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 (wilhem) rather death than slavery.

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MessageSujet: (wilhem) rather death than slavery.   (wilhem) rather death than slavery. EmptyVen 3 Juil - 13:50



Wilhem & Iodunn

there's a battle between two wolves inside us

L'aube se lève à peine. Le soleil perce le rideau de la nuit qui s'évapore. De ses doigts carmins, il caresse la couverture de feuilles formée par le chapiteau d'arbres aux couleurs si mornes habituellement, revêtant les troncs d'un manteau d'or pâle. L'herbe est humide. Iodunn est couchée à même le sol, nue. Elle sent le froid qui grignote sa chair comme mille insectes carnivores, mais elle ne bouge pas. Chacun de ses muscles brûle encore. Chaque parcelle de sa peau tressaille, comme agitée par une multitude de courants électriques. Elle est en position foetale. Abandonnée dans l'endroit le plus dangereux de Mistyland. Sa demeure. Son échine est criblée de marques. De cicatrices qui se referment à peine, et qui auront presque disparu dans quelques heures. Ou quelques minutes. Elle ne sait pas trop. Elle ne fait que les sentir, sans les voir. Elle sent les hématomes, les bleus, les contusions. Elle sent dans sa bouche le goût d'un sang (sûrement innocent), les entailles qui bordent ses lèvres, écorchées par ses propres crocs aiguisés. D'un geste machinal, elle s'essuie la bouche. Elle n'a toujours pas ouvert les yeux. Les réveils sont toujours difficiles. Dans le ciel, la Lune (pleine) s'est voilée. Elle lui fait un signe d'au revoir, mais pas d'adieu ! On se revoit dans une lune, Iodunn. Elle se redresse péniblement. Les feuilles crissent à peine sous son poids que l'on qualifierait de plume. Son corps commence à trembler, elle sent le froid, elle sent l'humidité de la rosée qui mouille la terre. Elle se sent sale.
Elle se sent meurtrière.
Sa tête dodeline. Elle a le vertige. Il faut attendre encore un peu. Essoufflée, perdue, elle se demande si elle s'y habituera un jour. Ou si cela sera toujours douloureux. Près d'elle, il n'y a rien. Ni manteau, ni compagnie. Juste la peur, juste la honte, juste le dégoût – autant de sentiments qui viennent la border en ces drôles d'aubes amères. Pas une once de fierté, par de support de force ces jours-là. Elle se dit libre, elle se dit forte, invincible. Mais Io ne l'est pas. Sûrement pas dans ces moments-là. La rouquine a seulement le goût d'une personne démunie, abandonnée à son sort. Celui d'une bête. D'un monstre. Elle se redresse un peu de nouveau. Elle sent ses os craquer, ses muscles courbaturés se tendre et se détendre. Son sang s'agiter de nouveau dans ses veines, colorer sa peau frigorifiée. Il faut qu'elle se réchauffe. Il faut qu'elle s'active. Sinon, elle mourra ici. Elle n'y est pas morte il y a vingt-quatre ans, elle n'y mourra pas aujourd'hui. Son ventre crie famine, alors qu'il s'est sûrement bien rempli cette nuit. De nouveau, une nausée sévère attaque son estomac et cette fois, elle se penche pour recracher une bile acide, pleine de rancoeur envers elle-même. Le silence est total dans cette partie de la région. Pas d'oiseau pour chanter le lever du jour. La jeune femme récupère peu à peu ses esprits. Ses forces, aussi. Son courage, son dévouement. Elle masse sa nuque endolorie, puis relève les yeux devant elle.

Son regard clair, couleur ciel-gris d'été, en rencontre soudainement un autre. D'un bleu électrique. Foudroyée, Iodunn est figée, paralysée. Les muscles tendus comme si elle s'apprêtait à fuir (ou attaquer) au moindre mouvement. Elle ne parvient pas à discerner le visage de l'inconnu, qui l'observe là en silence.
Comme un voyeur. L'obscurité est encore tenace, l'aube a du mal à percer la couche feuillue, le visiteur clandestin est trop loin. Mais ses yeux acérés l'ont vu. Et lui aussi, semble l'avoir vue. Elle couvre maladroitement ses seins d'un bras. Le regard sévère, elle s'est assise sur ses genoux. Elle n'a plus froid. Elle dévisage ces yeux qu'il lui semble avoir déjà vus. Mais ça n'a pas vraiment d'importance sur l'instant. Elle n'a aucune arme avec elle. Ne sait pas où elle a abandonné son arc. Sûrement dans la souche d'un arbre avant la transformation. Avec ses habits aussi, probablement. C'est qu'elle est devenue coutumière de ces rituels désagréables. « Qui est là ? » aboie-t-elle d'une voix sèche, autoritaire, mais teintée par un sentiment nuancé. Une peur non-avouée, une crainte niée. Parce qu'elle sait très bien qu'elle est seule, sans défense. Et que même avec toute la volonté du monde, elle ne gagnerait pas selon son adversaire. Selon ce qu'il lui voudrait.
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Wilhem Wolfdregil

Wilhem Wolfdregil

my own savior
Premier Voyage : 02/05/2015
Missives : 305
Pseudo : ☾ windsouth. (alizée)
Occupation : ☾être le chien-chien à une demoiselle qui porte souvent un chaperon rouge, wouf.
Localisation : ☾silverdims à mistyland, là où les loups dominent, wouf.

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MessageSujet: Re: (wilhem) rather death than slavery.   (wilhem) rather death than slavery. EmptyMar 7 Juil - 1:07



☾A misty memory, a haunting face.


