poussière, de boue et de sang. Il riait, une bouteille de rhum à la main, tirant sur les chaînes, la faisant tomber à terre et riant plus fort. A bout de forces, elle souhaitait que tout ça s'arrête. Elle avait survécu à la mort une fois et ne comptait pas la défier encore. Elle embrasserait sans peur les lèvres mortelles d'Ilendras pour rejoindre l'au-delà. « Debout garce ! » La main était prête à s'abattre encore. Elle attendait la douleur et le sang sur ses lèvres. Elle pouvait déjà sentir la chaleur sur sa joue. La douleur était terrible. Elle aurait aimé s'évanouir, ne plus rien ressentir. Hélas, elle demeurait consciente, prisonnière de la situation, bien obligée d'avancer et de subir. La foule riait, buvait, se délectait d'une spectacle. « Je me suis farci la mère y a des années ! Ce soir, c'est la fille que je vais coucher. » Et il rit encore, et toujours la traîne et la force à reprendre le chemin du port là où son destin sera scellé. Elle a envie de hurler mais sa voix se brise dans sa gorge. Elle ose un regard autour d'elle, espérant y voir un visage familier, espérant que son sauveur se trouvait dans la foule. Cenric n'y était pas. Il n'y avait que des ivrognes, des meurtriers qui auraient aimé eux aussi goûter à ses délices. Des hommes à en vomir. Tous sauf un. Le visage fermé, des yeux bleus tristes braqués sur elle. Un regard à vous saisir le cœur, à couper la respiration. Il disparaît tandis qu'on l'embarque de force sur le Queen's revenge.
Elle a acceptait la fatalité. A quoi bon se battre et se débattre ? Elle n'est plus qu'un pantin, une vulgaire poupée entre les mains de Teach. « Je vais t'apprendre une bonne leçon. » Déjà sa ceinture claque entre ses mains, son pantalon tombe autour de ses chevilles. Un premier coup et un cri impossible à contenir. Combien suivront ? Elle prie les Dieux de l'achever rapidement. Et tandis que ses yeux se ferme, un coup de feu retentit. Ce n'est pas sa fin qui sonne mais celle des hommes de Teach restaient à l'extérieur. « Te réjouis pas trop vite fillette. Ces crétins peuvent se débrouiller. Je ne vais nulle part. » Il rit et s'apprête à lui faire mal, à donner l'assaut sur son corps trop frêle pour le repousser. C'est là que la porte s'ouvre à la volée, qu'il est à nouveau stoppé dans son élan, qu'elle peut respirer. « Lorcan ! Tu veux ta part c'est ça ? » Le coup part, la détonation résonne dans sa tête . Teach s'écroule en hurlant. Il n'a pas le temps de se saisir de son arme que déjà son assaillant le dépouille, le menace en silence. L'homme au visage fermé et au regard perçant offre la liberté à Talya. A quel prix ? Elle passe d'un geôlier à un autre, incapable de lutter. Elle le laisse l'emporter dans ses bras loin de cet enfer pour en découvrir un autre. A peine consciente, elle se sent ballottée, se sait transporter sur l'île vers une destination inconnue. Et alors que la peur devrait l’étreindre, elle se sent plus en sécurité que jamais. Le nom de Cenric aux lèvres, elle s’évanouit pour se réveiller des jours plus tard dans un lit. Des vêtements propres sur le dos, ses chaînes gisant au sol, la douce chaleur du soleil sur sa peau, elle n'y comprends plus rien. « Tu es en sécurité. » lance une voix masculine, à la fois suave et rassurante. Sourcils froncés, Talya se recroqueville sur elle-même, prête à recevoir de nouveaux châtiments et à souffrir encore. Il pose un verre de bois près d'elle et s’assoit à l'autre bout du lit, une assiette à la main. « Un baume pour soigner les quelques blessures qu'il te reste. » Ils se jaugeaient, le regard passant du visage au corps, plongeant dans les yeux de l'autre. Elle cherchait à comprendre, à savoir ce qu'il lui voulait. Les hommes ne font jamais rien sans rien. « Tu devrais pouvoir partir d'ici quelques jours. Le temps de retrouver tes dernières forces. » Il se lève, prêt à partir, à la laisser seule. Dans un élan inexplicable, Talya lui attrape le poignet, l'empêche de la quitter. « Je vais te chercher de quoi manger. » Il ne se retourne même pas lorsqu'il se défait de sa faible étreinte. « Qui êtes-vous ? » Stoppait dans son élan, la silhouette inconnue soupir un grand coup. « Lorcan. » Il ne bouge plus, attendant sans doute qu'elle se présente aussi. Elle attrape la petite assiette où repose une pâte gluante et verdâtre. « Talya. » Un silence, elle croit percevoir un frisson le long de son dos. « Merci Lorcan. » Il disparaît, la laissant seule pour le reste de la journée. Encore une fois, Talya doit son salut à un homme dont elle ignore tout. Encore une fois elle n'est qu'une victime, pauvre femme sans défense. Mais cette fois, Talya se fait la promesse de ne jamais plus dépendre d'un homme.
