Le bal de Redcastle.

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SCYLLA BLACKWATER & CIE

Se faire embaucher pour faire partie des domestiques prévus pour le bal organisé par le Seigneur de Redcastle fut un jeu d’enfants. Voilà de nombreuses années à présent que Scylla foulait la terre vaine de Vanàrillion, et à force d’enchainer les petits boulots, elle avait acquis une certaine dextérité en la matière. Qui plus est, le château manquait de domestiques, et chaque personne sachant tenir un plateau à peu près correctement et connaissant les règles d’usage dans la haute société fut engagée. Une aubaine pour l’ancienne sirène qui en plus de gagner quelques pièces pourrait se rassasier à sa guise. En effet, pour s’y être perdue à de nombreuses reprises en préparant la grande salle de réception, le château était vaste, et rempli de petites pièces bien sombres. Un endroit parfait, en somme, pour y piéger ses proies. La boisson allait bientôt couler à flot, et au fil de la soirée bien des hommes perdraient leur lucidité pour se complaire dans leurs plus bas instincts. Non, vraiment, Scylla se réjouissait d’une pareille occasion. Tout le monde était en émoi et courrait dans tous les sens. Et une fois que la soirée serait bien entamée, personne ne se soucierait d’un disparu. Du moins jusqu’au petit matin, mais à ce moment précis Scylla serait déjà loin. « Bonsoir Messire, désirez-vous un verre ? » qu’elle susurre au premier invité qu’elle croise. Sourire radieux et petite révérence en prime. Le plateau qu’elle tient et qui est couvert de boissons alcoolisées ne se renverse même pas. L’expérience qui parle. Un regard aux alentours, et Scylla ne remarque rien de particulier. Les invités arrivent, et les domestiques s’activent à leur distribuer des boissons pour qu’ils soient à l’aise.

Spoiler:

C'était sa première sortie, sa première sortie officielle en tant que Dame de Strongbell. Son mari à son bras, elle croisa son regard et y trouva de la force. Elle qui ne parlait que très peu, elle qui ne connaissait rien à la noblesse et aux règles de bon conduite déboulait dans une salle de bal. Elle avait peur mais ne le montrait pas. Rien dans sa tenue, son port de tête ou son regard n'exprimait la peur. C'était une vieille amie qu'elle fréquentait depuis longtemps maintenant, elle ne s’inquiétait pas de la voir à ses côtés aujourd'hui, au contraire même, sa présence venait à la réconforter. Elle savait ainsi qu'elle avançait sur le bon chemin.

Cela faisait quelques minutes qu'elle dansait sur la piste, accompagnée de con nouvel époux et tentant, désespérément de sembler douée. Elle n'avait pas besoin de mots pour le comprendre et plongés dans les yeux de son aimé, elle ne comprit que plus tardivement que le silence se faisait peu à peu et qu'ainsi, des invités de grande marque étaient arrivés. Leurs hôtes plus précisément, elle croisa quelques regards, reconnus quelques visages mais tous semblaient tournés vers ce couple, connus de tous. Elle eu une légère mimique sur le visage, ravie de se trouver dans cette salle, ravie de démarrer une nouvelle vie.
Quelque part, elle croisa le regard d'un homme qu'elle ne connaissait que de nom et de réputation, Philip de Thornvall. Ainsi, si même lui s'était déplacé, c'était sans doute la preuve qu'elle avait eu raison de venir.

La jeune femme était entrain d'échanger quelques mots avec son époux. Doux murmures, personnes d'autres qu'eux ne pouvaient les entendre, ni même comprendre ce qu'ils se disaient, n'utilisant que très peu de phrases et semblant plus se comprendre instinctivement que réellement discuter. Il s'en alla quelques minutes, allant chercher pour eux deux des rafraichissements. Elle se sentait importante en ce jour, différente. Comme si tous les ennuis qu'elle avait eu jusqu'ici s'envolaient. Certes, elle se doutait pertinemment que son nom n'était pas inconnu, pire même qu'ils pouvaient se douter de sa réputation et de sa réelle nature. Bien qu'elle ne soit qu'insultée par le surnom qu'on lui donnait, être la Dame de la Mort avait beaucoup d'avantage dont un non négociable : on lui cherchait rarement les ennuis. Evidemment, se mettre à dos la préférée de la Mort pourrait avoir, eh bien, des conséquences néfastes.

Certes ce n'étaient que de simples rumeurs, des bruits de couloirs et des histoires à faire dormir debout mais loin des regards Rapunzel se réjouissait de cette situation. Sans ce nom, sans cette réputation, jamais elle ne serait arrivée là où elle était aujourd'hui. Elle n'était pas hautaine non, et ne profitait pas vraiment de ce que son mariage aurait pu lui offrir, si ce n'est dévorer tous les livres qu'elle avait sous la main, mais ce n'était en soi pas un problème. Par contre, elle avait du profiter de la culture de son mari, apprendre les royaumes, les histoires, les têtes couronnées et bien évidemment elle s'était alliée à sa cause, soutenant Charming, qui a toujours su protéger son royaume et défendre son peuple. Ainsi, autant dire que Philip et lui n'étaient sans doute pas en meilleur terme et son allégeance pourrait peut être lui poser problème. Néanmoins ce dernier point n'était pas de notoriété publique. Elle n'était pas une femme bavarde et ne répandait pas les bruits de couloirs, préférant la discrétion avant toute chose. Elle ne voulait décemment pas perdre sa place et retourner dans le bas peuple du royaume, elle y avait trop souffert.

Elle ne s'attendait certainement pas à ce que l'empereur en personne vienne lui adresser la parole. Baissant humblement la tête et tirant la révérence, elle espérait ne pas avoir fait de faux pas, n'étant pas encore habituée à devoir se comporter de la sorte. Elle n'était qu'une roturière après tout, anoblie par le mariage, rien de plus. Dame Strongbell, en tant qu'Empereur je suis content de voir des nobles venant du Nord à ce évènement et malgré le refus de mon frère à venir dans le centre. J'espère que les choses vont bien dans votre partie du monde. Je n'ai pas y été depuis plusieurs années et cela très brièvement. Elle esquissa un faible et très léger sourire qui disparut aussi rapidement qu'il arriva. Votre Majesté m'honore de sa présence et je l'en remercie. Elle hocha la tête à son égard. Le Nord se porte à merveille, du moins s'il on peut dire cela ainsi. La contrée revêt ses plus beaux atours en cette saison, mais cela ne fait pas de mal de venir dans une contrée plus chaude pendant un temps. Elle ne savait pas réellement comment se comporter face à une personne d'un tel rang. Sa langue, hésitante, ne prenait que rarement la parole et encore moins en publique. alors la probabilité pour qu'elle parle, à un bal, royal, était des plus faibles. Sa voix, douce, digne d'une caresse n'était pas plus forte qu'un murmure et pourtant Philip sembla l'entendre comme si elle avait parlé plus fort. Mais au plus profond d'elle-même, la litanie macabre qui couvait dans la coeur de la blonde commença à chanter et son asociabilité latente ne tarda pas à remonter à la surface. Luttant de toute ses forces contre l'envie de décamper, elle parvint néanmoins à paraître douce et attentive devant son interlocuteur.