who is she ⊰ i monster



who is she ⊰ i monster

De là où je me trouvais, j'arrivais à sentir une confusion de parfums. Un mélange de sang,  de terreur, et d'affliction. Puis, après la découverte de cette émanation répugnante qui avait attaqué mon odorat, ce fût mon ouïe qui en vint à être lésée. En effet, j'entendais parfaitement bien les vociférations de cette pauvre créature qui était en train d'être tourmentée. Et qu'es-tu en train de faire, Wilhem ? Je gardais la porte de cette pièce de torture. Les bras bien croisés derrière mon dos, me tenant aussi droit que possible, je montais la garde, presque d'une manière obséquieuse. Pourquoi, mon pauvre ami ? Parce qu'elle m'en a donné l'ordre. Et lorsque la maîtresse ordonne, le loup obéit. C'était une règle que jamais je ne devrais briser. Peu importe la situation, même une comme celle-ci. Oui, j'obéissais de la plus servile des manières, pourtant... Pourtant ? Oui, pourtant, je n'arrivais pas toujours à faire taire cette petite voix qui me murmurait bien des choses. Pourquoi fais-tu ça, Wilhem ? Pourquoi lui obéis-tu ? Tu pourrais cesser cette mascarade, et redevenir ce que tu devrais être. Tu pourrais sauver cette pauvre bête du sort que tu as connu ! Pourtant malgré ces incessants murmures, répandant une vérité indéniable, je mettais ces chuchotements de côté. Je me concentrais de nouveau sur mon devoir: Celui de surveiller l'entrée de la porte. Alors, soudain, peu importait les odeurs et les cris, je mettais tout ça de côté, et je redevenais ce que j'étais. Je redevenais le fidèle serviteur de la demoiselle au chaperon rouge, rien de plus. Les cris devinrent de plus en plus puissants, ainsi que l'odeur qui devint de plus en plus entêtante. Toutefois, je n'étais plus perturbé. J'étais parfaitement calme à présent. J'avais réussi à complètement mettre la petite voix sous silence. Ta conscience. Peu importe ce que cette voix était, elle n'était plus un problème maintenant. « Wilhem ! » s'écria Lyra subitement. Je sortis de mes pensées, et je me tournai vers cette fameuse porte. Il y a des années de cela, lorsque je n'étais qu'un enfant, j'avais passé le seuil de cette entrée. Et ce fût seulement de nombreuses années plus tard que j'avais pu quitter cette pièce.  « Wilhem ! » cria-t-elle d'une manière plus agressive. C'est pourquoi il était encore difficile pour moi d'entrer dans cette salle. Les cicatrices ne s'effacent jamais vraiment, n'est-ce pas ? Tais-toi, je t'en prie, tais-toi, petite voix. Je dois entrer, je dois obéir, je dois lui obéir. Je posai ma main sur la poignée, un peu hésitant. Quand tout d'un coup la porte s'ouvrit violemment. « Mais, bon sang, que faisais-tu donc ? » maugréa-t-elle, en s'essuyant ses mains ensanglantées avec un petit mouchoir rouge, aussi rouge que le sang qui se trouvait sur ses mains. « Oui, pardonnez-moi, je... » commençais-je à dire. Puis, mon attention se porta sur le petit louveteau, ou du moins le petit garçon à présent, suspendu en l'air, les mains liées à une chaîne. La tête baissée, le corps inerte, le souffle éteint. Il est mort. Mon attention resta pendant quelques instants centrée sur cette petite créature ensanglantée. J'entendais une voix m'appeler, certainement celle de Lyra, mais je n'arrivais pas à me reconnecter à la réalité. Car, cette voix était réapparue, plus assourdissante que jamais, plus puissante que celle de Lyra. Ce n'était plus des murmures, mais bien les pires vociférations. Il est mort ! Ce loup est mort, et c'est de ta faute ! « Wilhem ! » cria-t-elle, tout en me prenant violemment le bras pour me ramener à la réalité. « Oui, pardonnez-moi. » m'excusais-je en reportant mon attention sur la femme en face de moi, et non sur le corps inerte qui se trouvait derrière. « Je te disais que celui-ci n'a pas survécu au dressage. Va déposer le corps dans le bois de Chantelune, et tâche de m'en trouver un autre. Plus résistant cette fois-ci. » ordonna-t-elle, tout en continuant de nettoyer ses mains. « Bien, madame. Cela sera fait. » murmurais-je difficilement, tout en baissant légèrement la tête pour qu'elle ne puisse pas déceler dans quel état de trouble je me trouvais à présent. J'entrai dans cette pièce de cauchemar, et je décrochai le corps de la chaîne. Et c'est ainsi, le corps du louveteau dans un sac, que je partis en direction du bois de Chantelune pour y poursuivre ma honteuse besogne. Si honteux. Tu n'es plus un loup... Non, en effet. Je n'étais plus rien du tout à vrai dire.
Il ne me fallut très peu de temps pour arriver dans le bois de Chantelune. Je transportai cette pauvre créature défunte sur mes épaules, et je m'enfonçai de plus en plus dans ce bois sombre et mystérieux, tant redouté par les humains. Puis, quand je fus assez loin de la lisière du bois, je creusai un trou, ou une tombe comme pourrait l'appeler plus communément les humains, pour enterrer ce petit corps. Puis je déposai le cadavre dans son ultime demeure. Toutefois, en le déposant, le sac se retira quelque peu, et j'aperçu les yeux vides de vie du petit garçon, qui était autrefois un loup. Il était bien mort, pourtant j'avais l'amer impression qu'il me regardait avec dégoût et haine. C'est de ta faute. Tu trahis ta propre race. Tu es une véritable honte. Je pris une grande inspiration, tout en fermant les yeux. Puis quand je les rouvris, la voix était de nouveau partie. Et j'enterrai le corps, en y cachant ma honte, et ma trahison. Quand cela fût fait, je pris le chemin du retour, avec l'impression désagréable de sentir la mort. La mort est sur tes mains, Wilhem. Quand soudain, un bruit retint mon attention. J'humai l'air. Je sentais les odeurs de la forêt, celle de la mort, mais j'arrivais également à déceler une odeur qui m'était familière. Je suivais ce parfum aux douces nuances de la réminiscence. Se pourrait-il que... ? Non, non. Ce n'est pas possible. Ça ne peut pas être elle. Pourtant, derrière les feuillages, j'aperçu une chevelure de feu qui m'était très familière. « Ce n'est pas possible... » murmurais-je à moi-même. Le destin était bien farceur... Je venais tout juste d'enterrer un des miens, et je la retrouvais... Je restai quelques instants là, à l'observer, sans bouger. Je ne m'arrêtai pas sur sa nudité, les loups n'étaient après tout pas troublés par ce genre de futilités. Car, ce n'était pas l'homme qui avait le contrôle à présent, mais c'était bien le loup, celui que j'étais autrefois, qui avait pris le pouvoir. De nombreux souvenirs revinrent en mémoire, de merveilleux souvenirs. Et d'autres vinrent également, mais cette fois-ci, teintés d'une douloureuse mélancolie. « Qui est là ? » cria-t-elle soudainement. Sa voix me força à sortir de ma nostalgie. Elle m'avait repéré. Fuir ? Je le pouvais toujours. Allez, pars, Wilhem. Pourquoi restes-tu ? Oui, pourquoi ? Parce que tu n'as pas pu manquer les égratignures un peu partout sur son corps. Tu n'as pas pu omettre qu'elle n'avait plus tout à fait le même parfum, qu'une odeur étrange s'était attachée à elle. Et parce que tu sens, au plus profond de ton être, qu'elle est en danger. Voilà pourquoi, Wilhem. Ce n'est plus mon problème. Cette femme appartient à un passé révolu. Je ne suis plus ce louveteau innocent qui courrait derrière cette petite fille aux rires joyeux. Je dois partir, je dois trouver un autre louveteau pour Lyra, et je dois la rejoindre. Alors pourquoi avances-tu droit vers elle ? En effet, je sortais de ma cachette pour me diriger vers ma sœur, si je pouvais véritablement la nommer ainsi. Je n'avais jamais su son prénom, puisque autrefois je n'étais qu'un animal. Pourtant je n'avais pas besoin de savoir son identité pour savoir qu'il s'agissait bien d'elle. Je me trouvais maintenant à quelques mètres de la jeune femme à la chevelure de feu, là où elle pouvait me voir avec clarté. Même si je savais qu'elle ne pouvait pas me reconnaître, mon cœur ne pouvait s'empêcher de se mettre à battre, entraîné par cette peur profonde ; celle qu'elle puisse m'identifier. « Excusez-moi, je ne voulais pas vous déranger. » m'excusais-je en évitant le plus possible de la fixer dans les yeux. Elle pourrait attribuer cela au fait de sa nudité, toutefois la raison en était bien différente. J'étais inconfortable à l'idée qu'elle puisse découvrir la vérité grâce à mes yeux. Il fallait que je sois le plus discret possible. « Néanmoins, je serais assez curieux de savoir ce que fait une jeune femme, telle que vous, si peu vêtue, dans la forêt la plus redoutée de Vanarillion ? » dis-je avec un léger sourire moqueur. Oui, voilà, Wilhem, continue à être un lâche. Oui, je ne pouvais décidément pas lui révéler qui j'étais réellement. Si Lyra apprenait son existence, cela serait catastrophique pour elle. Je devais jouer un rôle, celui d'un gentilhomme, et je devais cacher le mieux que je pouvais mon identité, tout en tentant d'en apprendre un peu plus sur elle. Car, je sentais qu'elle se trouvait en danger. Ou était-ce peut-être juste une impression ? J'avançai doucement vers elle, sans geste brusque, de peur qu'elle s'échappe en courant. « Tenez. » dis-je en lui tendant ma cape. Je détournai la tête, jouant l'humain gêné par la situation. La voix revint de nouveau me murmurer au creux de l'oreille, me mettant de nouveau face à une vérité incontestable: Te voilà dans de beaux draps, mon ami.



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MessageSujet: Re: (wilhem) rather death than slavery.   (wilhem) rather death than slavery. EmptyMar 7 Juil - 11:52



All monsters are human


believe i've got high hopes



L'inconnu ne sort pas de sa cachette. Iodunn réfléchit à toute vitesse. Son cerveau carbure. Pourtant, elle a du mal à réfléchir. Elle est là, prise au piège sous le regard d'un possible ennemi qui sera, vu sa situation, toujours plus fort qu'elle. Un ennemi, puisqu'ils le sont tous, pour elle. Qu'ils représentent, au fond, tous une menace. Surtout les hommes. Elle s'est presque arrêtée de respirer. Elle regarde brièvement autour d'elle, prenant le risque de s'arracher à la fixation des yeux bleutés. Vu son état, il lui faudrait une seconde pour se lever, ce qui est déjà trop. Le temps qu'elle atteigne les fourrés et qu'elle se fondent parmi les arbres gris, une bonne dizaine de secondes. Toujours trop. Si seulement t'étais en meilleur état. Oui, mais ce n'est pas le cas. Elle tourne brusquement la tête lorsqu'elle entend un bruit. Le coeur battant, elle observe les fourrés s'écarter, pour dévoiler son mystérieux voyeur. Ses iris paraissent encore plus clairs, avec ses yeux écarquillés. La Louve se tapit en arrière, comme si elle voulait lui dire d'arrêter d'avancer.
L'inconnu est un homme. Grand. Il lui semble immense, là assise à même le sol comme un animal. Ce qu'elle est restée, au fond. Une bête sauvage, qui n'a jamais vraiment su s'intégrer au monde qui lui est pourtant sien. Ses pas dévorent la distance qui les séparent, et dans de vieilles habitudes gardées, Iodunn retrousse ses lèvres. Comme le ferait un loup. Avouons que c'est beaucoup moins impressionnant de voir une femme faire ça qu'un loup, mais aussi bien moins courant. Ses yeux clairs pourraient le tuer, s'ils étaient des armes. Mais des armes, elle n'en a aucune. Sinon sa malice, qui pourra peut-être la sauver. Elle est persuadée qu'il vient pour la chercher. Pour la prendre, ou la tuer, ou la violer, ou la mettre en esclavage, ou un truc comme ça qu'elle n'apprécierait de toute façon pas. Puis, il s'arrête. Le coeur d'Iodunn chavire, à même le sol, renversant sur la terre humide toutes ses peurs. Elle l'observe comme une bête traquée, malgré-elle. Alors qu'elle aimerait être dans la position du chasseur. Maintenant qu'il est près d'elle, elle peut le détailler plus facilement. Ses yeux sont d'un bleu inégalable. Celui qui rappelle un ciel qu'on ne voit pas dans le bois de Chantelune. Seulement depuis les hautes fenêtres d'une tour, peut-être, au-dessus des nuages. Ses traits ont quelque chose de mitigé. À la fois rassurants, à la fois torturé. Comme s'il se battait, lui aussi, contre quelque chose. D'ailleurs, elle sent aisément une odeur étrange sur lui. Une odeur de loup. Bien loin de se douter que c'est de lui qu'elle émane, elle s'imagine que c'est elle qui sent ainsi. Qui sent la bête sauvage. Le monstre. Elle ferme les yeux. Une seule seconde seulement. « Excusez-moi, je ne voulais pas vous déranger. » La déranger ? Là, perdue au beau milieu de l'endroit le plus dangereux de Mistyland, il ne veut pas la... déranger ? Io parle depuis près de dix ans maintenant. Elle comprend bien mieux qu'elle ne s'exprime pourtant. Ses prunelles le dévisagent toujours avec une méfiance non camouflée. Elle ne répond rien, elle reste muette, penchée vers l'arrière, fuyant l'ombre qui se dresse au-dessus d'elle. Elle a le coeur qui bat à cent à l'heure, malgré qu'elle affiche un calme olympien en apparence. Ah, si elle savait. Si elle savait que c'était lui. Que c'était Nuage. Son Nuage. Que c'était un de ses Frères-Loups. Qu'ils se croisaient au même endroit après onze ans de séparation. Mais comment pourrait-elle deviner ? L'homme en face d'elle n'a rien du jeune loup gris qu'elle a connu. Elle, elle n'a pas changé. Elle a pris dix ans. Dans le corps, dans le visage, dans la voix peut-être. C'est tout.