Talya Blackraven
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Premier Voyage : 02/09/2014 Missives : 446 Pseudo : riddermark (florence) Occupation : capitaine de l'Oriel's Jewel, tueuse, voleuse et pilleuse, croqueuse d'hommes, traitresse... Localisation : sur toutes les eaux de Vanàrillion.
Sujet: Re: talya + we don't get to pick our fate Ven 8 Mai - 9:55
through her love, bewitched his heart and held him there
Elle avait hésité. Vraiment. Jusqu’au bout. Sur le chemin même des quartiers du Capitaine elle avait encore songé à faire demi-tour. Lorcan avait été bon avec elle. Il l’avait sauvé. Il l’avait soigné, nourrit et permis de revivre un peu. Mais Lorcan demeurait un homme. Malgré tout son pouvoir et son influence, i ne la mènerait nulle part. Elle ne serait jamais rien de plus qu'une femme à son service. Malgré tout l'amour qu'il lui portait, Lorcan ne pouvait la hisser au rôle de Second. Malgré tout l'amour qu'elle avait pour lui, elle ne supportait plus cette situation. Elle s'était promis de ne plus laisser un homme dicter sa vie. Il l'avait forgé et il était temps pour elle de prendre son envol, de devenir quelqu'un par ses propres moyens. Ilara avait fini par la convaincre. Les hommes sont une faiblesse et elle devait se débarrasser de celle-ci. Un pion de plus dans son jeu. Un pion qu’il était temps de jeter à bas de l’échiquier. Sans aucun remords, la jeune femme s’empara d’une cassette contenant un amas de bijoux en tout genre. Elle les glissa dans un large sac jaunit par le temps. La mer était calme et berçais les quelques marins endormis qui étaient resté sur le navire. Le Capitaine, lui, était trop occupé sur l’île pour se soucier du larcin dont il était victime en ce moment même. « Dépêche-toi ! » lui commanda Ilara depuis de l’extérieur de la cabine. Talya l’ignora. Elle continuait, paisiblement, à attraper tous les objets de valeur sur lesquels ses yeux verts se poser. Elle récupéra un pistolet de jolie facture et le glissa à sa ceinture avant de rejoindre sa complice. « Allons-y. » La nuit sans lune et brumeuse leur permit de passer inaperçue. Elles quittèrent le pont inférieur et descendirent du navire sans un bruit, telle des ombres. « Tu vas quelque part princesse ? » Ses yeux se fermèrent tandis qu’elle s’arrêtait, la main sur l’arme qu’elle venait de voler. Un frisson la parcouru. Un sourire aux lèvres, elle se retourna pour faire face à l’homme qu’elle venait de dépouiller. L'homme qu'elle aurait souhaité ne pas aimer si fort. « Désolée Lorcan, on m’a fais une meilleure proposition. » La main serrée sur la crosse du pistolet, elle désigna d’un bref signe de tête la femme derrière elle, Ilara, le Capitaine de l'Oriel's Jewel. De la ville arrivée des cris enjoués et le bruit des combats d’ivrognes. « Tu n'ira nulle part Talya. » Elle laissa échapper un rire discret et s'avança lentement, prudemment. Derrière elle Ilara s'impatientait, la conjurait de ne pas faire ça, de partir maintenant. « C’est la vie qu’on a choisi. Je suis un pirate. » Il dégaina son pistolet et le pointa directement sur elle. Talya fit de même, avec deux secondes de retard. « Rend-moi mon argent et tu pourras partir en vie. » Elle riait franchement, incapable de se retenir, la folie pointant dans ses yeux. « Tu ne me tuera pas. Tu ne peux pas. Contrairement à moi. » Elle n'hésita même pas avant de tirer dans son épaule droite. Lorcan tomba à la renverse, lâchant son arme. Talya, déstabilisée par son propre acte, hésitant à nouveau à partir, s’agenouilla auprès de Lorcan. « Désolée mon amour. Mais tu le sais aussi bien que moi. Dans cette vie on n’a pas d’amis, pas de famille. On n’a que soi-même. » Elle repoussa l'envie pressante de l'embrasser encore une fois, une dernière fois. Au lieu de cela, elle ne jeta pas un regard en arrière tandis qu’elle montait sur son nouveau navire et quittait le port où gisait Lorcan, blessé physiquement, mais aussi et surtout dans son orgueil. Elle savait qu’il se vengerait. Tôt ou tard il la retrouverait et ces retrouvailles n’auraient rien de plaisant. Mais, Talya avait réussi. Elle s’était affranchi de ses maîtres. Elle était enfin sa propre reine.