« Néanmoins, je serais assez curieux de savoir ce que fait une jeune femme, telle que vous, si peu vêtue, dans la forêt la plus redoutée de Vanarillion ? » Cette fois, elle est piquée au vif. Est-ce qu'il se fiche complètement d'elle ? Il est assez curieux ? Ça la révolte. Ses traits se durcissent, brisant l'image de la femme chassée pour lui endosser le rôle d'une femme redoutable. Elle se lève, sans plus en avoir rien à faire d'être complètement nue. Elle a peu de problèmes avec ça, élevée à même le sol, ayant grandi avec une simple peau de loup les dernières années de son adolescence. Elle se retrouve alors face à lui. Nue, le corps mordu par le froid et les muscles courbaturés, elle semble si frêle qu'il lui suffirait sûrement de la pousser pour la faire basculer en arrière comme une brindille. Mais la brindille prend du poil de la bête dans la colère qu'elle sent naître en elle, menée par la peur et l'instinct de survie. Il la dépasse d'une bonne tête, mais elle se mesure à lui malgré-tout. « Curieux ? » répète-t-elle d'abord en le fixant étrangement, l'air outré. Il pourrait sortir un couteau de sous sa cape, la poignarder et ça serait fini. En deux secondes maximum. Pourtant, elle est là, face à face. « Votre curiosité, vous pouvez la garder. Ce sont pas des affaires pour vous. » Ça lui arrive quelques fois. D'oublier un mot par-ci par-là, surtout quand elle parle vite et qu'elle n'a pas le temps de se concentrer. Surtout quand elle est en colère. Apprentissage tardif, apprendre à parler à partir de quinze ans, c'est pas facile. Mais Iodunn se débrouille bien. Bien qu'on remarque souvent ses tournures de phrases étranges. Ils se disent souvent que tu n'es qu'une pauvre campagnarde. Le résultat serait le même. Elle recule de quelques pas, baissant les yeux. Malgré-tout, quelque chose l'intimide chez lui. Elle reprend ses distances, le regard à présent baissé. Elle se sent encore plus démunie qu'au sol. Elle n'a rien. Elle songe à s'enfuir en courant simplement, mais s'il lui veut du mal, il la rattrapera sans peine.
Pourtant, s'il lui voulait du mal, ça serait déjà fait. Pourquoi faire durer l'instant précédent ? Il s'avance de nouveau vers elle et ses muscles se raidissent. « Tenez. » Le souffle court, elle l'observe du coin de l'oeil. Il lui tend sa cape. Mille scénarios défilent dans la tête de la Louve. Elle pourrait l'étouffer, avec cette cape. Mais s'il se dégage ? Iodunn ne songe qu'à sa survie. Et elle doit bien avouer qu'à cet instant, les chances sont maigres. Elle tend doucement la main, comme une enfant. Effleure le tissu, interroge les réactions de l'inconnu, puis finalement, le serre et s'en empare. Elle s'enroule dedans sans le lâcher des yeux, bien que lui les détourne. Elle trouve ça presque amusant et touchant, comme ces humains ont des règles de bienséance qui lui passent au-dessus de la tête. La pudeur, la politesse,... Elle ne le remercie pas. Un long regard lui servira de remerciement. Iodunn ne s'abaisse pas plus bas, elle se sent déjà presque humiliée d'obtenir ainsi l'aide clandestine d'un voyageur de passage. Si cela est bien de l'aide... Emmitouflée, elle a moins froid. Elle se rend compte que sa peau était couverte de chair de poule et de frissons. La cape sent le loup. Elle ne s'en souviendra que plus tard. « Qu'allez-vous.. faire ? Avec moi ? » demande-t-elle d'une voix presque enfantine, qui brise un peu son allure de femme prédatrice. Va-t-il lui dire ? Compte-t-il la séquestrer, la torturer ? La transformer en esclave ? Soudainement, rien d'autre n'a d'importance. Iodunn a déjà oublié le sang innocent qu'elle a pris cette nuit. Elle ignore que lui aussi est un monstre. Un assassin malgré-lui. « Mes affaires sont sûrement à l'entrée de la forêt... » murmure-t-elle distraitement, comme une suggestion d'aide, comme si elle ne voulait pas clairement lui demander de l'aider. Mais au fond, elle en a peut-être besoin. Maintenant qu'il est là, autant qu'il l'accompagne jusqu'à la sortie du bois, non ? Elle fronce légèrement les sourcils, tournant vers lui un regard soudainement suspicieux. « Mais.. vous aussi. Que faîtes-vous là ? Si tôt, dans cet endroit tant redouté ? » demande-t-elle en soulevant un sourcil, un sourire pâle, à peine visible mais malicieux, prenant en otage ses lèvres auparavant restées crispées. Comme si elle le prenait à son propre piège, qui n'en est pas un. Une chouette ulule à quelques centimètres d'eux, brisant le silence glacial de Chantelune. Iodunn sursaute, observant les alentours avec appréhension. Avoir grandi ici lui confère l'avantage de savoir ce qui s'y cache. Ou bien la faiblesse de savoir, avec peur, ce qui pourrait s'y dévoiler.



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Wilhem Wolfdregil

Wilhem Wolfdregil

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MessageSujet: Re: (wilhem) rather death than slavery.   (wilhem) rather death than slavery. EmptyMer 8 Juil - 18:09



☾A misty memory, a haunting face.


who is she ⊰ i monster



who is she ⊰ i monster

Pendant que la jeune femme à la chevelure de feu me détaillait silencieusement de la tête au pied, je tentai discrètement de humer l'air pour atteindre toutes les subtilités de son parfum. Je reconnaissais bien son odeur, celle du feu de bois et des feuillages. Quand nous étions encore que des louveteaux, c'était la seule manière, pour l'animal que j'étais, d'identifier ma sœur. Néanmoins, ce n'était plus les seules nuances qui se trouvaient dans sa flagrance. Non... Plus je tentai de sentir sa senteur, plus je percevais quelque chose d'autre, comme un arôme qu'on aurait violemment ajouté à une substance délicate.  Je fronçai légèrement les sourcils, contrarié de ne pas reconnaître cette odeur. Je n'avais jamais senti quelque chose comme ça. Tout ce que je savais, c'était que cela perturbait mon odorat, et que cette effluve était extrêmement dérangeante. Oui, quelque chose avait changé en elle. Quoi ? Je ne le saurai encore le dire... Le seul avantage à cette émanation presque omniprésente, c'est qu'elle écrasait celle de la mort qui se trouvait un peu partout sur moi. A cette pensée, ma mâchoire se crispa légèrement quand je repensai aux yeux haineux du petit garçon-loup, décédé quelques heures plus tôt. Lorsque la jeune femme retroussa ses lèvres, comme aurait pu le faire une louve avec ses babines, le regard du louveteau quitta mon esprit. Je résistai à afficher un sourire en la voyant agir ainsi. La situation est assez ironique, n'est-ce pas ? Oui, quelle ironie... J'étais autrefois un véritable loup,  et pourtant cette humaine, qui avait été comme une sœur lors des jours heureux, ressemblait davantage à un animal sauvage, alors que moi... Je n'avais plus rien de sauvage... Presque tous mes faits et gestes étaient ceux d'un homme, mes pensées elles-aussi étaient presque humaines, et lorsque j'agissais comme un animal, lorsque mon instinct sauvage prenait le dessus, je n'étais au final qu'une bête domestiquée. J'évitai encore le plus possible de la fixer dans les yeux pour éviter qu'elle puisse me reconnaître. Mais après tout comment le pourrait-elle ? Je n'avais plus rien en commun avec la créature que j'étais autrefois. L'animal, la liberté, et l'innocence. Voilà ce que j'incarnais il y a quelques années, mais à présent j'étais un homme prisonnier d'un jeu malsain. Elle ne pouvait décidément pas me reconnaître. C'est pourquoi je décidai de lever les yeux vers elle pour la détailler davantage. Elle n'était définitivement plus cette petite fille avec un sourire candide, toutefois je pouvais aisément la reconnaître. Je perçus dans ses yeux à quel point elle semblait être terrifiée par ma présence. Et grâce à mon ouïe de loup, la danse effrénée que faisait son cœur ne faisait que confirmer mes suspicions. Je ne voulais pas la voir dans cet état. Au fond, j'aurai aimé lui dire subitement qui j'étais réellement, la rassurer, et redevenir à ses yeux ce que j'avais été autrefois. Alors pourquoi continues-tu cette comédie ? Car, nous ne sommes pas dans un monde où les histoires se terminent bien.

Quand tout d'un coup, l'expression de son visage se changea. Je ne faisais plus face à une frêle créature effrayée, mais à une louve agitée, prête à sortir les crocs. Je me souviens que lorsque nous nous amusions, comme pouvaient le faire la plupart des louveteaux, elle avait toujours été celle qui était la plus impulsive, et qui se mettait à grogner le plus rapidement. Malgré le fait que je sentais qu'elle était irritée, certainement touchée dans sa fierté par ma conduite de bipède provocateur, la voir ainsi me rendait heureux, et cela me rappelait les jours de paix, des jours que je ne connaîtrai certainement plus jamais. « Curieux ? »  dit-elle avec un ton agacé. Oui, j'avais bien raison, je l'avais énervée. « Votre curiosité, vous pouvez la garder. Ce sont pas des affaires pour vous. » grogna-t-elle, me fixant droit dans les yeux. Cet échange de regard me plaça dans une situation de malaise. Pourtant lorsque je vis aucun étonnement par la suite dans son regard, je ressentis comme un soulagement. J'émis même un léger rire suite à son attaque. C'était certainement à cause du fait que la tension s'était subitement volatilisée, mais aussi à cause de la formulation de sa phrase. Je ne me moquai pas d'elle au fond, cela me rappelait le temps où moi-même j'avais des difficultés à m'exprimer comme un humain. Il avait fallu deux ans avant que je puisse parler parfaitement le langage des bipèdes. Très peu de temps fût nécessaire, car j'avais suivi un entraînement ardu de la part de Lyra. Les erreurs comme venait de faire ma sœur n'étaient pas vraiment pardonnables aux yeux de ma maîtresse. Toutefois, mon hilarité avait dû être perçu comme une moquerie pour la jeune femme dénudée, qui se tenait droite devant moi. « Excusez-moi, je ne voulais pas me moquer. Mais votre langage me rappelle étrangement celui d'une personne de ma connaissance. » disais-je difficilement, en tentant de calmer mon rire. Après tout, ce n'était pas vraiment un mensonge, puisque cela me rappelait le jeune garçon-loup que j'étais au début de mon dressage. « Mais, oui, vous avez raison, je n'ai pas à me mêler de vos affaires. » m'excusais-je avec un léger sourire. Jouer le noble galant n'était pas un rôle que j'avais l'habitude de faire, c'était même une première, mais je trouvais, modestie mise à part, que je m'en sortais plutôt bien. En effet, je n'avais pas à me mêler de ses affaires mais... Mais il est hors de question de la quitter en sachant qu'elle se trouve peut-être en danger, n'est-ce pas ? Cette pensée se réaffirma davantage lorsque je la vis baisser les yeux, et reculer de quelques pas. Malgré qu'elle possédait un tempérament de feu, elle semblait terriblement fragile, physiquement... Son corps était violacé, parsemé de petites blessures, ainsi que du sang de... Poule ? Je fronçai légèrement les sourcils, un peu troublé par la situation. Que se passait-il donc pour qu'elle soit ainsi ?

Je souris légèrement quand je sentis qu'elle avait pris ma cape pour s'emmitoufler dedans. Elle ne me remercia pas, chose inutile pour nous, les  loups. « Qu'allez-vous.. faire ? Avec moi ? » me demanda-t-elle, doucement, comme aurait pu le faire une petite fille. Je me tournai légèrement vers elle, un peu surpris par sa question. Ah oui, comment pourrais-je oublier ce fait indubitable ? Entre humains, on aime se blesser. Même si on appartient à la même race, on n'hésite presque jamais à se faire du mal. Chose complètement illogique pour nous, les animaux. Mais, je n'étais pas un animal, du moins plus complètement. Non, à présent j'étais comme les bipèdes, je blessais et je tuais ma propre race... Les yeux du garçon-loup et cette odeur de mort revinrent de nouveau me hanter. Toutefois, je me voyais dans l'obligation de la rassurer, mais je ne devais pas être complètement naïf. En effet, elle ne savait pas qui j'étais réellement. Après tout, je ne représentais absolument rien à ses yeux, hormis une menace à éradiquer. Je devais la mettre en confiance si je voulais en savoir davantage. Mais, je ne devais pas non lui donner les armes pour me poignarder dans le dos. Depuis quand es-tu devenu si calculateur, Wilhem ? Certainement grâce, ou plutôt à cause, de Lyra... « Si vous ne me faites rien, je ne vois pas pourquoi je vous ferai le moindre mal. Si vous me ne faites rien, bien-sûr. » répondis-je avec un léger sourire, tout en la fixant droit dans les yeux pour être certain qu'elle avait perçu mon avertissement. « Mes affaires sont sûrement à l'entrée de la forêt... » murmura-t-elle, comme un appel à l'aide. Je ne l'avais pas revu depuis onze longues années, mais elle ne semblait pas avoir changé. Toujours aussi impulsive et fière, ne voulant jamais recevoir de l'aide de personne. Je souris, et ne je ne pus m'empêcher de la regarder avec tendresse, me mettant dans un état de douce nostalgie. Le masque de ma comédie était en train de se fissurer. Et par un raclement de gorge, j'en profitai pour détourner le regard ailleurs, afin de remettre correctement le rôle de l'homme noble. « J'ai laissé mon cheval à la lisière de la forêt, et je dois à présent repartir. Je peux vous accompagner retrouver... vos vêtements ? » dis-je avec un léger rictus moqueur et un haussement de sourcil. Pourquoi ses affaires se trouvaient à l'entrée de la forêt ? Tant de questions que je voulais lui poser, toutefois, malgré les années, je connaissais toujours un peu la jeune femme en face de moi. Si je l'accablais de questions, elle sentirait quelque chose, et ma mascarade risquerait de tomber en pièces. Non, je devais la jouer fine, je devais être aussi manipulateur que Lyra... « Mais.. vous aussi. Que faîtes-vous là ? Si tôt, dans cet endroit tant redouté ? » demanda-t-elle avec suspicion. Touché. Le bois de Chantelune effrayait les humains, et très peu s'y aventuraient, hormis les plus téméraires, autant dire les plus stupides. « Et bien... » commençais-je à dire. Je devais trouver rapidement une histoire plausible. Bon, je n'avais pas d'autre choix que de jouer le noble téméraire, et stupide... « Je suis venu ici pour témoigner ma bravoure aux yeux de mon père. Je voudrais lui montrer que je suis parfaitement capable de parcourir ce bois maudit. » dis-je avec un large sourire, laissant apparaître mes canines acérées, les témoins de ma véritable forme, lorsqu'on sait la vérité. Je me sentais sale de mentir à mon ancienne amie, mais également sur le fait de ma venue. Je n'étais pas venu pour démontrer un quelconque courage, loin de là... J'étais là pour réaliser ma terrible besogne. Le parfum de la mort vint de nouveau agresser mes narines, mais la peur de rentrer à la demeure des Redhood sans amener un louveteau à dresser, écrasait cette odeur nauséabonde. La peur était la plus puissante des armes après tout... Toutefois, le lien qui me liait à la créature en face de moi était peut-être plus fort que ma crainte ? Car, après tout, je m'apprêtais bien à l'aider, et certainement revenir les mains vides devant Lyra. « Allons, je vous accompagne jusqu'à vos effets. » dis-je en m'écartant quelque peu pour l'inviter à passer devant, et donc à me montrer le chemin à suivre. « Toutefois, si nous devons faire route ensemble, j'aimerai bien connaître votre nom ? » demandais-je avec un air presque innocent. Oui ma demande était purement intéressée. Ma curiosité avait pris le dessus sur ma prudence. En effet, j'étais désireux de connaître l'identité de ma sœur-humaine. Autrefois, je pensais qu'on pouvait seulement identifier quelqu'un par son parfum. En devenant à moitié homme, j'avais appris qu'on pouvait également reconnaître un être par un mot, un nom comme le disent si bien les humains.



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MessageSujet: Re: (wilhem) rather death than slavery.   (wilhem) rather death than slavery. EmptyMer 8 Juil - 21:01



All monsters are human


but we're not totally human



Il se met à rire. Iodunn se sent brutalement humiliée. Machinalement, son instinct d'humain bestialisé a ressorti une attitude « menaçante ». Mais bien évidemment, ma belle, tu n'es pas un loup. Ce que tu viens de faire ne fera sans doute toujours que rire tes adversaires. Elle le fusille d'un regard qui, s'il était doté d'un pouvoir quelconque, l'aurait sûrement foudroyé sur place. Le bleu de ses yeux devient sombre, colérique – un océan battu par une tempête sourde qui approche en grondant. Ou bien se moque-t-il de ses mots maladroits ? C'est une drôle de rencontre. D'entre les deux, c'est lui l'animal, mais c'est elle qui est la plus sauvage. Bête apprivoisée. Femme bestialisée. Le monde à l'envers. « Excusez-moi, je ne voulais pas me moquer. Mais votre langage me rappelle étrangement celui d'une personne de ma connaissance. » Donc c'est bien « son langage » qui a fait rire l'homme devant elle, qui la surplombe toujours. Elle a beau s'imaginer se grandir, se mettre sur la pointe des pieds, c'est comme s'il la dépasserait toujours. Elle n'est que méfiance à son égard. Ah, si tu savais, petite... Elle se renfrogne, prend presque l'air d'une enfant qu'on aurait vexé. « Mais, oui, vous avez raison, je n'ai pas à me mêler de vos affaires. » Elle se redresse, surprise, sans pouvoir masquer sa décontenance. C'est la première fois qu'un homme s'excuse devant elle. Elle ne les a toujours connus que trop fiers, imbus d'eux-mêmes, forts et braves dans leurs dires. Jamais prêts à s'abaisser. Jamais. Et là pourtant.. il s'excuse face à une inconnue. Qui a l'air d'une paysanne abandonnée alors qu'il a l'allure d'un prince. Elle se demande, rapidement, si c'est un prince ; puis la question s'échappe de son esprit. Elle a plus important à réfléchir à cet instant : la suite. Iodunn reste muette. Elle ne parle pas beaucoup, en tout cas rarement pour ne rien dire. Et là, elle n'a rien à dire; il l'a déjà fait. Elle se demande soudainement à qui est-ce qu'elle lui fait penser. Sûrement à quelqu'un de pas très glorieux dans son histoire. « Si vous ne me faites rien, je ne vois pas pourquoi je vous ferai le moindre mal. Si vous me ne faites rien, bien-sûr. » Elle se détend un peu. Est-il en train d'insinuer qu'il pourrait.. la craindre, en fin de compte ? Elle ne sait pas si elle doit être touchée ou bien s'il se fout simplement d'elle. Suspicieuse, elle se permet pourtant un sourire. Un peu bancale, un peu malicieux. Ses iris, eux, se sont mis à briller comme ceux d'un enfant qui complote. « Je me demande bien ce que je pourrai vous faire, tiens. » lâche-t-elle avec un léger rire, très court, très bref. En y réfléchissant bien, elle pourrait lui faire plein de choses. Dans sa tête, elle se met à s'imaginer mille scénarios – où elle gagne, bien sûr. En fait, ça lui parait presque à portée de main. Mais quelque chose la retient.
Deviendrais-tu un peu humaine (ou le contraire), Io ? Elle n'en sait rien, mais intérieurement, elle se fait la promesse de ne rien tenter contre lui s'il en fait de même. Donnant donnant.