the world has changed, and none of us can go back
Ses mains ensanglantées tremblaient. Au-dessus d’elle, Talya distinguait les pas précipités des matelots. Qu’avaient-ils entendus ? Avaient-ils pu distinguer le moindre mot dans tous ces cris ? Elle l’ignorait et n’avait pas le temps de s’en inquiéter. Sous elle reposait le corps inerte de celle qui avait été son capitaine, son mentor, son amie. Son sang coulait sur les lames de plancher, inondant sa robe bleu, léchant avidement les bottes de Talya. Quelqu’un dévale les escaliers devant elle. La jeune fille, âgée d’à peine vingt ans, la dévisage, apeurée, comprenant à peine ce qu’il se passait. « Talya ? » Sa voix la trahit. Elle murmure, elle hésite. Talya n’a pas le luxe d’hésiter. D’un coup sec, elle retira le couteau du ventre de son ex-capitaine et se leva avec toute la prestance qu’on lui connaissait. « C’est capitaine Blackraven désormais. » Le temps jouait contre elle. Si elle hésitait encore, si elle se prenait à contempler le corps sans vie à ses pieds, tout serait perdu. Sans un regard en arrière, Talya quitta les lieux, laissant la pauvre jeune fille seule avec le cadavre. Une fois sur le pont, le vent fouetta son visage et s’engouffra dans ses longs cheveux. Sa robe virevolta et relâcha quelques gouttes de sang prisonnières du tissu. Talya pris conscience de tous les regards tournés dans sa direction, la dévisageant, cherchant une faille dans son comportement. Stoïque, droite comme un mat, la jeune femme avança d’un pas déterminé, prête à tuer à nouveau s’il le fallait. « Ilara est morte. » Main sur le pommeau de son épée, elle laissa le temps s’écouler, scrutant le visage surpris, parfois dévasté, de ses camarades. « Meurtrière !! » Sur le pont supérieur, non loin de la barre, un homme la pointait du doigt. Un sourire au coin des lèvres, Talya avança tout droit vers lui, gravant les marches tandis qu’il vociférait à nouveau. « Aux armes ! Vengez le Capitaine !! » Arrivée sur le pont supérieur, Talya le vit fondre sur elle, épée au poing. Elle dégaina sa propre arme et para avant d’enfoncer son élégant sabre dans les entrailles du pauvre malheureux qui s’effondra, hurlant comme un cochon. Personne ne bougea. Talya s’agenouilla auprès de l’homme, sortit un petit couteau de son corset et l’approcha de la gorge du mourant. « Oh oui j’ai tué cette chienne. Et je vais te tuer de la même manière. Transmet lui mon bon souvenir. » Et elle trancha dans la chair tendre. A nouveau, le sang imbiba sa robe. Talya se releva, scruta le visage des hommes et des femmes qui à présent étaient les siens et sourit. « Bien. Est-ce que quelqu’un d’autre veut les rejoindre ? » Certains reculèrent. D’autres brandirent leurs armes.
Il ne fallut pas plus de dix minutes pour faire taire les mutins et les jeter par dessus bord. Le navire enfin à elle, Talya ne craignait plus rien ni personne. Bientôt elle instaurait de nouvelles règles qui changeraient à jamais l’histoire de ce navire.