Son regard change un peu. Il se transforme en une émotion qu'on lui a peu déclarée, à Iodunn. De la tendresse. Elle en reste méfiante, hésitante. Elle le dévisage comme si elle le rencontrait de nouveau. Pourquoi la regarde-t-il ainsi ? Lui fait-elle penser à une de ses filles ? A-t-il seulement l'âge pour en avoir ? Elle n'en sait rien. Mais soudainement, elle se pose mille questions. Mais il détourne le regard, laissant celui de la rouquine errer sur son profil, là où leurs yeux s'étaient accrochés. Et accrochés solidement. Elle est prise d'une sensation étrange. Comme de vivre un flash-back dans le futur. Un truc contradictoire, qui n'a ni queue ni tête. « J'ai laissé mon cheval à la lisière de la forêt, et je dois à présent repartir. Je peux vous accompagner retrouver... vos vêtements ? » De nouveau, est-il en train de se moquer d'elle ? Pourtant cette fois, Iodunn se contente de hausser les épaules, provocatrice. « Cela serait si aimable de votre part, mon Prince, sans quoi je m'éclipserai sans doute en douce avec votre cape. » promet-elle, espiègle, avec un clin d'oeil. Le feu et la glace. Le jour et la nuit, en une fraction de seconde. Comme si elle était capable d'être mille personnes à la fois. D'être la méfiance et l'ironie l'instant d'après. De mêler crainte et curiosité dans le même bocal. Elle l'interroge alors sur ses raisons d'être ici, comme il l'a fait pour elle. Après tout, il n'est pas le seul à être en droit de se poser des questions. Elle s'en pose aussi. Et pas qu'une poignée. « Et bien... Je suis venu ici pour témoigner ma bravoure aux yeux de mon père. Je voudrais lui montrer que je suis parfaitement capable de parcourir ce bois maudit. » Peut-être un peu naïve (ou simplement de bonne foi, pour une fois), la Louve le croit. Elle lâche alors un rire moqueur, en croisant les bras sous sa cape, s'enveloppant dedans. Elle sent son parfum. Elle sent son odeur. Une odeur qui lui rappelle quelque chose que son esprit a retenu mais qu'elle est incapable d'identifier. Comme un rêve dont on essaie de se souvenir. Chose impossible après le réveil. Et visiblement, Iodunn s'est réveillée de ce qu'elle souhaite se rappeler depuis trop longtemps. « Votre père ne doit pas beaucoup vous aimer. On envoie ici ceux qu'on veut voir disparaître. » s'exclame-t-elle sans vergognes, avec un haussement d'épaules. Elle croit à son histoire, mais soudainement, elle a presque une pitié compatissante pour lui.
Elle aussi a été abandonnée dans ces lieux lugubres, à la merci de toutes les créatures sauvages qui rôdent. Pourtant, Iodunn a noté un détail. Ses dents, pointues, acérées, sûrement bien mieux capables de lacérer quelque chose que des dents humaines. Que ses dents à elle, par exemple. Elle se souvient de sa Mère-Loup qui était obligée de lui pré-mâcher certaines proies. Alors que ses autres Frères n'avaient aucun soucis. Secrètement, elle en était jalouse, parfois. Des les voir avec autant d'attributs, elle qui n'avait... rien. Puis l'inconnu a encore autre chose qu'elle n'a pas : un cheval. Décidément, aujourd'hui, la voilà bien démunie. « Allons, je vous accompagne jusqu'à vos effets. » Elle se crispe un peu. Puis finalement, ses muscles se détendent. Pourquoi ne pas tenter ? Quelque chose lui souffle que cet inconnu, ce bel homme aux charmes d'un prince, va la conduire à quelque chose. Pas un endroit localisé. Un endroit psychique. Nostalgique. Et Iodunn, malgré sa méfiance, choisit de se laisser guider. A-t-elle le choix ? Si elle lui fausse compagnie ou qu'elle tente quelque chose, il s'en prendra à elle, la menace a été assez claire. Elle dérouille ses jambes courbaturées d'une course nocturne qu'elle a enduré plus que savouré. Elle ne passe pas devant lui. Iodunn n'obéit jamais. Contrairement à lui – bien qu'elle l'ignore – elle n'est pas apprivoisée. Encore moins dominée. Et elle ne laissera jamais quelqu'un la réduire à cet état-là. L'espère-t-elle seulement, sûrement ! Elle s'arrête donc à côté de lui (toujours la tête levée, elle se sent petite alors qu'elle ne l'est pas tant que ça), le défiant du regard. Elle ne passera pas devant.
Elle ne lui tournera pas le dos. « Toutefois, si nous devons faire route ensemble, j'aimerai bien connaître votre nom ? » La rouquine sourit. Elle prend la marche, veillant à ce qu'il reste à côté d'elle, jamais derrière. Elle se sent des plus faibles, sans aucun couteau auquel s'accrocher sous sa cape prêtée. Mais elle tente d'écarter toute éventualité de ce genre dans son esprit. Son nom. Quelle histoire. En avait-elle un, avant ? Avant d'être élevée ici, à même le sol, à même la neige, par une meute de loups ? En avait-elle un autre, avant de se conférer comme appellation le grognement devenu coutumier qu'avait sa Mère pour la désigner ? « Iodunn. » répond-elle alors calmement. On pourrait trouver ça étrange et contradictoire qu'elle se montre aussi méfiante et dévoile ainsi son identité. Mais elle est contradictoire. Peut-être l'entendra-t-il encore. Leur Mère jappant en direction du seul enfant différent. Elle ferme les yeux. Discrètement. Elle, elle l'entend encore. Elle frissonne, ressert la cape par-dessus son corps nu. Ses iris clairs essaient de chercher ceux de l'homme. Elle n'a pas appris toutes les formulations détournées ou de politesse, aussi demande-t-elle directement : « Et le votre ? » Elle lui adresse un sourire clair, un peu enfantin, un peu mutin. Ils s'enfoncent dans les bois. Ou plutôt en sortent. On ne sait pas trop, rien ne change, ce sont les mêmes arbres, les mêmes feuilles, la même ambiance post-apocalyptique qui les saisit, l'un et l'autre, en de grands bras charnus et inconfortables. Pourtant Iodunn ne se sent pas en malaise. La mort est là, au-dessus de chaque branche, et pourtant, elle se sent en sécurité dans ce milieu qu'elle connait encore comme sa poche. Elle se sent bien plus menacée au milieu d'une ville remplie d'humains. D'ailleurs, elle s'habitue même à la présence de l'homme à la cape, on dirait. Elle s'est détendue. Ses traits ne sont plus autant tirés qu'avant, son regard ne lance plus ces éclairs hostiles. Même si tout peut revenir d'un instant à l'autre. D'un simple claquement de doigt. D'une simple parole. Elle se tourne vers lui, soudainement, bifurquant pour continuer à suivre la trace de ses vêtements. Elle sait où elle va, maintenant. Peu à peu, elle reconstitue les souvenirs de la veille au soir. Quand elle se prépare. Elle vient toujours s'isoler ici. Sinon, Dieu sait quels ravages elle ferait. Son visage pâle mais expressivement espiègle tourné, donc, vers celui de son sauveur (?), elle lui demande, d'une voix presque naïve, innocente, enfantine : « Vous n'êtes pas obligé de faire ça. Et vous y gagnez rien. Alors pourquoi ? » Elle penche un peu la tête sur le côté. Comme un loup. Il est tout proche, elle sent, mêlé à son parfum, une odeur qu'Io n'arrive pas à identifier. Quelque chose qui lui rappelle de très bonnes comme de très mauvaises réminiscences. Elle fronce un peu le nez. Ça sent le loup.
Mais pire que ça, ça sent le loup mort. Et les images du drame de sa « famille » l'accablent, d'un seul coup, comme une vague qui terrasse tout sur son passage.



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Wilhem Wolfdregil

Wilhem Wolfdregil

my own savior
Premier Voyage : 02/05/2015
Missives : 305
Pseudo : ☾ windsouth. (alizée)
Occupation : ☾être le chien-chien à une demoiselle qui porte souvent un chaperon rouge, wouf.
Localisation : ☾silverdims à mistyland, là où les loups dominent, wouf.

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MessageSujet: Re: (wilhem) rather death than slavery.   (wilhem) rather death than slavery. EmptyJeu 9 Juil - 23:24



☾A misty memory, a haunting face.


who is she ⊰ i monster



who is she ⊰ i monster

Je me rendis rapidement compte, comme je l'avais prévu, que j'avais vexé la jeune femme aux cheveux incandescents. Onze années s'étaient écoulées, nous avions tous les deux grandis, et bien évidemment changés. Néanmoins, j'avais toujours l'impression d'avoir devant moi la petite fille avec son large sourire, qui avait de nombreuses égratignures sur ses coudes et ses genoux à cause de sa témérité. Car, un tel comportement, celui de se vexer par exemple, lui arrivait souvent dans le passé. Même si à cette époque, lorsque je n'étais qu'un petit animal sauvage, je ne percevais pas toutes les nuances de ses sentiments. Je pouvais comprendre quand elle était triste, joyeuse, ou énervée. Mais, ma perception s'arrêtait là, je ne voyais pas plus loin. Lorsque je fus transformé, ou plutôt maudit, à devenir à moitié humain, je commençai enfin à saisir tous les degrés sibyllins des sentiments humains. On pouvait être énervé tout en étant heureux à la fois, on pouvait être triste et en colère, être joyeux mais triste à la fois. Toutes ces nuances cabalistiques  étaient à présent plus compréhensibles à mes yeux. C'est pourquoi, malgré le fait qu'elle affichait une expression qui témoignait de son agacement, je savais au fond qu'elle n'était pas complètement énervée. J'affichai un petit sourire discret mais, je décidai d'arrêter de rire. Il valait peut-être mieux ne pas énerver une jeune louve, après tout. Je n'hésitai plus à la regarder dans les yeux à présent, ma peur de me faire reconnaître s'était volatilisée. Je la regardai sans détourner le regard, et c'est ainsi que je perçus sa surprise à la suite de mon excuse. Je compris immédiatement la raison de son étonnement, ou du moins mon hypothèse me semblait très vraisemblable à mes yeux. Elle n'en a pas l'habitude. Elle n'a pas l'habitude des excuses, mais également le fait qu'un homme se comporte ainsi avec elle. Je ne savais pas ce qui lui était arrivé depuis toutes ces années, c'était la première fois que je la revoyais après tout ce temps. Helaliel seul sait quelles épreuves elle avait dû affronter. Après tout, il y a onze ans, je n'avais pas été le seul à perdre toute ma famille. Lyra m'avait pris sous son aile d'une certaine manière, mais qui avait pris soin de ma sœur-humaine ? Je voulais tout savoir sur elle, savoir ce qui lui était arrivé après notre séparation, ce qu'elle avait fait, ce qu'elle avait vécu, je voulais absolument tout savoir. Et cette curiosité commençait lentement à me dévorer de l'intérieur... « Je me demande bien ce que je pourrai vous faire, tiens. » dit-elle avec malice. Sa remarque me permit de sortir de cette tempête de pensées qui étaient en train de m'emmener au loin. J'affichai un large sourire suite à son commentaire lourd en sous-entendus. La voir ainsi, c'est-à-dire malicieuse, me fit savoir qu'elle commençait à se détendre quelque peu en ma compagnie. Même si je savais fort bien qu'elle ne baisserait pas aussi facilement toutes ses défenses. Le travail serait peut-être long mais, je n'abandonnerai pas. Mais serais-tu redevenu passionné ? Serais-tu redevenu persévérant ? Serais-tu redevenu ce petit louveteau vivant, et non ce cadavre à deux jambes ? Il était vrai que cette persévérance, le fait de porter de l'intérêt personnel, étaient des choses rares. Et cela me donnait l'impression d'être vivant en quelque sorte. Quel étrange sentiment... Celui de se sentir vivant.

« Cela serait si aimable de votre part, mon Prince, sans quoi je m'éclipserai sans doute en douce avec votre cape. »  dit-elle d'un ton provocateur. Je lâchai un petit rire amusé. La situation ne cessait de devenir de plus en plus ironique. En plus d'être une bête domestiquée, j'étais également devenu un prince humain. Il n'y avait rien de plus insultant pour un loup que celui d'être associé au chef de ces bipèdes. Mais tu es comme eux maintenant, Wilhem. Oh, tais-toi. La manière dont se comportait ma sœur m'amusait, et cela faisait bien longtemps que je n'avais pas été dans un tel état d'euphorie. Pourquoi ne pas continuer ce jeu ? Cela me rappellerait les jours heureux, où elle et moi jouions sans nous soucier de quoi que ce soit. Le jeu n'était plus le même mais, qu'importe, l'amusement y était.  « Oh mais je pourrai vous laisser ma cape si vous le souhaitez, ma dame. Il ne serait pas noble de la part d'un prince de priver d'une demoiselle de son plaisir. » disais-je avec un large sourire, tout en avançant de quelques pas vers elle. Je me mis à la regarder de la tête au pied, me rappelant qu'elle était nue sous ma cape, ce qui me fit sourire davantage. En écoutant ma piètre histoire sur la fausse raison de ma venue dans le bois de Chantelune, la jeune femme avec la chevelure de feu se mit à rire avec sarcasme. Mon histoire était terriblement stupide mais, il était peut-être mieux de paraître idiot que de lui dire la vérité, n'est-ce pas ? « Votre père ne doit pas beaucoup vous aimer. On envoie ici ceux qu'on veut voir disparaître. »  répliqua-t-elle sans ménagement. J'affichai un petit sourire, mais un sourire factice, un sourire triste. Qu'est-ce que je disais ? Les sentiments humains étaient bien plus complexes que ceux des animaux. On pouvait afficher le bonheur, alors qu'au fond on pouvait se trouver dans un abysse de tourments. J'associai ce père imaginaire à Lyra, en réalité. Même si j'étais un loup au fond, j'étais aussi à moitié homme, et le bois n'était pas le lieu le plus sûr au monde, loin de là. Elle m'envoyait vers le danger, sans aucune hésitation. Peut-être voulait-elle me voir disparaître ? Oui, c'était une possibilité. Et sans trop savoir pourquoi, cette idée me rendait malheureux. Qu'est-ce que je disais, encore ? Les sentiments des bipèdes sont bien trop complexes. La limite entre l'amour et la haine était bien trop fine pour eux. Pour les loups, notre univers était davantage plus manichéen. « Vous êtes perspicace. » répondais-je avec un petit sourire artificiel. « Effectivement, mon père n'est pas le genre d'homme à se soucier de quiconque. A vrai dire, je me demande même parfois s'il lui arrive de ressentir quelque chose... » continuais-je avec la même expression mais en regardant dans le vide cette fois-ci. En effet, est-ce que Lyra avait la capacité d'aimer ? Il était presque normal pour moi d'avoir ce doute, puisque j'étais encore en apprentissage sur le monde des humains. Mais Lyra était humaine, entièrement, et pourtant le doute subsistait peut-être davantage sur elle que sur moi, la bête. En relevant les yeux vers la jeune femme en face de moi, je me rendis compte que j'étais parti dans mes pensées. « Excusez-moi, là n'est pas la question. Nous devrions plutôt nous concentrer sur notre chemin vers la sortie de ce bois maudit. » disais-je avec un large sourire qui laissait de nouveau apparaître mes canines acérées. En voyant la jeune femme se blottir dans ma cape, mon sourire s'effaça immédiatement. Et si elle avait senti une odeur particulière sur ma cape ? Si elle avait vu mes dents qui ne ressemblaient pas à celles des humains ? Je commençais à devenir imprudent, et ce n'était pas du tout mon genre. Un loup était presque toujours prudent, après tout. Je devais faire attention. Néanmoins, elle n'aurait pas pu sentir quelque chose sur ma cape, elle n'avait pas l'odorat aussi aiguisé d'un loup. Elle n'aurait pas pu voir ce détail à propos de mes dents, il fallait être un loup pour être aussi observateur, n'est-ce pas ?

Je souris amusé en la voyant se placer à mes côtés. Elle était têtue jusqu'au bout. Non, elle n'avait décidément pas changé. Je faisais donc attention de toujours rester à ses côtés durant notre marche, et de ne pas être derrière elle, ni même devant d'ailleurs. Il était inutile de prendre des risques, alors qu'il était possible de les éviter après tout. « Iodunn » répondit-elle simplement. Lorsqu'elle me donna son nom, je retournai en arrière, et je vis le visage de ma mère. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas repensé à elle... Ma poitrine se contracta à ce souvenir... Je haïssais être humain. La puissance des sentiments était décuplée, comme la souffrance par exemple... C'était donc ainsi qu'on prononçait son prénom dans le langage des Hommes ? Il était vrai que cela ressemblait fortement au grognement que ma mère faisait lorsqu'elle appelait ma sœur. « Iodunn... » chuchotais-je à moi-même. Je voulais juste prononcer son nom, comme aurait pu le faire ma mère à une époque lointaine. « Et le votre ? » demanda-t-elle immédiatement. Je me tournai vers elle suite à sa question. Que pouvais-je bien lui dire finalement ? J'aurai pu lui dire mon véritable prénom, celui que ma mère grognait également pour m'appeler à elle.  Je n'aurai pas pu répéter celui que Iodunn me donnait autrefois. En effet, le son qu'elle émettait était encore dans ma mémoire, mais à l'époque où elle m’appelait ainsi, je n'étais qu'un louveteau, et le langage des hommes n'était pas compréhensible dans ma tête. La seule réponse que je pouvais réellement lui donner était le nom que m'avait donné Lyra, lors de notre première rencontre. « Je m'appelle Wilhem » répondis-je simplement, en reportant mon attention sur la route droit devant moi. « Vous n'êtes pas obligé de faire ça. Et vous y gagnez rien. Alors pourquoi ? »  demanda-t-elle avec innocence, avec les mimiques d'une louve. Je souris en entendant sa question. Je devais encore lui mentir, encore lui inventer une raison qui n'avait aucun sens.  « Pour mon destin peut-être. » disais-je, avec un air mystérieux. Donner l'impression d'être énigmatique, ça aussi était une caractéristique dominante chez les hommes nobles. Au cours des nombreuses réceptions que Lyra avait organisé, j'avais pu observer ce genre de spécimen. Il m'était donc aisé de les imiter. « Selon les lectrices des Astres, lorsque nous faisons une mauvaise action, si nous voulons avoir un destin meilleur, nous devons faire une bonne action pour contrebalancer la mauvaise. » expliquais-je, tout en regardant droit devant moi, afin d'éviter le regard de Iodunn. Même si je doutais au fond qu'escorter ma sœur était une action suffisante pour rattraper tous mes méfaits monstrueux. Les yeux du garçon-loup revinrent de nouveau me saisir. « Donc, vous voyez, au contraire, je gagne tout à vous aider. » continuais-je, en la regardant cette fois-ci dans les yeux, avec un petit sourire. Quand soudain, je vis que l'expression sur le visage de Iodunn était différente. Elle semblait être torturée, troublée par quelque chose. « Que se passe-t-il ? Vous n'allez pas bien ? » demandais-je avec un air soucieux, tout en me rapprochant un peu d'elle. Elle se rapproche de la vérité, mon ami. Que vas-tu donc faire ?





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MessageSujet: Re: (wilhem) rather death than slavery.   (wilhem) rather death than slavery. EmptyVen 10 Juil - 22:37



All monsters are human


but we're not totally human



« Oh mais je pourrai vous laisser ma cape si vous le souhaitez, ma dame. Il ne serait pas noble de la part d'un prince de priver d'une demoiselle de son plaisir. » Elle s'arrête alors lentement, et se tourne vers lui avec une lenteur gracieuse, de celle peut-être qu'ont les dames dans les châteaux. Ces dames qu'Iodunn ne verra jamais, sûrement ces châteaux-là non plus. Mais peut-être qu'on pourrait y voir autre chose qu'une sauvage, qu'un animal bestial, si on cherchait bien en elle. Elle se rapproche, plante ses yeux clairs dans les siens, d'un bleu électrique. Une couleur qui l'hypnotise, mais elle se garderait bien (par simple fierté) de le lui faire remarquer, ou de lui montrer par un quelconque infime indice. « Que savez-vous de ce que les femmes désirent ? » susurre-t-elle d'un ton presque provocateur, en levant un sourcil. Iodunn n'adopte pas souvent cette attitude. Ça lui est déjà arrivé, bien sûr. Avec des inconnus, parfois. Mais disons que c'était en des lieux plus chaleureux que le Bois de Chantelune. Elle lâche un rire cristallin, comme une enfant, puis se détourne et se remet à côté de lui en regardant droit devant elle. D'un moment à l'autre, elle passe d'une attitude différente à une autre. De la flamme vexée à la louve méfiante. De l'animal traqué au prédateur impitoyable. De l'enfant naïve à la femme assurée. « Effectivement, mon père n'est pas le genre d'homme à se soucier de quiconque. A vrai dire, je me demande même parfois s'il lui arrive de ressentir quelque chose... » Iodunn l'écoute, mais ne répond pas. La raison est simple : la vie de cette homme ne l'intéresse pas beaucoup. Elle pourrait lui répondre qu'elle n'a jamais eu ni père ni mère humains. Jamais réelle famille, que son nom n'existe pas, qu'en réalité, elle n'a aucune identité, qu'Iodunn Firewolf est un surnom, un jappement, un personnage créé de toutes pièces par elle-même. Pour s'empêcher de tomber dans le néant. « Excusez-moi, là n'est pas la question. Nous devrions plutôt nous concentrer sur notre chemin vers la sortie de ce bois maudit. » Elle sourit un peu, en espérant malgré-tout qu'il n'ait pas pris son silence par un manque d'attention égoïste. Ce que ça est pourtant, au moins un peu.

Il est temps des présentations. Après la surprise, après la méfiance, après le qui-vive, viennent les entre-faits. Les choses un peu banales, qui ennuient bien souvent la Louve. Mais aujourd'hui, ça l'intéresse. Ce n'est pas tous les jours qu'elle se réveille de sa nuit « de malédiction » en tombant sur un inconnu charmant au beau milieu de Chantelune, tout de même. « Iodunn... » Il murmure son prénom, et ça sonne à ses oreilles comme une berceuse, comme s'il l'avait chanté. Comme s'il y avait mis de la douceur à l'intérieur, comme s'il avait enroulé les courbes de chaque lettre dans une tendresse insoupçonnée. Elle l'observe, ne souriant même pas (mais elle sourit à l'intérieur). Ça lui fait drôle, comme si son prénom sonnait juste pour la première fois dans une bouche humaine. « Je m'appelle Wilhem » Elle penche la tête sur le côté. Elle ressemble encore plus à une créature canine avec cette position. « Wilhem... » répète-t-elle avec un petit sourire plein de malice, comme si elle voulait faire comme lui, pour se moquer gentiment, pour l'imiter, pour tester, elle aussi. C'est vrai que ça lui va bien, à ce prince, de porter ce nom. Elle l'imagine dans un beau château, à peigner les longs cheveux blonds d'une princesse. La vision la renfrogne un peu, à vrai dire. Sans savoir réellement en quoi. Son sourire s'estompe, et elle se sent obligée de lui demander pourquoi est-ce qu'il fait ça. Est-ce qu'il désire ensuite la vendre à un marchand de prostituées ? Sûrement qu'elle en ferait une bonne, la Louve de Feu ! Est-ce qu'il compte la battre ? La transformer en esclave ? Toujours cette peur de finir dominée, de finir attachée quelque part comme un animal maltraité, d'attendre dans un caveau sombre qu'on vienne vous torturer, vous obliger à ci et à ça. Elle l'observe avec un mélange de crainte et de fascination. Une terreur muette, qui ne se dévoile pas, à moins d'en montrer simplement parfois le bout de son nez dans une de ses phrases, dans une de ses intonations. « Pour mon destin peut-être. » Elle ne comprend pas, fronce simplement les sourcils, attend la suite. « Selon les lectrices des Astres, lorsque nous faisons une mauvaise action, si nous voulons avoir un destin meilleur, nous devons faire une bonne action pour contrebalancer la mauvaise. Donc, vous voyez, au contraire, je gagne tout à vous aider. » Elle hausse un sourcil; mais ce n'est plus de façon aguicheuse, plutôt de façon.. sceptique. Elle ne le croit pas vraiment, mais n'a aucune preuve à lui dévoiler pour le contrer. Alors, Iodunn finit par hausser les épaules. « Vous êtes peut-être en train d'aider une meurtrière. » lance-t-elle doucement, d'une voix neutre qui fait les grands mystères. Au fond, c'est vrai. Il est en train d'aider une louve-garou. Un monstre qui, chaque pleine lune, tue pour son plaisir inconscient. Elle ferme les yeux, enfouit le bas de son visage dans la cape.
Et se fige toute entière.

Ça sent l'animal. L'animal mort. Elle ne sait pas si c'est grâce à son odorat légèrement plus développé depuis qu'elle a été mordue (et qu'elle porte donc des gênes mutants de l'espèce lupine) mais elle le sent. Distinctement. Ses lèvres se retroussent. Elle voudrait jeter la cape au sol, la déchirer, la brûler. Mais elle ne veut pas créer de tensions. Elle ne veut rien. Iodunn, elle ne sait même plus ce qu'elle fait là, à chercher ses affaires en compagnie d'un inconnu. Elle halète, sous la cape. « Que se passe-t-il ? Vous n'allez pas bien ? » NON, ça ne va pas du tout. Son inconscient crie au malheur, elle sent l'odeur de la peur irradier de tous les pores de sa peau. Il a vu. Il a vu que quelque chose clochait. « Si. » lâche-t-elle, très vite, en sortant le visage de la cape. L'air lui semble agressif. Elle accélère, presse le pas, brise même son principe de ne pas lui tourner le dos. Elle n'arrive pas à déterminer l'odeur exactement, mais cela lui donne la sensation d'être traquée, d'être en danger, et son instinct de survie se déclenche comme une grenade. Tic, tac. Elle se sent mal, elle a l'impression d'être le monstre masqué, que l'odeur de ce qu'elle a fait cette nuit empeste partout. Une odeur qui vient pourtant de sa cape à lui. Il s'est rapproché, mais elle fuit son regard. Elle a peur de ce qu'il pourrait lire à l'intérieur. « Il faut juste que je.. que je rentre. Vite. » Mais rentrer où, Io ? Tu n'as nulle part où aller, nulle maison, nul foyer, nulle famille, pas même des amis. L'angoisse lui tenaille les entrailles, elle se sent soudainement très seule. Une impression qu'elle n'a jamais ressenti, elle qui a quitté sa « nourrice » volontairement. Elle qui s'est toujours plu à n'avoir aucun chef, à faire ce qu'elle souhaitait, à être indépendante. Aujourd'hui, voilà qu'elle voudrait avoir une jupe dans laquelle pleurer, la fourrure de Mère-Loup dans laquelle se réfugier. Mais elle n'a rien. Iodunn n'a strictement rien. Une seule amie : la peur. L'odeur a fait remonter des souvenirs douloureux. Des flashs qui attaquent son champ de vision comme autant d'archers décocheraient des flèches dans sa direction. Touchée. Elle revoit la forêt. Le vent dans les branches qui hurle, qui hurle, qui hurle.
Mère, qui hurle aussi, qui hurle. Et puis Père aussi, qui hurle. Puis qui ne hurle plus, parce que quand on a trop mal, on n'arrive plus à hurler. Mère, qui s'arrête de hurler, qui ne hurle plus non plus. Et la forêt entière, enneigée, s'est mise à hurler. Par le vent, par les ruisseaux gelés. Et tout hurle encore dans les oreilles d'Iodunn. Elle revoit aussi les flaques rouges au sol. Les mares éternelles dans lesquelles sa famille baignait. Elle est prise de frissons incontrôlables. Ses épaules se mettent à trembler.
Ce n'est pas une maladie, ce n'est pas une réaction étrange. En fait, Iodunn pleure. Soudainement, comme ça. Elle qui n'a jamais pleuré (ou du moins, elle ne se souvient pas l'avoir fait). Elle pleure. Sa solitude, sa peur, l'injustice du sort, sa malédiction, sa famille défunte il y a de ça trop d'années. Elle pleure, en silence – dérisoirement, quand dans sa tête, tout hurle encore. Puis soudain, elle trébuche sur une racine, les yeux cernés de larmes, la vue brouillée, floue, les cils papillonnant en vain. Elle ne parvient qu'à sortir une main de sous la cape. Se rattrape comme elle peut. S'écorche la paume, l'avant-bras. Le genoux aussi, non, les deux. Puis elle reste là, comme une imbécile, comme une faible, comme une lâche. Au sol, à pleurer en silence. « Je suis désolée... » bredouille-t-elle comme une enfant abandonnée. Si d'autres seraient touchés ou auraient pitié, elle se déteste. Elle ne s'est jamais montrée ainsi, pas même seule dans la rue, pas même seule dans les bois ! Alors pourquoi là ? Pourquoi devant un inconnu ? Comme si toutes les épreuves endurées s'étaient révélées tranchantes à une simple odeur. Elle ne se demande même pas pourquoi la cape sent comme ça. Iodunn n'a pas le temps d'y penser, d'y réfléchir, elle a la tête trop remplie de ce trop-plein d'émotions. Elle renifle. Fixe le sol. Sa vision a cessé de trembler. Il lui faut recouvrer des forces. Elle se relève d'un seul coup. Elle a un peu le vertige de ceux qui ont trop pleuré. Elle a surtout la honte qui lui brûle l'échine comme mille coups de fouet. « Vous devriez me laisser. Mes affaires ne sont plus très loin, sûrement. » Elle évite soigneusement de le regarder. Ses yeux doivent avoir rougis, et les larmes ont dû tracer des sillons rosés sur ses joues noircies par la poussière de cette nuit fiévreuse. Puis, elle repense à la cape. Comme ça, soudainement. Dos à lui – brisant décidément tous ses principes – elle la détache et la laisse tomber, sans se retourner, sans bouger non plus, se retrouvant de nouveau nue. Démunie, face au froid, face à ses réminiscences, face aux créatures rôdant qui n'attendent qu'une proie faible. Faible comme elle.



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Wilhem Wolfdregil

Wilhem Wolfdregil

my own savior
Premier Voyage : 02/05/2015
Missives : 305
Pseudo : ☾ windsouth. (alizée)
Occupation : ☾être le chien-chien à une demoiselle qui porte souvent un chaperon rouge, wouf.
Localisation : ☾silverdims à mistyland, là où les loups dominent, wouf.

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MessageSujet: Re: (wilhem) rather death than slavery.   (wilhem) rather death than slavery. EmptyLun 27 Juil - 22:30



☾A misty memory, a haunting face.


who is she ⊰ i monster



who is she ⊰ i monster

Nous avancions, côte à côte, à travers ce bois si mystérieux et redouté. Même si Iodunn se trouvait à côté de moi, je tenais la marche. Je savais que si je marchais plus vite, la jeune femme, si sauvage et intrépide, suivrait sans aucun problème le rythme. Néanmoins, je ne voulais pas accélérer les choses, bien au contraire. Je voulais profiter de ce moment, savourer ces retrouvailles dont Iodunn ignorait en réalité l'existence. En effet, elle ne savait pas qui j'étais réellement à ses yeux. Pour elle, j'étais juste un bien étrange gentilhomme de Mistyland. Mais, à mes yeux, les choses étaient bien différentes. Elle n'était pas juste une petite sauvageonne des bois. Non elle était bien plus. Elle représentait une vie passée que j'avais dû oublier à contre cœur. Etre à ses côtés, ressentir de nouveau son parfum, me ramenait à cette période de ma vie qui aurait dû ne plus exister dans ma mémoire. C'est pourquoi j'avançais doucement, savourant chaque instant, avec une douce nostalgie. Car, je savais que dès que nous arriverions à la lisière du bois, tout se terminerait. La nostalgie, Iodunn, les souvenirs d'une vie de liberté, tout ça, partirait au loin, pour toujours. A l'idée de déjà devoir quitter ma sœur alors que je venais de la retrouver me tordit le cœur. « Que savez-vous de ce que les femmes désirent ? »  demanda-t-elle avec un air provocateur, tout en se plaçant en face de moi. Sa question me permit de sortir de ces sombres pensées. Je me tournai immédiatement vers elle, plongeant mon regard dans le sien.  J'arrêtai presque ma marche, tout en continuant de la regarder avec un sourire amusé. Puis elle se mit à rire, comme pourrait le faire une petite fille, et se replaça à côté de moi. La revoir ainsi, la voir rire aux éclats, me ramenait de nouveau dans ce passé lointain. Au temps où nous n'étions que des louveteaux, et que nous nous taquinions avec innocence. Puis, je repensais à sa remarque. Qu'est-ce que je savais de ce que les femmes désirent ? C'est vrai que mes connaissances sur la question restaient limitées. La seule femme que je côtoyais était Lyra. Et il était difficile, voire impossible, de lire en elle. Néanmoins, ma relation avec ma maîtresse m'avait amené à découvrir certaines choses sur le désir et les femmes. Même si la manière de recevoir cet enseignement restait peu commode. « J'en sais bien plus que vous ne le croyez. » répondis-je avec le même air que Iodunn avait utilisé, tout en la regardant du coin de l’œil, avec un petit rictus amusé. Je me raclai doucement la gorge pour changer de sujet, et je fixais de nouveau droit devant moi, pour continuer notre chemin. Un chemin qui arrivait bientôt à son terme, malheureusement...

Nous continuâmes notre traversé dans un silence presque cérémonieux. Le bois de Chantelune était calme, comme il l'avait toujours été. On aurait même pu dire qu'il était inhabité et mort. Néanmoins, lorsqu'on faisait réellement attention aux choses autour de nous, on pouvait voir le terrier d'un renard par là, ou qu'un cerf était passé par ici il y a très peu de temps, et qu'il avait enlevé les écorces d'un arbre avec ses bois. Tout était une question de détails dans ce monde. On pouvait se fier rapidement aux apparences, mais lorsqu'on prenait son temps d'observer les choses, on pouvait apercevoir les failles et la vérité. Et cette idée me fit réaliser que, malgré le fait que je voulais passer le plus de temps possible en compagnie de la jeune femme à la chevelure de feu, je ne devais pas abuser de ces retrouvailles. En effet, plus je restais en sa compagnie, plus je risquais qu'elle découvre la vérité. La lutte entre le désir de rester et le devoir de la quitter était à son paroxysme à présent... « Wilhem... »  murmura-t-elle en m'imitant. Je souris, diverti par cette situation. Je n'avais pas l'habitude d'entretenir ce genre de relation avec les Humains. Cet échange avec Iodunn me réconciliait un peu avec la race humaine. Mais après tout, elle n'était pas comme les autres Humains. Elle avait été élevée parmi les miens, parmi les loups. « Vous êtes peut-être en train d'aider une meurtrière. » fit-elle avec une certaine nonchalance. Elle avait l'air perdu en me disant cela, malgré le fait qu'elle l'avait dit avec simplicité. Que lui était-elle arrivée  depuis notre séparation ? Je l'ignorais, mais je sentais qu'elle n'avait pas eu une vie facile, elle non plus. « Oui, peut-être, effectivement. » répondis-je également avec un ton neutre. Puis je reportai mon attention sur le chemin en face de moi. Peu importait ce qu'elle était devenue, je n'avais aucun droit de la juger. Oui, Wilhem, comment le pourrais-tu ? Toi qui est soumis à une humaine, toi qui trahis ta propre race !

Quand je vis qu'elle se trouvait ainsi troublée, je m'arrêtai immédiatement devant elle, l'air inquiet. Que se passait-il ? Tout allait bien, quand tout d'un coup, son visage changea d'expression, et n'exprimait que la douleur. « Si. »  lâcha-t-elle, tout en avançant droit devant elle, me contournant sans hésitation. Je la regardais avancer loin de moi, avec une démarchée pressée, comme pourrait le faire un animal en fuite.  « Il faut juste que je.. que je rentre. Vite. »  se précipita-t-elle d'ajouter. Elle continua d'avancer  droit devant elle, plus vite cette fois-ci. « Mais, attend ! » m'écriais-je en la voyant partir de plus en plus loin de moi. J'entendis le cœur de la jeune femme battre à la chamade, je sentis ensuite une odeur salée arriver dans mes narines. Elle pleurait. J'accourrai derrière elle, tentant de la rattraper. Je ne pouvais pas la laisser partir comme ça, dans cet état. Je ne savais pas ce qui lui était arrivé tout d'un coup, mais je savais juste une chose: Je ne pouvais pas la laisser partir ainsi. Lorsque je fus tout proche d'elle, je la vis tomber au sol. Et cette fois-ci c'est une odeur de fer qui inonda mon odorat. Elle saignait. Je me précipitai vers sa direction, et je m'accroupis auprès d'elle. « Je suis désolée... » murmura-t-elle avec une voix brisée. La voir dans un tel état me brisait le cœur. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas ressenti une telle douleur. Depuis la mort de mes parents et la perte de ma liberté, à vrai dire. J'hésitai à poser une main sur son épaule pour la réconforter, et ensuite lui demander ce qu'il se passait mais, j'arrêtai mon geste dans mon élan quand je la vis se relever tout d'un coup, et partir un peu plus loin de moi, tout en me faisant dos. « Vous devriez me laisser. Mes affaires ne sont plus très loin, sûrement. »  dit-elle en évitant soigneusement mon regard, tout en détachant ma cape pour la laisser tomber au sol. Je la regardai s'éloigner lentement de moi, et je n'arrivais pas à émettre le moindre mouvement. Elle s'éloignait encore un peu plus. La voir partir ainsi, s'écarter de moi, me rappelait le jour de notre séparation. Le jour où à travers mes yeux de loup, je regardais la petite fille à la chevelure de feu, cachée derrière un buisson, s'éloigner de moi, pour toujours, pendant qu'on m'emmenait de force, vivre une autre destinée. Je me lançai derrière elle, et j'attrapai son bras.  « Non ! » m'écriais-je en lui tenant le bras avec fermeté, pour la faire s'arrêter. « Je ne t'abandonne pas, pas encore ! » continuais-je, avec une respiration saccadée. J'étais torturé par les souvenirs à mon tour, à tel point que je n'arrivais même plus à réfléchir correctement. Les cicatrices de mon entraînement avec Lyra commencèrent à me brûler, et la douleur m'empêchait de réaliser immédiatement l'énormité que je venais de dire. Quand je repris mon calme, et que je vis Iodunn se tourner vers moi, je lâchai son bras immédiatement. « Je veux dire hum... » bredouillais-je en reculant de quelques pas pour reprendre une distance convenable. « Je ne peux pas vous laisser seule dans ce bois, ça irait  encontre mon code de noblesse. » tentais-je d'expliquer, tout en évitant soigneusement de regarder la jeune femme dans les yeux. Je devais reprendre mon calme, je devais tenter de rattraper les choses, elle ne devait pas savoir la vérité. Non surtout pas... « Laissez-moi vous accompagner jusqu'à vos effets, s'il vous plait. » demandais-je, tout en continuant à éviter de la regarder plus de cinq secondes dans les yeux. Ma tentative pour me rattraper me semblait possible, toutefois la petite voix ne cessait de me murmurer: Te voilà dans de beaux draps, mon pauvre ami.



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